Marie-Emile Mirval : “en France le taux d'illettrisme représente 10% des 16-65 ans, en Guadeloupe c'est 25% de cette tranche d'âge qui est concernée”

Le Parti Communiste,par le biais de son organe d'expression,les Nouvelles Étincelles, continuera à apporter sa contribution pour faire avancer ce débat,nécessaire et salutaire pour l'avenir de la jeunesse de Guadeloupe. Refonder l'École en Guadeloupe ? Il y a urgence, oui ! Encore faut-il entendre tous les partenaires du système et,singulièrement,ceux qui, quotidiennement, sont confrontés aux difficultés du terrain. Nouvelles-Etincelles a rencontré Marie-Emile Mirval du SPEG et de Guy-Luc Belrose,secrétaire départe- mental de la FSU .

Nouvelles-Etincelles : Plus d'un mois aprs la rentrée scolaire, quel bilan tir ez-vous ?
Marie-Emile Mirval : Une ren- trée scolaire sous le triple signe de la poursuite de la démolition, de la refondation de l'École et des assises de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. C'est ainsi qu'il faut qualifier la rentrée scolaire et universitaire 2012. En effet, tous les observa- teurs se sont concentrés sur les annonces du tout nouveau ministre de l'éducation. Et des annonces on en a eu ! Dès son entrée en fonction, afin de bien marquer l'alternance politique, V. Peillon ne s'est pas retenu pour commencer à appliquer le programme électoral du candi- dat désormais élu. Le seul petit souci, c'est que dans l'empresse- ment, il apporte déjà ses solu- tions à des problèmes qui selon son calendrier devraient faire parti de la vaste consultation engagée dans le but de refonder l'école. Dans ces conditions, comment croire en une réelle volonté de prendre en compte les propositions des organisa- tions syndicales et les autres partenaires de l'éducation. Soit, après tout, cela faisait si longtemps que plus personne ne nous demandait notre avis et ne tenait compte de nos analyses. Pour autant, il ne faut pas non plus se faire trop d'illusions nous restons convaincu que les politiques passent mais les problè - mes de l'éducation en Guadeloupe demeurent. La raison c'est que les moyens alloués ne sont pas en adéqua - tion avec notre réalité et ce à tous les niveaux: du primaire à l'université. L'université, parlons- en. La crise actuelle que traverse l'UAG témoigne aussi de cette même inadéquation quand on connat les difficultés liées à son éclatement sur les trois pôles Guadeloupe, Martinique et Guyane. Les assises de l'ensei- gnement supérieur les 03 et 04 octobre ont été l'occasion pour le SPEG de réaffirmer son atta- chement à une seule université rassemblant ces trois territoires. L'occasion aussi de faire des propositions réalistes tant sur la recherche, la formation et sur la gouvernance qui si elles étaient adoptées permettraient de solu- tionner bon nombre de problè- mes dus à un manque de per- spectives d'avenir et une absence d'ancrage dans ces territoires. En conclusion, le combat conti- nue face à la démolition de l'é - cole par des ajustements de ren- trées au primaire et la multiplica - tion de BMP et de postes à complément de service au secondai - re qui sont le fruit de l'acharnement de l'administration recto - rale à appliquer les politiques sarkozistes en matière d'éducation. La vigilance est toujours de rigueur face aux réformes qui s'annoncent dans l'éducation nationale et dans l'enseigne- ment supérieur et la recherche.

NET : Dans le débat sur la refon- te de l'école voulu par le nou- veau ministre, quelles étaient vos attentes, quel bilan faites- vous des quatre confrences du 18 septembr e ?
M-E. M : Le SPEG reconnaît l'utili- té pour la Guadeloupe, de la vaste concertation sur la refonda- tion de l'école menée sous l'égide des ministères de l'éducation nationale et de la réussite éduca - tive. Notre organisation syndicale salue cette initiative et a participé activement à tous les ateliers. Nous avons Syndicat des Person- nels Enseignants en Guadeloupe orienté notre contribution vers l'école en Guadeloupe. En effet, depuis des décennies, des propor - tions de plus en plus grandes d'é - lèves et de familles de toutes ori- gines, et singulièrement de milieux défavorisés présents dans notre Académie, ne ces - sent de subir les conséquences d'une inadaptation, manifes- tement structurelle, du systè- me éducatif, aux réalités h isto - riques, culturelles, sociales et géo- graphiques de la Guadeloupe. L'échec du système éducatif qui nous est imposé dans notre Académie est patent au regard des indicateurs officiels de per- formance. En effet en 2011, seuls : 34% des élèves ont des acquis très solides en français (43% en France ont des acquis très solides en maths (38% en France qui est plus inquiétant, c'est la proportion d'élèves en grande difficulté : 16% ont des acquis insuffisants en français \7% en France\,22% en maths \10% en France\ de ces élèves en grande diffi- culté : alors qu'en France le taux d'illettrisme représente 10% des 16-65 ans, en Guadeloupe c'est 25% de cette tranche d'âge qui est concer- née, selon l'enquête Informa- tion et Vie Quotidienne IVQ réalisée par l'INSEE en 2009. Même si nous ne nous faisons pas trop d'illusions, cette concer- tation nous a paru être l'occa - sion d'aborder sérieusement les questions qui sont systémati - quement écartées du débat académique, et qui sont, de notre point de vue et de celui de nom - bre de spécialistes reconnus des sciences de l'éducation, à la base même de l'échec du système é34ducatif en Guadeloupe. Nous avons souhaité faire prendre conscience de la nature et des causes profondes de ces échecs et proposer des voies et moyens innovants à mettre en œuvre, pour améliorer sen- siblement la situation. Nos propositions sont dictées par l'intérêt que nous portons à notre jeunesse en souffrance et par la dégradation de la situa - tion économique et sociale de la Guadeloupe. Nous restons déterminés à poursuivre notre action pour l'instauration d'un véritable dialogue, pour que des solutions efficaces et pérennes soient mises en œuvre et qu'en- fin s'engage un vrai change - ment au profit des élèves et de l'École en Guadeloupe.

NET : Quelles seraient les chan - gements prioritair es pour une relle refonte de l'école en Guadeloupe ?
M-E. M : Le SPEG a fait de très nombreuses propositions sus - ceptibles d'améliorer sensible- ment la situation. Nous prépa- rons une publication complè- te à ce suje t et vous serez évi - demment parmi les premiers destinataires.