ELECTIONS EN POLYNÉSIE : Quelles leçons tirer de la marche en avant du peuple polynésien ?

Deux ans après la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française a basculé dimanche 07 mai 2023 dans le giron des partisans d’une séparation avec la France, à l’issue du second tour des élections territoriales, c’est l’autre front indépendantiste que redoutait le pouvoir colonial français qui a remporté les élections.

L’archipel du Pacifique a chan-gé de camp, au moment où, en raison des positions fermes du camp indépendantiste, les discussions sur le statut de la Nouvelle-Calédonie reprennent difficilement.
La victoire des «bleus» du Parti indépendantiste (Tavini) d’Oscar Temaru au second tour des élections territoriales de la Polynésie française, avec 44,29% des voix, selon les résultats provisoires publiés par le Haut-Commissariat, n’est pas de nature à réjouir le pouvoir colonial français, qui vante sa stratégie de «puissance stabilisatrice» en Indopacifique.
C’est un succès historique pour le Parti Tavini qui remporte 38 des 57 sièges de l’Assemblée Territoriale.
La participation, traditionnellement forte pour ce type de scrutin, est en augmentation par rapport à 2018, puisqu’elle a atteint 69,4%. Un résultat qui ouvre une période décisive pour l’archipel, qui attend un réel changement, notamment dans sa relation avec la France.
UNE MOBILISATION INÉDITE DES QUARTIERS POPULAIRES
L’enjeu de ces élections territoriales en Polynésie, est sans doute le plus important depuis quarante ans : après un long règne de Gaston Flosse et de son héritier Édouard Fritch, tout autant réactionnaire un vent nouveau souffle sur la politique locale.
Si Oscar Temaru a été cinq fois président de la Polynésie à la fin des années 2000, ses mandats ont été courts et dans un contexte de forte instabilité politique. Depuis, le scrutin a été réformé.
Pour Tematai Le Gayic, député de la première circonscription de la Poly-nésie au-delà du clivage traditionnel que la droite a agité comme un épouvantail, le résultat s’est joué ailleurs, dans la «forte mobilisation des quartiers populaires, sur des questions de rapport au capitalisme, d’inégalités, de défense des biens communs». Selon lui, l’enjeu « est d’abord social, avec plus de 60% de personnes en dessous du seuil de pauvreté».
Pourtant, le clivage structurant reste celui de l’indépendance contre le statu quo, décolonisation face au maintien au sein de la République française. On pourrait alors voir à son tour la Polynésie, elle aussi inscrite sur la liste des territoires à décoloniser par l’ONU s’engager plus en avant sur cette voie.
VERS UN RÉFÉRENDUM
SUR L''INDÉPENDANCE
DE LA COLLECTIVITÉ ?
Cette nette victoire place le camp indépendantiste en position de force face à l’État français, pour négocier un référendum d’autodétermination. Dans une résolution de 2013, l’ONU a affirmé «le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance».
Lors de la proclamation des résultats, Oscar Temaru, le leader de la liste indépendantiste Tavini, a réaffirmé sa volonté d’aller au bout du processus d’indépendance : «C’est la seule voie si on veut éradiquer la pauvreté qui ronge notre pays», a-t-il indiqué.
Le député indépendantiste Moetai Brotherson, candidat à la présidence du territoire, a tempéré pendant toute la campagne la ligne dure prêtée à son Parti.
«Honnêtement, on ne peut pas envisager un référendum avant dix ou quinze ans, mais tout va dépendre des discussions avec l’État», a-t-il déclaré, en écartant l''idée d''une indépendance rapide de la collectivité. «La priorité c’est bâtir ce pays avec tous ceux qui l''aiment», a ajouté Brotherson.
Le peuple polynésien a ainsi donc tranché majoritairement sur la gouvernance future qu’il souhaite pour son pays. La vérité qu’il faut admettre, c’est qu’aucune colonie ne pourra se développer tant qu’elle sera enfermée dans le système de domination coloniale, tant politique qu’économique qui sert les intérêts d’une minorité.
Pour notre part en Guadeloupe, où se pose plus que jamais la question de décolonisation, il est plus qu’urgent de s’accorder sur un Projet commun, conçu avec le peuple, pour ouvrir une telle perspective.
C’est une question éminemment politique qui engage chaque Guade-loupéen, et pour la résolution duquel milite depuis toujours le Parti Communiste Guadeloupéen.