La stratégie du LKP dévoilée

A l’invitation du LKP, plus d’une centaine de personnes ont participé à un «bokantag a pawol» le vendredi 12 mai au centre Sonis à Pointe-à-Pitre, sur les questions de l’évolution institutionnelle et statutaire.

Le nombre de participants montre que le mouvement LKP reste encore présent dans l’esprit de nombreux compatriotes qui s’interrogent de plus en plus sur l’avenir du pays.
Mais, que reste-t-il réellement du LKP aujourd’hui ? On sait vraiment peu de chose. Constitué en janvier 2009, après les mobilisations qui ont réuni en décembre 2008 plusieurs milliers de personnes à Pointe-à-Pitre et à Basse-Terre, par une cinquantaine d’organisations syndicales, politiques, culturelles, écologiques, des associations d’usagers des services publics, ce mouvement original a paralysé le pays pendant quarante-quatre jours. Il s’est terminé par la signature d’un protocole d’accord le 4 mars 2009, reprenant l’essentiel de la plateforme du Collectif.
Le succès de cette mobilisation et les méthodes utilisées par le Collectif on fait le tour du monde. Mais depuis, le LKP est sorti du paysage social et politique guadeloupéen et n’a aucune activité propre identifiée. Voilà pourquoi la conférence annoncée par le LKP avec Elie Domota, le porte-parole médiatique du mouvement de 2009, comme intervenant a intéressé les compatriotes.
Cette conférence était instructive et a permis, après tant d’années de flou, de découvrir le LKP dans ses nouveaux habits. Il est clair que le LKP est aujourd’hui un mouvement politique qui lutte pour l’indépendance nationale de la Guadeloupe dans une perspective anticapitaliste. Voilà, qui a le mérite d’être clair et qui affiche le ferment qui a gan- gréné le LKP de 2009.
Dans son exposé, Elie Domota, prend fortement appui sur le processus historique qui se déroule en Guadeloupe, depuis le début de la colonisation pour dérouler sa thèse qui, à n’en pas douter, est la ligne politique du LKP actuel.
Il argumente à partir de ces postulats :
- Depuis l’occupation de la Guade-loupe, les colonisateurs français nous ont toujours imposés ou octroyés des évolutions qui répondent à leurs intérêts.
- L’élection n’est pas une revendication pour laquelle les Guade-loupéens se sont battus. Le taux de 80% d’abstention est la preuve que le peuple ne croit pas que leurs problèmes seront résolus avec les élections.
- Les propositions d’évolutions institutionnelles et statutaires relèvent d’une stratégie de la France pour se conformer à la charte européenne de l’autonomie. Mais toute évolution dans le cadre de la République française, c’est le statu quo, le colonialisme.
- La seule solution, c’est l’accession à l’indépendance et à la pleine souveraineté.
- Pour parvenir à la libération, il faut inscrire la Guadeloupe sur la liste des pays à décoloniser à l’ONU et obtenir le droit à l’autodétermination.
Elie Domota a pris le soin de préciser, qu’il ne s’agit pas de vérité révélée, mais de point de vue, d’ébauche d’analyse pour ouvrir le débat. Nous prenons acte, car nous relevons dans son discours des raccourcis historiques, des contre-vérités politiques, des erreurs d’analyse qui méritent nécessairement d’être corrigés pour éclairer la lutte de notre peuple.
Nous acceptons ce débat et nous apporterons sur chacun des points qui forment l’ossature de la stratégie du LKP, notre vision, notre analyse et exposerons nos propositions.