Une réforme du collège passée en force !

Les décisions surprenantes de l'Etat, sans aucune discussion avec ceux qui sont les premiers concernés, s'appellent «un coup de force», dans une«démocr atie» occidentale . Dans un pays à régime socialiste, les mêmes victimes d'une telle démarche la qualifieraient de dictature étatique. Le décr et por tant sur la réforme du collège a été publié le mercredi 20 maia u matin, pa r le gouvernement, en moins de 24 heures après la mobilisation des enseigna nts en Fr a nce . Evidemment, les syndicats dénoncent un passa ge en for ce pa r v oie de décret. En France, la journée de g rève a rassemblé 27% du cor ps enseigna nt au collège selon le ministère et 50% selon lesor g a nisateur s. En Guadeloupe, la mobilisation était très faible, facea ux vér ita b les enjeux. Pour mieux appréhender le sujet, nous avons contacté M. Marie-Emile Mirval, Secréta ire Général du SPEG (Syndicat des Personnels de l'Education enGuadel oupe).

Nouvelles-Etincelles : Quelle a été votre réaction après avoir pris connaissance du contenu du décret ?

Marie-Emile Mirval : Actuellement, il y a beaucoup de discussions, beaucoup de débats, mais nous devons bien dissocier deux choses : la réforme du collège et la réforme des programmes scolair es

. Pour le moment, on parle de ce que sera le collège mais non de ce que l'on va donner aux élèves comme enseignements. Pour nous, cette réforme est plus un débat politique que pédagogique. C'est la raison pour laquelle, le SPEG, dans ce premier volet du débat ne trouvait pas sa place en tant qu'or ganisation syndicale. La lutte que mène le SPEG, c'est pour un enseignement qui tient compte de la nécessité et des besoins des élèves. Dans cette affaire, le gouvernement est passé en for ce pour montrer que c'est lui le maîtr e. S'agissant de l'esprit de la réforme, je ne dirai pas qu'il est de mauvaise intention. Certes, il se fonde à partir d'une mauvaise analyse. L'école pensée comme elle est aujourd'hui, reproduit des inégalités sociales. Cela fait des dizaines d'années que nous le disons. Le gouvernement a fait le même constat que nous. Mais maintenant quel remède va-t-il porter ? On nous dit que nous faisons des élites des classes européennes et que tout le monde doit bénéficier des mêmes enseignements et des mêmes avantages. En même temps c'est 3 heur es d'Anglais dispensées en 5e, 4e et 3e soit 9 heur es. Mais ils n'ont rien fait de plus car c'est la même quantité d'heures qui sera dispensée pour plus d'élèves. Donc le gouver nement n'a rien dépensé en plus. Il y a toute une politique de l'éducation à r evoir. Le débat de fond est toujours escamoté. Nous le dénonçons et le r egr ettons.