Abolition arrachée ou octroyée (suite et fin)

LES TROUBLES DE 1802
À SAINT-DOMINGUE
Apprenant que Richepance arrive à la Guadeloupe pour rétablir l’esclavage, les masses paysannes se soulèvent à Saint-Domingue. Malgré les assauts de Leclerc, la révolte des noirs ne sera pas contenue. Rochambeau, qui remplace Leclerc mort en décembre 1802, demande officiellement le rétablissement de l’esclavage le 14 janvier 1802. Il entreprend alors l’extermination radicale des mulâtres, qui sont beaucoup plus nombreux que les blancs sur l’île.
Dès mars 1803, tout le sud de l’île est en état d’insurrection, et Rochambeau se heurtera bientôt à l’armée de Dessalines qui a réuni noirs et mulâtres, et rend coup pour coup. Le peuple noir entier résiste avec un courage spectaculaire aux supplices qui sont infligés : tout le pays est incendié. C’est la marche vers l’indépendance de l’île, qui devient Haïti en 1804. A partir de cette date, les esclaves fugitifs ou les nouveaux affranchis cherchent souvent à rejoindre cette terre de liberté.
Pendant ce temps en Guadeloupe, Richepance désarme les bataillons noirs et c’est la révolte menée par Delgrès, qui mourra héroïquement dans la redoute sur l’habitation d’Anglemont à Matouba Saint-Claude où il s’immolera avec ses frères d’armes. Les noirs sont remis en esclavage.
L’ABOLITIONNISME
L’évolution de la pensée en Europe à cette époque sensibilise les populations aux conditions de vie des peuples qui souffrent. On a vu les mesures réformistes proposées par le Gouvernement à partir de 1830. Ces propositions, évoluant vers l’idée d’une émancipation générale des esclaves, ont été encouragées par l’action de tous ceux qui en France, ont à coeur de voir disparaître l’esclavage. On ne doit pas ignorer, dans ce domaine, le rôle joué par les hommes de «couleur» libres vivant en France, où ils créent plusieurs associations, clubs de réflexion et des revues (revue des colonies, fondée en 1834 par Bissette). Les idées circulent en France et aux colonies.
LA SOCIÉTÉ ESCLAVAGISTE
EN CRISE
Le 4 avril 1845, le comte de Beu-gnot et le comte de Montalembert n’hésitent pas à redire la honte que constitue cette persistance de l’esclavage dans les colonies françaises. Finalement, on se préoccupe de l’aspect légal de la liberté des noirs et c’est la loi Mackau de 1845. Dorénavant, le travail des esclaves est réglementé. En-dehors des heures considérées comme dues, le travail payé : le décret du 18 novembre 1845 fixe le minimum qui sera versé à l’esclave.
Après l’abolition de la traite des noirs et de l’esclavage, le problème du manque de bras se pose à nouveau en raison de la relance de la production sucrière, et dans une certaine mesure, de l’exode d’une partie des anciens esclaves noirs vers les villes ou les terres vierges. On va donc faire appel à une main-d’oeuvre extérieure.
Entre 1852 et 1884, on introduit à la Guadeloupe et à la Martinique un peu moins de cent mille travailleurs engagés par contrat, originaires de l’Inde, mais aussi dans une faible proportion, de Chine et d’Afrique noire.
A leur arrivé, ces immigrants étaient confiés à des propriétaires d’habitations et soumis à leur bon vouloir en dépit de l’existence d’une législation qui leur garantissait, en théorie un certain nombre de droits.
Nous avons donc, affaire ici à des formes modernes de traite et d’esclavage. L’engagé ne s’appartient plus, il appartient à l’habitation et comme les serfs de la glèbe, il passe, lorsqu’elle est vendue aux mains du nouveau propriétaire avec les têtes de bétail et les instruments aratoires.
(Extraits du dictionnaire encyclopédique Désormeaux)