L e CIPN boycottera l'arrivée de François Hollande

Le CIPN a organisé une rencontre avec la presse le lundi 13 avril au Centre Culturel Rémy Nainsouta pour expliquer les raisons qui le pousse à boycotter l'inauguration du Mémorial ACTe.

Il faut savoir qu'en amont, le CIPN, présidé par Mme Jacqueline Jacqueray a adressé aux médias locaux et extérieurs une lettreouverte où il interpelle directement le Président français, M. François Hollande sur son attitude fasse à la question du droit à réparation. En effet, à l'invitation de son camarade et ami, Victorin Lurel, Président du Conseil Régional, le Président français compte venir participer à l'inauguration du Mémorial ACT e qui aura lieu le dimanche 10 mai 2015. Dans la lettr e ouverte, le CIPN tient à rappeler à M. François Hollande, que le Mémorial ACT e qu'il s'apprête à visiter est un pr ojet éminemment guadeloupéen et que c'est le Comité International des Peuples Noirs (CIPN) qui en est à l'origine dès mai 1998. Au départ, le CIPN avait choisi de l'appeler : «Mémorial Caribéen de la Traite et de l'esclavage». C'est, selon l'organisation, une première action qui s'inscrit résolument dans une démarche d'autoréparation de la mémoire propre aux seules victimes de lacolonisation. Tout de même, le CIPN ne cache pas sa fierté d'avoir présenté un projet de grande envergure, qui a étépris en compte par la Région Guadeloupe, malgré toutes les difficultés rencontrées, notamment, les changements de majorité politique. D'après la définition du CIPN, la construction du Mémorial ACTe s'inscrit dans la logique du principe des 3073 R310 216dict216 d217s f216vrier 1992 sur le Parvis des Droits de l'Homme à Paris, à savoir : Reconnaissance du crime de l'esclavage, Réparations de ce crime et Réconciliation entre les peuples qui ont été opposés par l'Histoire. Le CIPN rappelle au Président français, qu'il y a moins d'un an qu'il était opposé aux Réparations autres que mémorielles, puisque l'esclavage serait donc un crime commis par des Français contre d'autres Français. Motif jugé fallacieux par l'organisation de Mme Jacqueray. Pourtant, souligne le CIPN dans son courrier, le décret Jospin du 13 juillet 2000, au nom d'une dette imprescriptible de la France, a indemnisé les orphelins des déportés juifs français. Il est même précisé dans le décr et que la «mesure de réparation» pr end la forme au choix du bénéficiaire d'une indemnité en capital ou d'une rente viagère. Ce sont plus de 400 millions d'euros qui ont déjà été versé à ces orphelins. L'organisation reproche à M. Hollande, d'avoir tenté de faire du poète Aimé Césaire un allié, un partisan de ses thèses assimilationnistes en prétendant qu'il était hostile au principe des Réparations, ce qu'une lecture attentive de son propos dit-il, dément formellement. Aimé Césaire était bien partisan de Réparations liées à la traite négrière, à l'esclavage et à la colonisation. Il est aussi reproché au Président français d'avoir affirmé vouloir réhabiliter la France avec son Histoire, en assumant toutes ses zones d'ombre, à l'instar de M. Jacques Chirac qui en 1995, avait reconnu la responsabilité de l'Etat français lui-même dans la déportation des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Il est à noter pour ceux qui sont frappés d'amnésie, qu'en décembre 2014 sous la pression des autorités américaines qui ont instauré une loi sur la transpar ence «Réparé» à hauteur de 60 millions de dollars et 100 000 dollars par individu, les Juifs américains qui avaient été transportés de France en Allemagne dans des wagons de la SNCF qui les conduisaient dans les camps deconcentration. Le CIPN tien t à fair e savoir au Président français que la loi T aubira qualifiant la T raite et l'Esclavage de crime contr e l'humanité ne suf fit pas, car , elle a été dépouillée de son article 5 qui traitait des modalités d'évaluation des Réparation s. Face à une telle posture, l'organisation souhaite qu'on lui montre où se trouve la reconnaissance de notre humanité. Le CIPN, dans sa lettre, réclame l'abr ogation des 55 articles du Code noir , car , elle n'est toujours pas faite. Le mouvement de Mme Jacqueray et de M. Luc Reinette réclame que justice soit faite. Ils exigent le même traitement que celui des Juifs victimes de l'holocauste sans pour autant s'engager dans une stérile concurr ence ou hiérar chie entre mémoire juive et mémoir e noire. Enfin, le CIPN exige du Président français, qu'il demande par don au nom du peuple français pour les crimes commis dans le cadr e de la déportation de millions d'infortunés, de leur mise en esclavage et de leur exploitation for cenée du 15e au 19e siècle. On se souvient que depuis 1992, le Pape Jean- Paul II a demandé par don pour les exactions commises par l'Eglise durant cette période. Dans la même foulée, le CIPN invite M. Hollande à r econnaîtr e le peuple guadeloupéen dans son intangible réalité. En dépit de la satisfaction af fichée pour le résultat de l'œuvr e, le CIPN a décidé de ne pas participer à l'inauguration du Mémorial ACT e prévu pour le 10 mai 2015. Cependant, précisent-ils, le MEémorial ACT e appartient au peuple guadeloupéen et demeu r era un outil fondamental de l'identité guadeloupéenne et de celle des peuples de la Caraïbe avec lesquels nous partageons une même histoir e tragique. C'est le Président François Mitterrand qui disait : «Les voies de l'avenir sont dans les racines du passé !». Beaucoup s'interr ogent sur l'utilité de ce Mémorial, mais, ils trouveront toutes les réponses à l'intérieur s'ils s'en emparent.