La France s'enfonce dans une crise sociale majeure

QUID DE LA GUADELOUPE ?

Constamment affectée par un épouvantable coefficient colonial, la situation économique et sociale de la Guadeloupe est au bas mot, au moins quatre fois plus inquiétante, plus dramatique que celle de la France. Le taux des 10% de chômage enregistré dans ce pays, est insupportable pour ses habi- tants, et annonciateur d'un cataclysme d'une violence extrême, aux conséquences désastreuses pour les Français.

Avec un taux de chômage qui se situe entre 36 et 40%, les consé - quences sont tout simplement démentielles pour la colonie de Guadeloupe : chômage endé- mique récurrent, vie chère, augmentation exponentielle de la misère, de la pauvreté, de la vio - lence, et de bien d'autres maux, influençant directement sur la santé mentale, psychologique, physique de la population guadeloupéenne qui, de guer- re lasse, sans espoir, sans perspective, se réfugie, contrain - te et forcée, dans la débrouillardise, l'assistanat,la démobilisation, la résignation, les excès de violence gratuite. Un peuple qui semble donner l'impression de ne plus avoir confiance en ses possibilités, de ne plus croire en ses racinesancestrales.

Jamais, la situation de “parfaite colonie de consommation” de la Guadeloupe n'avait été aussi évidente ! Notre pays est devenu un merveilleux paradis, un excellent marché de débouchés pour les produits manufacturés, agri - coles et autres, en provenance de France, d'Europe et d'ailleurs. L'acte d'hyper-consommation ou de consommation tout court doit être absolument accompli. Ne produisant plus rien, n'expor - tant plus rien, la Guadeloupe ne répond plus à la deuxième obli- gation que lui impose sa situa - tion de colonie, à savoir : être une économie de production complémentaire, non concurren - te de l'économie de la métropole. La mondialisation, les délocalisations, la surexploitation des matières premières et de la production à “prix cassé” du tiersmonde, des pays émergents, des ACP (1 couronner le tout, l'augmenta - tion drastique des taxes fonciè- res nous a été offerte comme cadeau de bienvenue en terresocial-démocrate.

S'il n'y a pas un sursaut, un réveil de la conscience du peuple gua- deloupéen, une profonde réflexion sur son devenir , sur l'a - venir de ses enfants, nous n'au- rons bientôt que nos yeux pourpleurer , s'il nous reste encore quelques dernières larmes. Quand la maison française est en flammes, sur le point de se consumer, ce n'est pas à ce moment-là que le maître de céans colonial s'occupera de l'é - curie guadeloupéenne. Il ne l'a jamais fait par temps calme.

C'est pour éviter un tel drame que les “Forces Patriotiques Anticapitalistes Anticolonialis- tes” \FPAC\ cette situation et responsables devant le peuple, se sont regroupées afin d'offrir aux Guadeloupéens des possibilités de discussion, de réflexion, de résistance, de lutte, pour combattre le colonialisme français et ses désastreusesconséquences.

Les petits et gros “jacots” de Hollande n'emboucheront pas tous la même trompette pour oser nous dire, tenter de nous persuader, que tout va aller mieux dans la colonie, au moment où les Français euxmêmes, confrontés à d'inextrica - bles difficultés, envisagent l'ave- nir avec effroi.

Mais l'imprégnation coloniale est si forte, la servitude intellec - tuelle si bien établie chez ces gens-là, le désir de paraître, de faire semblant de représenter quelque chose est tellement à fleur de peau, que l'on peut s'at - tendre à tout..

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Le cas de la France vu par Laurent Mauduit

Tous les indicateurs disponibles l'attestent : la France est en train de s'enfoncer dans une crise sociale majeure. Mois après mois, les statistiques du chômage en portent témoignage. Une étude récente de l'Insee sur l'envolée de la pauvreté est venue récemment confirmer cette tendance. Et voici qu'une nouvelle prévision complète ce tableau sinistre : le pouvoir d'achat des Français va accuser en 2012 et 2013 une baisse spectaculaire sans précédent dans l'histoire économique récente du pays, de l'ordre de -1,2% au cours de chacune de ces deux années. Ce qui soulève d'innombrables questions sur la pertinence de la politique d'austérité actuelle- ment suivie par le gouverne- ment socialiste.

Déjà au début de l'été, dans sa traditionnelle note de conjoncture, l'Institut national de la sta - tistique et des études économiques (Insee tocsin en donnant des prévisions alarmistes sur l'évolution probable du pouvoir d'achat. L'INSEE, dont les prévisions ne dépassent jamais l'horizon du semestre suivant, relevait ainsi une tendance majeure : le pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages devrait baisser de 0,6% sur l'ensemble de l'année 2012, après des hausses modestes de + 0,9% en 2010 et + 0,5% en 2011. Ce chif fre de - 0,6% était déjà considérable.

