POUR L'INDIVISION DES TERRES EN GUADELOUPE

Nous vivons aujourd'hui, dans notre pays, un problème très sensible lié à la terre. Celle-ci est achetée puis vendue au plus offrant à un rythme effréné, depuis la prolifération des agences immobilières venant de France. Il n'y a pas de coins de notre pays, même les plus reculés, où ne fleurit maintenant une enseigne publicitaire d'agence.

Beaucoup de voix se sont élevées et s'élèvent encore pour appeler les Guadeloupéens à sortir de l'indivi - sion, à régler la succession des parents défunts. Il était mis en avant les avantages pour les héritiers mais aussi pour les collectivités et l'Etat. Ce partage des biens et surtout des ter- res permettait des relations meilleu- res et apaisées entre héritiers, autorisant ainsi l'obtention d'un titre de propriété, sésame nécessaire pour la délivrance d'un permis de construire et ouvrant la possibilité d'obtenir un prêt auprès de la banque. Cette sortie de l'indivision était aussi une manne pour l'Etat et les collectivités, au regard des impôts sur les succes- sions, les impôts fonciers et autres.

Aujourd'hui, nous nous interrogeons sur cette sortie de l'indivision, laquelle, si elle satisfait les individus, induit des conséquences négatives préjudiciables au pays. C'est, en ef fet, l'explosion des demandes de déclassement de terrains pour les rendre constructibles, deman- des auxquelles très souvent les collecti- vités accèdent. C'est la fulgurante avancée du mitage du territoire.

Les agences immobilières françaises sont venues porter le coup de grâce. «Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal», elles ont fondu sur la Guadeloupe, achetant et vendant maisons et terrains à des prix toujours plus importants. Dans ces conditions, la Guadeloup e est vendue, au profit de gens fortunés qui ne sont pas Guadeloupéens. Nous avons l'exemple d'un terrain familial en zone rurale, à Fouché Sainte-Anne, dont le prix du m2, fixé par le notaire était 30 euros et une fois partagé et confié pour la vente à une agence a atteint 90 euros le m2.

Dans un petit pays comme le nôtre, subissant les affres du système capitalis- te et colonialiste français, pour conserver les terres laissées par les défunts, nous pensons que l'indivision est une parade, en attendant, bien sûr , que nous prenions en main nos affaires et décidions de la politique foncière de notre pays, la Guadeloupe.