37e Conférence annuelle de l’Association d’Etudes Caribéennes

La conférence annuelle de l’Association d’Études Caribéennes (EAC) s’est tenue pour la deuxième fois enGuadeloupe après celle de mai 1988 à Pointe-à-Pitre.

E lle s’est déroulée du 28 juin au 1er juin 2012 au Gosier, sous la présidence de Mme Carolle Charles, professeur de sociologie de l’Université Barush College, d’origine haïtienne, qui a travaillé au Chili sous la prési- dence de Salvador Allende. Le CAGI et le CORECA étaient les correspondants locaux en charge de l’événement en Guadeloupe. Plus importante association de chercheurs caribéens et sur la Caraïbe, l’AEC fondé en 1974, compte 1100 membres répartis dans la Caraïbe, les Etats-Unis, les Amériques Centrales et du Sud, l’Europe et d’autres pays. Sa 37econférence sur le thème :

«Citoyenneté(s) caribéen- ne(s): Droits, participation etappartenance» a réuni 400 participants, chefs d’États, ministres, diplomates, cher- cheurs, universitaires, spécialistes de toutes disciplines des sciences humaines (économie, histoire, politique, environnement, juridique, philosophique, religions, socio-culturels…, pour ne citer que celles-là). S’agissant des thèmes traités, on peut retenir pour la Gua- deloupe

Les Nègres en Politique par Jean-Pierre Sainton,

Gwo Ka et politiquepar Marie-Hélène Laumono,

La représentation de la citoyen - neté dans la société guadeloupéenne par Hélène Migerel. Le panel sur l’ entreprise citoyen- ne en Guadeloupe, animé par le Professeur Fred Réno de l’Université Antilles-Guyane (UAG) et Président du CAGI, a été l’occasion d’échanges entre représentants du patronat et du mouvement social. Au cours du panel

«Corporate citizenship III: Pratiques de RSE en Outre-Mer Français» animé par le Maître de Conférence de gestion à l’UAG Fabienne Alvarez, Madame Marie-Christine Touchelay de l’Université Paris 13 a communiqué sur

«La responsabilité sociale de l’en - treprise en Guadeloupe, d’une expression galvaudée à une politique managériale effective: l’histoire d’une très lente maturation».

Elle montre le rôle joué par les usiniers pour entraver le dévelop - pement de la citoyenneté en Guadeloupe avec l’appui de l’ad - ministration depuis la loi de Départementalisation de 1946 et en opposition celui joué par le mouvement syndical de l’époque, et le Parti Communiste Guadeloupéen, notamment par les articles de Siméon Pioche dans l’hebdomadaire l’Étincelle intitu- lés Les bilans truqués et les sans visages pour arracher les droits en faveur des travailleurs. Elle fait la démonstration que ce rapport de force se perpétue de nos jours entre des branches pro - fessionnel tels le BTP et d’autres et en face d’elles le mouvement social dans des affrontement de classes qui se traduisent par des «hoquets de contestations socia- les» à la recherche de solutions politiques historiques. Sophie Brudey, jeune doctorante guadeloupéenne a communiqué sur le thème:

«Quelle est la place de la Guadeloupe dans la poli - tique d’intégration caribéenne? Exemple de l’écopolitique».

Entre droit français et européen d’une part et droit et appartenance cari - béenne d’autre part, quelles sont les possibilités laissées à la Guadeloupe de s’intégrer dans sa zone naturelle ? Le panel traitant de l’«Adhésion de la Guadeloupe et de la Martinique aux organisations régionales de la Caraïbe» a vu les interventions de: - Fred Constant, Ambassadeur pour la coopération nommé par le précédent gouvernement français. - Jessica Byron, Professeur à l’Université Mona des West- Indies à la Jamaïque, expert des questions relevant de l’intégration caribéenne. - Rubben Meade,

Chief Minister de Montserrat. - James Robert, Député. Le langage diplomatique de mise dans ces échanges entre responsa- bles de pays voisins en terre gua- deloupéenne sous dépendance française et européenne, et un diplomate d’origine antillaise parlant au nom du gouvernement français, n’a pu masquer l’anachronisme de la situation. Les analogies historiques s’agissant de notre environnement qui militent pour une intégration et une coopération naturelles et efficaces se trouvant barrées par la main-mise de la France et de l’Europe sur notre pays enfermé dans un «contrat» inéquitable. Á la question posée en aparté s’a - gissant de cette situation, il m’a été répondu «diplomatique - ment» que son évolution dépend des «politiques».

QUID DE NOS «POLITIQUES» ?...

Lors d’une intéressante conféren - ce donnée par la jeune docteur Puerto-Ricaine Yarimar Bonilla sur le mouvement social de 2009 en Guadeloupe, le représentant du LKP a af firmé la nature poli - tique du mouvement. Une impression demeure, celle que nos voisins de la Caraïbe, bien informés de nos situations attendent que nous soyons à leur côté en tant que nous même et non comme supplétifs de la France et del’Europe. Des soirées, des conférences, des sorties ont accompagné la manifestation. La prochaine conférence se tien - dra l’an prochain à Grenade sous l’égide du nouveau président élu, le Professeur de l’Université desW est-Indies de T rinidad-and- Tobago Godfrey ST. Bernard sur le thème

«Caribbean spaces and Institutions: Contesting para- digms of «Development» in the 21stCentury»

Espérons que le maximum de Guadeloupéens s’y rendront, et contrairement à cette fois-ci nos «responsables politiques». Pour de plus amples informations, on peut consulter le site de l’Associationd’Études Caribéennes : www.caribbeans-tudiesassociation.org