INDIGNE !

M ais que nous est-il arrivé ? Que sommes-nous devenus ?

Une lettre ouverte d'un Guadeloupéen qui a consacré l'essentiel de sa vie pour donner à nos jeunes en difficulté, en souffrance sociale les moyens de se reconstruire, de se réinsérer dans cette société qui est, plus souvent que l'on ne croit, à l'origine de leurs déviances et de leurs exclusions, nous interpelle, nous touche dans notre dignité de Guadeloupéen.

Alors, encore une fois, des compatriotes guadeloupéens natifs ou adoptés, emprisonnés dans ce qu'ils considèrent comme leur droit naturel de préserver «leur réussite», de protéger leur «bout de gras», estimant égoïstement que le soleil ne doit briller que pour eux, s'opposent à la construction d'un centre d'hébergement desti - né à donner une chance d'exister à des jeunes guadeloupéens victi- mes d'handicaps ou en souffrance sociale.

Ils manifestent avec une insolence inouïe leur refus de l'autre. C'est triste, c'est plus que triste, c'est laid.

La répétition de ce comportement à des années d'intervalle et sur tout le territoire guadeloupéen ne relève pas seulement de dérapages de quelques individus sans principes moraux et sans valeurséthiques.

Cela dénote la progression à un rythme accéléré de la perte des valeurs qui ont cimenté la cohésion de notre communauté : la tolérance, la solidarité, le respect et la compassion pour les plus faibles et les plus démunis.

Il y a là, quelque chose qui doit nous interpeller et nous pousser à réagir rapidement parce que nous ne sommes pas loin de dépasser la ligne rouge du déni d'humanité.

Le colonialisme français est-il en passe de réussir son plus grand crime en Guadeloupe : Nous pourrir le cœur après s'être employé à nous pourrir par la tête et par le ventre ?