L'Iran sera-t-il bombardé par Israël dans l'indifférence générale ?

Indocile, gros producteur de pétrole, occupant une position stratégique déterminante sur la route d'ache - minement de cette matière pre- mière, ce pays n'a pas le profil souhaité par les maîtres de la mondialisation capitaliste.” “De gré ou de force, il doit se soumettre, s'agenouiller, ne pas contrecarrer plus longtemps, les visées impérialistes des féodalités financières dans cette région, et dont Israël surprotégé, suréquipé en est le fer de lance, le bras armé, le gendarme attitré”.(1 Voilà ce que nous disions à propos du traitement média- tique réservé à l'Iran par l'occident, inventeur du dogme fumeux baptisé : “infaillibilité démocratique”, couverture commode pour commettre tous les crimes de guerre pos - sibles, et être assuré d'échap- per aux sanctions prévues. Par un long processus de déni- grement quotidien, de calomnies, de mensonges en tous gen - res, de campagnes de presse infâ- mes, l'Occident a pu “construire” dans l'opinion publique interna - tionale, une image de l'Iran dés - astreuse, a su présenter ce pays dans l'imaginaire des citoyens, comme un “ennemi” hyper-dangereux pour la survie d'Israël, et dont il faudra se débarrasser à la première occasion. C'est la théorie et la pratique de la “construction de “l'en - nemi” à abattre, dont l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Côte d'Ivoire, en ont été les toutes récentes victimes. L'exemple de l'Irak est patent ! Présenté par Colin Powell comme disposant “d'armes de destruction massive”, ce pays, en dépit de la position courageuse de la France sur ce dossier , dénonçant cette présentation de Powell comme une annonce injustifiée devant servir de prétexte pour agresser un pays sou v erain, et refusant de s'y associer , en dépit du veto des Nations Unies, l'Irak a été envahi, bom- bardé, occupé jusqu'à mainte- nant par les Américains. On sait que Colin Powell avait menti ! Ni lui, ni son patron George Bush, ne furent traduits devant la Cour Pénale Internationale. Bachar El Assad ne bénéficiera certaine - ment pas de la même mansuétu- de. Deux poids, deux mesures !

CAMPAGNES MÉDIATIQUES DE LAVAGE DE CERVEAU

Les plus petits détails, les plus anodins en apparence, sémantiques quelquefois, sont utilisés pour mener à bien les campagnes de lavage de cerveau, violentes ou insidieuses, peu importe ! Gilad Shalid, soldat israélien, n'était pas un prisonnier de guerre, mais un otage entre les mains d'affreux terroristes palestiniens ! “L'ennemi étant construit”, à partir du moment que l'on esti - me la charge de haine, de rejet, de répulsion, que la peur des bar- bares est suffisamment forte dans l'opinion, il n'y a plus de problèmes ! Le lavage de cerveau a fait son travail, on peut passer aux actes. L'opinion ainsi manipulée, conditionnée, est prête à accepter tous les crimes qui vont être commis en son nom, au nom de la démocratie ! Ce matraquage médiatique quotidien, n'a pas heureuse - ment empoisonné, anesthésié toutes les consciences. Des voix, encore peu nombreuses certes, commencent tout de même à se faire entendre. Günter Grass, prix Nobel de litté- rature, écrivain allemand de premier plan, rompt comme il dit, “le silence complice.” Dans un texte adressé à la nation allemande, et bien au-delà, texte titré “Ce qui doit être dit” (2, Günter Grass déclare : “Le silence général sur cet état de fait, silence auquel s'est soumis mon propre silence, pèse sur moi comme un mensonge. Je ne me tais plus, parce que je suis las de l'hypocrisie de l'occident.” Le journal allemand Der Spiegel de son côté, dénonce la fabrication et la livraison par l'Allemagne à Israël, de sous-marins équipés de missi- les de croisière, disposant d'ogives nucléaires. (3 La rédaction du journal “LeGrand Soir”, dans une pétition rendue publique le dimanche 19 août 2012, appelle les pilotes des Forces aériennes israéliennes à refuser de bombarder l'Iran. “Nous ne connaissons pas vos noms, vos familles, votre situation, vos points de vue, ou vos opinions. Mais nous savons une chose, en ce moment, notre destin, notre propre avenir est pour une bonne part entre vos mains... Vous avez l'option de dire “non” au bombardement de l'Iran. En prononçant ce simple petit mot “non”, vous rend - rez un service important et vital à l'Etat d'Israël et à tous ceux qui vivent ici”, peut-on lire dans cette pétition. Ainsi donc, Israël, armé, équipé, encouragé, soutenu par l'Allemagne et l'occident, est prêt à plonger l'humanité dans un nouveau chaos en bombar- dant l'Iran.

ABSENCE TOTALE DE SCRUPULES

Ces prises de position, ces dénon- ciations sont totalement ignorées ! Les médias chargés du lavage de cerveau, se comportent comme si tout le monde partageait leurs points de vue, déclinés à longueur d'émissions de télévi - sion et de radio par des intellectuels bourgeois, payés pour assommer les peuples avec des flots de mensonges, et de “fausses certitudes.” Le principe du “contradictoire” est systématiquement ignoré ! Il faut partout, et tout le temps, entendre la même musique. Druides, DJ, “petits soldats du journalisme”, faux experts sont mobilisés, chargés de la dif fuser ou de disparaître des plateaux... Pascal Boniface (4, auteur d'un livre intitulé : “Les intellectuels faussaires”, sous-titré : “Le triomphe médiatique des experts en mensonges” a étudié de très près cette faune interlope et servile. Voilà ce qu'il en dit : “Je suis estomaqué par tous ces intellectuels et experts qui n'ont pas de scrupules à employer des arguments de mauvaise foi, à énoncer des contrevérités, afin d'emporter l'adhésion. Leur culot, leur absence totale de scrupules, semblent être illimités et constituent un atout.” “Etre sans vergogne n'est pas sans avantage et semble sansrisque.” “Ils considèrent que le grand public n'est pas assez mûr pour faire la part des choses, et qu'il convient de le guider, fut-ce par des méthodes peuscrupuleuses.” “Déjà lors de la guerre froide, au nom de la démocratie et de la lutte contre le communis- me, les occidentaux ont soutenu Pinochet et Mobutu, et même, un temps, le système de l'apartheid.” L'acharnement médiatique cont- re le Venezuela, Cuba, la Bolivie, l'Equateur, l'Iran, la Syrie, le communisme, continue de faire rage, avec comme maîtres de cérémonie, les “experts en mensonges” dénoncés par Pascal Boniface. L'erreur serait de leur laisser la voie libre.

\11\NE n475 du 14/0602012 (2 NE n468 du 26/04/2012 (3 NE n475 du 14/0602012 \14\Directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques et enseignant à l'Institut d'Etudes européennes de l'Université de Paris VIII