Une Convention de Morne Rouge bis pour l’Autonomie

A la suite de la conférence-débat organisée à la Fête de l’Humanité, le 10 septembre 2022, par les députés du groupe communiste à l’Assemblée nationale sur le thème «La France et ses Outre-mer : colonisation, départementalisation, décentralisation. Et maintenant ?», les différents échanges du Secrétaire national du Parti Communiste Français (PCF), Fabien Roussel avec les partis communistes, les forces anticolonialistes et progressistes en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, un colloque s’est tenu à l’initiative des élus et de la direction du PCF, le mercredi 29 mars 2023, à Colonel Fabien sur le thème «Un droit des Outre-mer au service du développement et de l’égalité républicaine».
Le changement de sémantique dans l’énoncé des deux thèmes précités : «La France et ses Outre-mer…», «Un droit des Outre-mer…», semblait ouvrir une nouvelle approche de la question qui mobilise la réflexion des communistes français.
Ce colloque qui s’est déroulé dans le contexte d’une puissante mobilisation populaire pour le retrait de la loi sur la réforme de la retraite, par le haut niveau des contributions présentées par les personnes ressources, les dirigeants politiques et les élus, a dépassé tous les pronostics que ses organisateurs pouvaient imaginer en prenant cette initiative.
Il n’est pas exagéré de dire que tous les tabous et les miroirs déformants sur les réalités des relations entre la France et les pays dits «Outre-mer», qu’elle domine aux quatre coins du monde, ont volé en éclats. La République française a été mise à nu ; ses grands principes affichés de liberté, égalité, fraternité et ses promesses de prospérité pour tous, ont été reconnus par tous comme mensonges, hypocrisies, volonté d’asservissement.
Après une journée d’échanges, argumentés à partir des réalités des territoires concernés, il fallait se rendre à l’évidence, comme l’a dit Fabien Roussel : «La République n’est pas au rendez-vous de l’histoire dans les Outre-mer». Les représentants, élus et politiques de ces pays qui se sont exprimés tout au long de cette journée à la tribune du colloque, ont répondu à cette affirmation du dirigeant du PCF, en mettant en accusation le système colonial assimilé à la République.
L’histoire invite les peuples des pays dominés par la France à ne pas rechercher des adaptations ou différenciations dans la République, mais à mettre un terme à la colonisation.
La revendication actuelle de ces peuples ne peut donc se réduire à un droit au service du développement et de l’égalité républicaine. Elle est d’abord celle de l’exercice du droit à l’autodétermination et à la souveraineté. Du point de vue des Nations Unies, ce droit ne peut pas être prédéterminé dans aucune Constitution française.
Le grand mérite de ce colloque, c’est qu’il a dégagé des perspectives claires pour un nouvel essor de la lutte de décolonisation véritable de tous les pays encore sous domination française.
Il peut permettre au PCF, en prenant conscience qu’il n’était plus en phase avec les combats et les peuples des «Outre-mer», de renouer avec les principes de la lutte anticolonialiste et du soutien concret aux revendications portées librement par les partis et organisations frères en lutte contre le pouvoir colonial français.
Il a contribué à renforcer la convergence de luttes des partis et organisations qui revendiquent, à l’étape actuelle, un statut d’Autonomie pour leur pays. Pour donner forme et force à cette convergence, la proposition d’organiser une convention de Morne Rouge bis pour l’Autonomie a fait l’unanimité.