Encore faut-il bien mesurer que cet indicateur du pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages, le plus fréquem- ment utilisé dans les débats économiques, est trompeur car il n'est pas corrigé par les évolu - tions démographiques. Pour donner un indicateur qui se rapproche plus du “ressenti” des Français, l'Insee calcule un autreindicateur , hors évolutions démographiques, celui du pouvoir d'achat par unité de consommation. Et dans ce cas,l'ef fondrement annoncé en juin par l'Insee était encore plus spectaculaire. Le pouvoir d'a- chat par unité de consomma- tion devrait s'effondrer de moins 1,2% en 2012, après moins 0,1% en 2011, et plus 0,2% en 2010. Cette baisse de moins 1,2% est sans précédent depuis 1984.

DÉBAT SUR LA PERTINENCE DU CAP ÉCONOMIQUE

Cette conjoncture sociale, Mediapart en avait récemment dessiné les contours. selon une étude récente de l'Insee sur les niveaux de vie, s'appuyant sur les dernières données disponibles, celles de 2010, il apparaît ainsi que le revenu médian des Français a été seulement de 1 610 euros par mois. ce seul chiff- re donne la mesure des souffrances sociales du pays puisque un Français sur deux a un niveau de vie inférieur à ce seuil, qui est très faible. A titre d'indication, le Smic mensuel net est de 1 118 euros depuis début juillet.

Le niveau de vie des Français a donc baissé en 2010. Après avoir progressé de + 1,7% par an en moyenne entre 2004 et 2008, ce niveau de vie a seulement augmenté de + 0,4% en 2009, puis a baissé de moins 0,5% l'année suivante, en euros constants. Sous les effets de la crise et de la politique économique conduite par Nicolas Sarkozy à l'époque, les Français ont connu des dif fi- cultés croissantes de pouvoir d'achat. Et l'Insee prend bien soin de préciser - la tendance est nouvelle - que toutes les catégo - ries de Français ont été concer- nées par une baisse ou une stagnation, à l'exception notable des plus riches. “A contre-courant du reste de la population, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 5% de personnes les plus aisées repart à la hausse (plus de 1,3% en euros cons - tants”
5 MILLIONS DE DEMANDEURS D'EMPLOIS

De 7,8 millions de pauvres en 2008, on est passé à presque 8,2 millions en 2009 et plus de 8,6 millions en 2010. Depuis que la crise a commencé, le nombre de pauvres augmente bon an mal an de près de 400 000. Ce qui fait naturellement froid dans le dos. Or, comme la crise depuis s'est encore creusée, il coule de source, là encore, que ces gravissimes évolutions ont dû se poursuivre en 2011 et 2012. Dans l'hypothèse basse d'une augmentation de 400 000 du nombre des pauvres par an, on pourrait donc atteindre 9,4 millions de pauvres fin 2012. CQFD ! La France se rapproche de la barre fatidique des 10 millions de pauvres.

Et si c'est le cas, c'est d'abord parce que le nombre des demandeurs d'emplois lui- même s'envole. Au-delà de ce que le gouvernement admet lui-même ! Le plus souvent, ce dernier ne communique en effet que sur la catégorie la plus restreinte des deman- deurs d'emplois, ceux de la catégorie A, qui sont en recherche d'emplois et n'ont aucune activité. Soit, désor- mais, 3 millions de personnes. Mais si l'on agrège toutes les catégories, le tableau est beaucoup plus sombre : le nombre de demandeurs d'emplois a, depuis l'été, franchi la barre des 5 millions.

Un pouvoir d'achat qui s'ef fond- re, un chômage qui s'envole, une pauvreté qui se répand dans tout le pays : c'est bel et bien une crise sociale historique que traverse le pays.

A la lecture de toutes ces sta- tistiques, plus déprimantes les unes que les autres, on ne peut donc s'empêcher de poser la question : la politique économique du gouverne - ment socialiste est-elle la bonne ? A-t-elle été calibrée pour réduire des fractures sociales de plus en plus béantes ? A quelques petites mesu - res près, comme la revalorisation de la rentrée scolaire, il est difficile de le prétendre. On peut même craindre le contraire : la politique budgé- taire d'austérité, avec la politique salariale restrictive qui en découle, risque à l'inverse de creuser un peu plus la réces - sion. Et d'accroître la crise sociale qui mine ce pays...

Laurent Mauduit Source Mediapart.fr