Étude de l'INSERM : Le chlordécone sur la sellette

D ans un article publié dans la revue Environnemental Research, des chercheurs de l'INSERM basés à Rennes et à Pointe-à-Pitre ont cherché à savoir si l'expo - sition au chlordécone \(tou- jours présent dans les sols et, par extension, dans une partie de l'alimentation) avait un impact sur le développement cognitif, visuel et moteur des nourrissons. Ils ont suivi 1042 femmes pendant et après leur grossesse ainsi que 153 nourrissons à l'âge de 7 mois.

Les résultats de l'étude, sans être catastrophiques, confirment un impact négatif du chlordécone sur les populations suivies. L'exposition prénatale (via le cordon) et post-natal (via le lait maternel\fets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons. Les chercheurs soulignent que si les conclusions ne traduisent pas de troubles graves, elles doivent être rapprochées à des troubles de mémoire et des tremblements observés chez des adultes exposés professionnelle - ment au chlordécone.

Les chercheurs s'interrogent sur la possibilité que ces trou - bles puissent être prédictifs de troubles permanents à l'âge adulte. Pour Sylvaine Cordier et Luc Multinger, «seul le suivi des enfants, au cours des années à venir , permettra de répondre à ces interrogations». Les enfants seront de nouveau suivis à l'âge de 7 ans.

Vingt ans après l'interdiction du chlordécone en Guadeloupe, le pesticide continu d'empoisonner la vie des Guadeloupéens. Au regard des conclusions de cette étude, on peut s'interroger sur la pertinence de l'appel voulu par Victorin Lurel concernant l'épan- dage aérien. Il déclarait récemment «Je n'ai pas le visage, ni l'âme d'un empoisonneur». Nul doute qu'en son temps, le ministre de l'agriculture Jean-Pierre Soisson, qui avait autorisé l'usage du chlordécone, disait la même chose.