Les socialistes aux abonnés absents

L e spectacle assourdissant que don- nent les hommes politiques en char- ge des affaires de notre pays suscite beaucoup de scepticisme, voir du découragement de la part de nos compatriotes. Après plusieurs décennies de gouvernan- ce de la droite aux commandes des affai- res en France et ses conséquences désastreuses pour la Guadeloupe, va-t-on vers des lendemains qui déchantent, trois mois après l'arrivée des socialistes au pouvoir ? La gravité de la situation et l'urgence des réponses à apporter aux problèmes vont, à ne pas douter, faire tâche d'huile dans le pays dans pas longtemps. Tous les arcanes du pouvoir en Guadeloupe sont détenus par les socialistes. Ils contrôlent les deux Assemblées avec une confortable majorité, ils disposent de trois sénateurs au Palais du Luxembourg, quatre députés au Palais- Bourbon, un député européen siégeant à Bruxelles et, pour couronner le tout, un Ministre bien de chez nous en charge desaf faires dites des Outre-Mers. Le constat est affligeant de voir que la parole poli- tique est absente, le projet politique inexistant et aucune ambition af firmée. Il existe une véritable atonie de la part de ces mêmes élus et responsables politiques auxquels le peuple a confié les destinées du pays. En aucune manière, le peuple ne peut s'accommoder pendant longtemps encore d'unetelle situation. Le retour de bâton peut-être grave pour ces hommes au pouvoir. «L'essentiel n'est pas tant d'avoir le pouvoir , mais avoir le pouvoir pour quelle politique». D'aucun me rétorquera qu'après trois mois de prise de fonction, il faut laisser le temps au temps. Phrase ô combien anecdotique qui fut prononcée par François Mitterrand, jadis Président de la République. Nos amis socialistes se doivent de se rappeler également que, face à l'urgence, il faut bousculer les procédures. Cela était valable hier, il peut l'être aujour- d'hui. La crise qui affecte la Guadeloupe est suffisamment grave pour placer cha- cun face à ses responsabilités, ici et main- tenant. Tous n'ont qu'un seul refrain à la bouche : «Les trente propositions de François Hollande pour les Outre-Mers». Mais, dans le secret de leur conscience, tous les élus socialistes et socialisants qui ont reçu la confiance du peuple savent que cette crise, qui est à la fois économique, sociale, politique et morale, est irréversible dans le cadre de l'assimilation de notre pays au système législatif, admi - nistratif, financier , fiscal, économique et politique de la France et de l'Europe. Quelle société accepterait, sans broncher, un tel niveau de chômage, tant de tués sur nos routes, tant de meurtres gratuits, tant d'agressions entre jeunes, un tel degré d'incivilité dans les écoles et ailleurs, une telle misère sociale qu'attestent le nombre d'allocataires du RSA, et tous ceux en attente d'un logement décent ? A cela, il faut ajouter , les problèmes récur - rents, liés aux manques d'eau, à la mau- vaise organisation du transport des voya- geurs, au traitement des déchets ménagers etc. Un vrai projet de société est à construire pour le pays. Le pouvoir socialiste en France et tous ses affidés en Guadeloupe, se doivent d'anticiper pour éviter l'irréparable. Cependant, la majorité du peuple guadeloupéen doit accéder à la compréhension qu'il n'y a aucun avenir possible dans le maintien de la Guadeloupe dans le système du droit commun français et dans le régime institutionnel et statutaire actuel. Naguère, Lucette Michaux-Chevry, égérie de la droite, après avoir occupé tous les postes de pouvoir, en Guadeloupe comme en France, en était convaincue de la nécessité d'un changement politique profond en Guadeloupe. Cela a donné naissance à la «Déclaration de Basse-T erre». Le silence et l'atonie des socialistes ne peu- vent se justifier aujourd'hui, sinon l'histoi - re retiendra qu'ils n'ont été qu'un médio - cre jouet au carnaval des autres.