EPANDAGE AÉRIEN :L’Etat des pwofitan empoisonne les Guadeloupéens

Malgré l'interdiction euro- péenne des épandages aériens de pesticides,le Préfet de Guadeloupe a pris un arrêté dérogatoire autorisant l'épan- dage aérien des pesticides sur la culture de la banane,contre l'avis de nombreux Guadeloupéens,d'associa- tions et autres organisations.

L' épandage aérien des pes- ticides est interdit en France par l'arrêté du 31 mai 2011 qui découle de la loi Grenelle 2, car cette technique présente des risques importants pour la santé et pour l'environ- nement. Une circulaire du ministère de l'agriculture en date du 5 mars a introduit de nombreuses exceptions à une interdiction pourtant claire. Ce texte donne aux pouvoirs publics départementaux la possi - bilité de délivrer des dérogations pour toute une série de fongici- des, herbicides, insecticides destinés à traiter le riz, le maïs, la vigne et les bananiers. D'un côté la loi prouve que l'épandage aérien de pesticides est nocif pour la santé de l'homme, des animaux et sur leur environnement, de l'autre, l'Etat, garant de la loi, attribue des dérogations à quelques individus pour répandre ces mêmes produit nocifs par voie aérienne au prétexte qu'il n'y aurait de moyens techniques de traitement au sol. On remarque que sur la ques- tion de «l'utilisation» des pesticides interdits et de santé publique, l'Etat français a fait, et continue encore aujourd'hui, à faire de la Guadeloupe un département dérogeant aux lois en la matière. Dans un communiqué de presse en date du 13 juillet 2012, le préfet tente de justifier la dérogation qui est accordée au groupement des produc - teurs de banane, LPG. De la consultation publique qu'il a organisée le préfet ne retient qu'une forte inquiétude des Guadeloupéens des ef fets des pesticides sur la santé et l'envi- ronnement, et pour les riverains, principalement une crainte liée à la dérive de l'épandage au-delà des zones autorisées. Les actions diverses entamées par les associa - tions et organisations contre l'é- pandage restent lettre morte puisque ne rentrant pas dans son organisation de consultation. Le catalogue des mesures exposées indique la volonté délibérée de l'Etat comme pour le chlordécone de donner entière satisfaction aux pwofitan. Cette dérogation qui est accor - dée tant en Guadeloupe qu'en Martinique pour l'épandage aérien dans les bananiers prouve bien que le gouvernement actuel a fait le choix de la finance au dépend de l'environnement et de la santé des Guadeloupéens. Beaucoup de Guadeloupéens ont voté pour François Hollande, car ils espèrent un réel changement. Cette question de l'épandage aérien montre bien la volonté de poursuivre la politique coloniale en Guadeloupe. La loi du pays dominant, la France, aussi bonne soit elle sur son territoire pour répondre aux préoccupations de ses citoyens ne peut être appliquée en l'état dans la colonie car elle est contraire aux intérêts des grandes masses des Guadeloupéens. Nous sommes en Guadeloupe dans une parodie de justice et de gouvernance, où l'on présente la loi et la contre loi, où l'Etat se dédit, crée lui-même des situa- tions hors la loi par décret, par circulaires ministérielles. Face à cette situation que l'on peut qualifier de crime humanitaire nous réagissons de façon parcellaire sur les problèmes sans considérer que tout cela ne forme qu'un tout. Que c'est le résultat de la politique globale perpétrée en Guadeloupe par l'Etat français et ses complices et que nous avons qualifié en 2009 de «pwofitasyon». C'est une politique qui est au service d'une caste, les pwofitan, ceux qui détiennent l'économie de l'import-export avec pour seul objectif se remplir les poches au détriment de la santé desGuadeloupéens. Ces pwofitan ont exigé hier du gouvernement français de fer - mer les yeux sur l'empoisonne- ment au chlordécone, de faire payer par les Guadeloupéens une taxe sur les produits sucrés qui rendent obèses, aujourd'hui de déroger à la loi sur l'épandage aérien des pesticides pour nous empoisonner. Encore une fois, nous constatons le silence lamentable de nomb- reux élus qui ont oublié leur véritable mission, celle que leur a confié le peuple au travers du vote, le représenter, le défendre face à tous les pouvoirs. Chacun de son côté, avec ses convictions et ses capacités, cherche à mobiliser les Guadelou-péens. Nouvelles Etincelles a apporté l'info dès le début. Tout cela ne suffit pas pour faire reculer le pou - voir politique et financier. L'épandage aérien comme toute autre question ne peut trouver de solutions que dans la lutte globale et unitaire. En poursuivant la politique de la droite, le nouveau gouvernement risque de briser l'espoir que certains avait mis en lui. A quand une grande manifesta- tion des Guadeloupéens rassemblés sous les bananeraies au moment des pulvérisations pour défendre leur droit à la santé et à la vie dans un environnement préservé des pesticides reconnus par les autorités scientifiques comme nocives ?

Le 14 juillet 2012, le préfet de Guadeloupe, représentant de l'Etat français a encore accordé une autorisation aux empoisonneurs pour continuer l'épandage aérien de pesticides en Guadeloupe. Extraits…

LA PRÉFECTURE DE LA RÉGION GUADELOUPE COMMUNIQUE

Le groupement de producteurs de bananes LPG a déposé le 30 Mars dernier une demande de dérogation à l'interdiction de traitement aérien pour la lutte contre les cercosporioses de la banane pour une période d'un an. (…

Le traitement aérien des bananeraies pour la lutte contre les cercosporioses ne peut pas être arrêté brutalement : en effet, la Guadeloupe, jusque-là seul territoire caribéen encore exempt de cercosporiose noire dont les effets ravageurs sont considérables, est désormais atteinte par ce pathogène. La cercosporiose jaune, largement répandue et présente depuis longtemps en Guadeloupe, doit continuer à être maîtrisée elle aussi. Le recours au traitement anti-fongique par voie exclusivement terrestre ne peut se réaliser aujourd'hui : les engins mécaniques à bras télescopiques ne sont encore que des prototypes, mais leur développement industriel est dorénavant à portée.

C'est la raison pour laquelle une dérogation d'épandage aérienne pour une durée de 6 mois a été accordée ce jour au groupement des producteurs de bananes. Cette autorisation fait cependant l'objet de mesures de contrôle renforcées et permanentes dont le non respect entraînera la suspension immédiate de l'arrêté (…)

COMMUNIQUE DU LKP en date du 14 juillet 2012A PROPOS DE LA NOUVELLE AUTORISA TION DE TUER ACCORDEE AUX EMPOISONNEURS

Malgré tous les avis défavorables, malgré la mobilisation de plu- sieurs centaines de Guadeloupéens, malgré la prise de position des associations de défense de l'environnement, notamment, c'est avec le plus grand mépris que le représentant de l'Etat colonial français vient de décider de poursuivre l'empoisonnement desGuadeloupéens.

C'est une décision criminelle prise avec le silence complice des élus et parlementaires de Guadeloupe, singulièrement le ministre des Outre mers.

Le changement, c'est maintenant n'était qu'une mascarade. La consultation publique n'était qu'un leurre, une escroquerie. Là voilà, leur démocratie.

Encore une fois, la santé de de la logique coloniale en faveur d'une minorité de pwofitan.

DORENAVANT LES TRAVAILLEURS ET LE PEUPLE DE GUADELOUPE SE TROUVENT EN LEGITIME DEFENSE ET SE DONNERONT LES MOYENS DE SE DEFENDRE