Non à l’épandage aérien !

Lettre en date du 21juin du LKP adressée à M.Stéphane Le Foll,Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire concernant la nouvelle consultation publique en cours en Guadeloupe dans l'objectif d'accorder une nouvelle déro- gation aux pollueurs pour poursuivre l'épandage aérien de pesticides dans les plantations de bananes.

Monsieur le Ministre,

La consultation publique sur la demande de dérogation des planteurs de bananes vient de s'achever. Seulement, deux dossiers à la disposition du public pour tout l'archipelguadeloupéen. C'est à croire que tout aurait été mis en œuvre pour éviter que le citoyen ne se prononce sur ce sujet. Dans quelques jours, il vous reviendra de prendre la décision d'accorder ou pas cette nouvelle autorisation. Le lobby bananier soutient qu'il intervient dans le strict respect des lois de la République française et des directives européennes.

Alors, sous couvert de la bonne application des textes, autorisation serait accordée pour poursuivre l'empoisonnement de notre terre : de nos êtres, de nos vies.

Nous le savons, vous le savez, l'homologation d'un produit n'est en aucun cas une preuve de non dangerosité pour la santé humaine. Le Mediator , les pro - thèses PIP et singulièrement le chlordécone sont là pour nous rappeler que l'autorisation de mise sur le marché n'est pas un gage de sécurité. Aussi, durant des décennies, la Guadeloupe et les Guadeloupéens ont été empoisonnés par le chlordécone, un produit homologué et bénéficiant de toutes les autori - sations de mise sur le marché. T out comme pour le chlordéco- ne, l'emploi des fongicides et des pesticides génère des risques sérieux, voire mortels pour la population. Une fois répandus, les produits toxiques se retrouvent dans le 801, où ils polluent la nappe phréatique, dans les cours d'eau et ensuite sur et dans les aliments, pour un temps indéfini.

Un nouveau parasite, le Mycophaphaella eumasa plus agressive que la cercosporiose noire est en train de s'abattre sur les bananeraies d'Asie et de l'Océan Indien. Quand il arrivera en Guadeloupe que déversera-ton sur nos têtes ?

Une des critiques, les plus sévè- res à l'encontre du modèle économique imposé par les gros planteurs à la Guadeloupe, a été formulée dans le dernier rapport de la Cour des Comptes.

Cette institution dénonce, en 2011, les aides exorbitantes per - çues par les planteurs des départements d'Outre-Mer. Elle montre qua le choix a été fait de favoriser la banane (53% du total des aides) alors que son poids dans la production agricole n'est que de 14,5%.

Rapporté aux surfaces concer - nées en Guadeloupe et Martinique (8.667 hectares), le montant des aides à l'hectare s'élève à plus de 300.000 euros pour 20 hectares.

Et pourtant, cette politique n'a pas empêché la disparition des emplois dans les plantations de bananes ; moins 47% en Guadeloupe en 2000 et 2007.

La Cour des Comptes signale aussi que les choix effectués, en faveur des cultur es d'exporta- tion, ont supprimé la possibilité d'encourager financièrement lespr oductions diversifiées.

Ses conclusions sont sans appel : "Tant dans leur conception que leurs effets, les aides à l'agriculture des départements d'Outremer ne sont pas parvenues à favoriser une activité compatible avec les critères de développement durable, dans ses dimen - sions économiques, sociales et écologiques. Exposées à une forte concurrence, avec la dispa- rition progressive des protections douanières, les cultures destinées à l'exportation ont été l'objet de regroupements de producteurs et d'une diminution du nombre d'ouvriers agricoles.

Les aides pour les maintenir ont plus servi à préserver le chiffre d'affaires que l'emploi".

Il est plus que temps de repen- ser notr e modèle de développe - ment agricole pour produire et nourrir les Guadeloupéens en quantité, en qualité et préser - ver notre santé et notre envir onnement.

François Hollande a construit sa campagne autour du slogan : «LE CHANGEMENT , C'EST MAIN - TENANT». Alors, ne faudrait-il pas rompre définitivement avec vos prédécesseurs qui ont sacri - fié les habitants de Guadeloupe sur l'autel du pr ofit ?

Recevez, Monsieur le Ministre, nos considérations les meilleures.

Copie à : Mme Nicole Bricq - Ministre de l’Ecologie; M.Victorin Lurel (Ministre des Outremers); M. Amaury de Saint-Quentin (Préfet de Région); aux élus et aux parlemen- taires de Guadeloupe