POUR QUI PARLE FRANÇOIS HOLLANDE ?

U ne femme enceinte se rendant à une maternité située à 100 km de son domicile a accou- ché sur une aire d'autoroute dans le département du Lot, le samedi 20 octobre dernier. Le bébé est mort !

Le Président de la République François Hollande informé, a laissé éclater son émotion et sa colère devant un tel drame qui pointe les défaillances d'un Etat qui a renoncé à garantir les droits humains fondamentaux de ses citoyens.

Face à cette vérité insupportable il s'est exclamé, reprenant une de ces déclarations de campagne : «Aucun Français ne doit se trouver à plus de trente minutes d'un service d'urgence».

Nous sommes les premiers, ici, à souscrire à cette prise de position qui affirme le choix du respect de la santé et de la vie de l'homme.

Nous y souscrivons d'autant plus que, habitants d'un pays archipel, nous sommes confrontés à cette problématique de déplacement.

Mais, en plus, c'est notre actualité. La question de la proximité d'un centre de soins des Urgences est au cœur du débat sur le plan de santé publique à mettre en œuvre à Marie- Galante, l'une des sept principales îles de l'archipel guadeloupéen.

Alors, quand nous avons entendu le Président de la République, nous avons applaudi à deux mains, accueillant sa position comme un soutien à tous ceux qui se battent pour un hôpital de plein exercice sur l'île de Marie-Galante.

Marie-Galante, en temps normal est à environ cinquante à soixante minutes du CHU de Pointe à Pitre. Nous avons bien dit en temps normal, car, n'ayant pas d'autoroute entre l'île et le «continent», en cas de mauvais temps, il n'y a ni avion, ni bateau pour assurer de liaison.

Dans ces conditions, la présence d'un hôpital disposant de tous les moyens d'un service public de santé pour répondre à tous les besoins en soin de la population ne se discute pas, et sur- tout pas, selon une démarche purement comptable.

C'est précisément pour répondre à cette exigence de santé publique que le Centre Hospitalier Sainte-Marie de Marie-Galante a été construit et fonctionne avec des difficultés qu'il faut chercher à résoudre certes, mais jamais au détriment de l'humain.

C'est en faisant fi de ce principe de responsabilité que les autorités représentant l'Etat français en Guadeloupe s'acharnent à vouloir amputer cet hôpital de son service de chirurgie et de son service de maternité.

Alors, vous comprenez, lorsque le Président François Hollande a parlé le 20 octobre, nous avons reçu cette déclaration comme un soutien à la lutte que mènent les Marie- Galantais pour la défense de leur droit à la santé et à la vie.

Nous avons pensé que le Chef de l'Etat s'opposait à la fermeture des services de l'hôpital à Marie- Galante pour garantir à tous les Marie-Galantais qu'ils ne seront jamais à «plus de trente minutes d'un centre d'urgence». Mais nous avons vite déchanté.

Participant à une réunion avec les élus et le Conseil de Surveillance de l'hôpital, le samedi 27 octobre à Grand- Bourg, la directrice de l'ARS (Agence Régionale de Santé) a confirmé, au nom de l'Etat, qu'elle ne reviendra pas sur sa position. Les Marie-Galantais doivent se faire une raison : le service de chirurgie et celui de la maternité seront fermés.

Manifestement, François Hollande ne parlait pas pour les Marie- Galantais le 20 octobre. Il s'adressait aux Français de France, à ceux, comme ils disent souvent pour masquer la réalité coloniale, de«l'Hexagone».

La question est de savoir comment imposer aux institutions françaises qui veulent garder la charge d'administrer le territoire guadeloupéen, le respect de nos droits fondamentaux.