Prix des carburants en Guadeloupe : Une question de choix et de volonté politique

L a décision du gouverne- ment deprocéder à une baisse maximale de 6 cts/l du prix de l'essence pour les automobilistes français nous fournit l'occasion de revenir sur la question cruciale des carburants en Guadeloupe. En l'absence d'un service public de transports des personnes, qui assure et garantit une organisa- tion efficace et fiable des transports collectifs, les Guadeloupéens sont contraints, pour leurs déplacements, d'utiliser leurs véhicules personnels. De fait, le prix des carburants décidé par le gouvernement est un prix politique, destiné à garantir un maximum de profit aux multinationales, actionnaires de la SARA.Cette décision constitue un véritable racket légal des automobilistes guadeloupéens. Dans la situation actuelle de dépendance énergétique de la Guadeloupe, les carburants ne sont pas une marchandise comme une autre, mais un produit straté - gique, indispensable au développement économique et aux besoins énergétiques du pays. Il convient dès lors, d'admettre que la gestion des carburants ne peut êt re laissée aux mains d'entreprises privées dont la logique de profit est incompatible avec l'intérêt général. Ce modèle de gestion relève de la sacrosainte loi du marché qui n'est qu'un marché de dupes pour les usagers guadeloupéens. La filière carburants est organisée sur la base du monopole détenu par la SARA, monopole d'achat, monopole de transport, monopole de stockage. L'approvisionnement en carbu- rants s'opère de la manière suivante : La SARA, propriété des trois actionnaires, Total 50%, Rubis-Vito, 35,50%, Exxon - Esso 14,50% achète par le biais des services de ngoce de ses actionnaires du pétrole brut et surtout des produits raf finés qui lui sont facturés par la société de négoce. Le transport de ces produits est réalisé par un seul opérateur pour le compte des actionnaires de la SARA qui détient aussi le monop ole du stockage, tant en Guadeloupe, qu'en Martinique et en Guyane. Ce sont ces produits stockés que la SARArevend à ses actionnaires grossistes \Total, Rubis et Exxon\ ainsi qu'à trois grossistes indépendants, WIPCO, CAP et GPC, et qui sont distribués dans les stations services aux enseignes de ses actionnaires et des autres dis tributeurs. C'est sur la base des seuls éléments fournis par la SARA dont l'actionnaire majoritaire est le groupe TOTAL, que le Préfet, représentant de l'Etat, actionnai - re de TOTAL, détermine mensuellement, par arrêté, le prix maximum des carburants et du gaz en Guadeloupe. A vec des prix hors taxes en Guadeloupe, très largement supé- rieurs à ceux de la France, le gouvernement socialiste a largement la possibilité d'étendre, à minima en Guadeloupe, la baisse, même limitée du prix des carburants en France. En a-t-il la volonté et le courage politique ? Rien n'est moins sûr. Une chose est de dénoncer l'opacité de la détermination des prix, et les marges exorbitantes de la SARA et de ses actionnaires, autre chose est de mettre en place une autre organisation de la filière carbu- rants qui mette un terme définitif au racket et à la pwofitasyon que les Guadeloupéens subis - sent depuis des décennies, de la part de la SARA. La problématique des carburants est une question éminemment politique, qui renvoie à un positionnement idéologique et à une vision stratégique du développe- ment économique. La situation d'aujourd'hui conforte l'analyse et les propositions que le Parti Communiste a exposé dans un communiqué de son secrétariat exécutif du 5 décem-bre 2008 et qui est plus que jamais d'actualité : - la création d'un service public d'approvisionnement et de distri - bution des carburants et produits pétroliers gérés par une entreprise publique, en remplacement de la SARA garantissant latransparen- ce, la qualité et l'accès à un carburant au meilleur coût. L'affirmation que seule une gestion publique, hors des exigences du profit et de la rentabilité capitaliste, peut assurer un juste prix des produits pétroliers et garantir, l'intérêt général, l'efficacité sociale et économique. Dans la conjoncture mondiale de renchérissement du coût des énergies, l'accord de coopération PETROCARIBE, dans le cadre de l'ALBA, est une opportunité pour la Guadeloupe aux côtés des 18 pays de la Caraïbe qui y participent, de bénéficier de carbu - rants à un prix et à des condi- tions préférentiels. Il nous faut, pour cela, lever l'obstacle que constitue notre statut de département français, en obtenant un statut de large autonomie qui nous permette de nous inscrire, pour notre pro - pre compte et au bénéfice de tous les Guadeloupéens, dans la coopération Caraïbe.