Projet de loi de Victorin Lurel Les patrons se réjouissent… La pwofitasyon sera sauve

L a problématique de la vie chère et de la baisse des prix est au cœur d'une importante visite ministérielle, con- duite par Victorin Lurel, Ministre en char- ge des «Outres-Mers» au sein du gouver- nement de Jean-Marc Ayrault. En terme de rentrée politique, si on en croit le battage médiatique, Victorin Lurel a fait fort. Son service de communication n'a pas raté le coche. Il faut reconnaître que c'est une démarche très louable, face à un problème bien réel dans le vécu de tous les Guadeloupéens, surtout en ce début d'année scolaire. Pour comprendre le bien fondé de ce projet de loi et éviter toute désillusion, il faut avoir une bonne grille de lecture et disposer d'un minimum d'éléments et de repères. Nous héritons d'une économie de comp- toir qui, pour l'essentiel, est basée sur l'import distribution aujourd'hui. La balance commerciale de la Guadeloupe est en net déséquilibre par rapport aux importations qui sont supérieurs à 90%. Depuis la loi instituant la départementalisation, la Guadeloupe est devenue une colonie de consommation de la France et de l'Europe que les nombreux transferts sociaux contribuent à entretenir, non sans créer une plus-value qui repart vers la France ou d'autres pays. Le chômage est massif, l'in- flation galopante, la production inexistante, la délinquance et les déviances n'ar - rêtent pas de se développer, l'injustice et la pwofitasyon formant la règle. Belle équation que de vouloir s'attaquer aux monopoles, à la vie chère et aux inégalités des prix dans les dernières colonies de la France et, plus singulièrement, en Guadeloupe ! Tout brillant homme poli- tique qu'il est, le Ministre Victorin Lurel se place, ipso-facto, pour résoudre cette équation, devant la quadrature du cercle. Cette épineuse question, faut-il le rappeler, liée également à la hausse vertigineuse du prix des carburants, a été le déclencheur du vaste mouvement social qui a vu le jour en janvier 2009 dans le pays. On ne peut lutter contre la vie chère, les monopoles et autres formes d'exclusivi- tés si on ne s'attaque pas à la base même du système capitaliste tel qu'il est appliqué ici, en Guadeloupe. Il en est tout autant des mécanismes de la pwofita- syon qui sont les fondements de la politique économique pratiquée. La preuve la plus flagrante se trouve dans les réactions et commentaires des chefs d'entreprises et du monde des affaires, à l'issue de leur rencontre avec le Ministre. Tous rivalisaient en satisfecits par rapport au projet de loi de ce dernier, eu égard aux arguments et explications de texte qu'il a bien voulu dévoiler . Avec la rentrée politique du gouvernement, le premier ministre a cru bon de rappeler à certains ministres qu'au sein de son équipe, c'est le «centralis - me démocratique» qui prévaut. Tout le monde doit se ranger par rapport à la politique générale du gouvernement. Il ne doit y avoir qu'une seule voix, une seule tonalité, une seule ligne conforme à la feuille de route dictée à chacun. A propos de ce projet de loi Victorin Lurel, l'expérience nous invite à être très sceptiques quant à sa portée véritable. Les lobbys ayant leur entrée à L'Elysée, ils sauront faire pression sur le Sénat et L'Assemblée Nationale, par des amendements ou autres contre propositions de loi, pour vider ce texte de toutes ses bonnes intentions. La logique capitaliste ne transigeant sur rien, la Guadeloupe restant une colonie de consommation de la France, les intérêts de la France étant en contradiction avec les intérêts de la Guadeloupe, au résultat des courses,V ictorin Lurel ne fera qu'appliquer la poli - tique de la France et de l'Europe en Guadeloupe. Les Guadeloupéens ne pourront même pas compter sur leurs repré - sentants à l'Assemblée Nationale et au Sénat pour infléchir cette politique, dans l'intérêt du peuple guadeloupéen.