Le changement ? Le Pouvoir politique guadeloupéen !

«-1Face au monde qui change,il vaut mieux penser le changement que changer de pansement» disait Francis Blanche, auteur et humoriste français. Victorin Lurel, Ministre des Outre- Mers, comme ses prédécesseurs, en charge des dernières colonies françai- ses, a pondu une loi qui va être signée de son patronyme. La loi Lurel contre la vie chère en Outre-Mer. Son adop- tion, largement assurée par le Sénat, permettra, «une intervention sur les marchés de gros, le contrôle de la chaîne logistique, la lutte contre les exclusivités abusives, la régulation de la grande distribution». Parallèlement à l'adoption de cette loi, le Ministre présentait son premier budget du quinquennat pour l'Outre-Mer en le qualifiant comme étant, «le premier bud - get du changement». Tout un symbole ! Cette loi a eu la particularité d'être pré - sentée et votée dans un temps record par le Sénat. Urgence ! Oui ! Il y a urgence de lutter contre la vie chère, les monopoles, les exclusivités et la pwofitasyon en Guadeloupe et dans les autres pays dits del'Outre-Mer . Sans faire du catastrophisme, ni de la redondance, ce n'est pas peu de dire que la situation économique de ces pays va de mal en pis. Elle est la résultan- te d'une politique coloniale liée à l'im- port-distribution qui trouve sa légitimité dans le volume des transferts sociaux déversés, repartant tout aussi rapidement enrichir ceux qui entretiennent, pour les besoins de la cause, la politique de colonie de distribution qui est dévolue à la Guadeloupe et à ces pays. Plus qu'une loi sur la vie chère, il faut initier un véritable changement de politique en direction de ces territoires. Au regard de l'article L. 140-2 du Code de commerce et des dispositions relatives à son application, l'opportunité de l'existence de la loi Lurel est contestée d'ores et déjà. L'article en question, dans sa rédac - tion, prévoit : dans les secteurs ou les zones où la concurrence par les prix est limitée en raison de situation de monopo - le ou de difficultés durables d'approvisionnement, soit des dispositions législati - ves ou réglementaires, un décret en Conseil d'Etat peut réglementer les prix après consultation de l'Autorité de laConcurrence. En outre, l'article précise que le gouvernement arrête par décret en Conseil d'Etat, contre des baisses ou des hausses excessi- ves de prix, des mesures temporaires moti- vées par une situation de crise, des cir- constances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé. Le décret est pris après consul- tation du Conseil National de la Consommation et il précise que sa durée de validité ne peut dépasser six mois. Plutôt fin politicien que visionnaire, Victorin Lurel qui a eu à faire face à la fronde du LKP, lors du vaste mouvement social de 2009, sait pertinemment que le règlement de cette problématique relève d'une question éminemment politique. Une loi à elle seule ne peut porter de changement véritable au système de pwofitasyon découlant du colonialisme et du capitalisme si les causes réelles liées à cette domination politique et économique ne sont pas enrayées. Ainsi, son appartenance à la communauté guade- loupéenne ne suf fit pas au Ministre des colonies des Outres-Mers, Victorin Lurel, pour combattre ce système. Et, pour rejoindre Francis Blanche, ne vaudrait-il pas mieux penser le changement ? Ne vaudrait-il pas mieux s'attacher à conscientiser notre peuple pour l'emmener à décrypter les concepts de citoyenneté et de nationalité ? Ne vaudrait-il pas mieux œuvrer, sans dés- emparer, à l'avènement d'une Guadeloupe en toute responsabilité, prête à assumer totalement son des - tin, dès lors qu'elle jugera le moment venu ? Alors, il faut tendre, en urgen - ce et résolument, vers un pouvoir politique guadeloupéen. Oui, un pouvoir politique guadeloupéen qui jetterait les bases d'une société gua - deloupéenne autonome, permettant à la Guadeloupe d'occuper sa place pleine et entière dans le concert des nations.