Est-ce un métier d'être parent ?

Face aux déviances sociales, face aux difficultés que rencontre certaines familles abymiennes, et plus largement certaines familles guadeloupéennes, face à la perte de certains repères qui ont fondés notre mode de vie, la ville des Abymes a organisée à la salle Joseph-Théodore Faustin, le mardi 30 octobre 2012, un séminaire sur le thème : «Etre parents, un vrai métier ?». Cette problématique a été diverse- ment commentée, car certains ont une tout autre conception de l'éducation donnée à un enfant. Pour autant, les objectifs des organisateurs ont été atteints, les participants se sont penchés avec passion sur le sujet. L'ouverture de ce premier sémi - naire était assurée par l'élue déléguée à la Parentalité et à la Famille, Mme Renée-GeorgeNabajoth-Deloumeaux. Durant toute une journée, des spécialistes, sociologue, anthro - pologue, psychologue, forma - teurs et éducatrice spécialisées ont échangé leur point de vue sur la question qui a été posée. Plus de deux cents personnes ont répondu à l'invitation alors que c'était un jour en pleine semaine. La forte participation des fem - mes et des associations qui s'oc- cupent de près ou de loin à la question de l'enfance ou de la jeunesse montre de toute évi- dence de l'intérêt porté au sujet mis en discussion. Pour la circonstance, nous avons profité pour interroger l'élue déléguée à la Parentalité et à la Famille sur l'initiative.

Nouvelles-Etincelles : Qu'est-ce qui a suscité ce thème : «Etre parent, un vrai métier ?»
Renée-George Nabajoth- Deloumeaux :Ce qui a suscité ce thème, c'est le constat qui est fait au quotidien. Nous avons l'im- pression que nos parents se sentent un peu délaissés, désabusés, abandonns. Nous avons jugé bon de réagir pendant qu'il en est encore temps afin que les familles guadeloupéennes puissent se ressaisir. Nous avons l'ambition de remettre la famille au cœur du dispositif qu'est la parentalité. Jadis, nous avions nos grands parents, les taties, les tontons etc., qui étaient là pour nousaccompagner , aujourd'hui que tout le monde travaille, on a l'im- pression que nos enfants sont malheureusement livrés à euxmêmes et que c'est l'éducation de la rue qui a tendance à l'em - porter sur celle de la famille. Je considère que la famille est le socle de la société, elle doit reprendre sa place, elle doit s'im - poser dans toute sa plénitude. En dépit de toutes les évolutions de la société, même si on rencontre quelques difficultés, il importe de garder le cap. Si ce type d'initiati - ve permet d'aider les familles à se ressaisir, eh bien, nous n'hésiterons pas à les multiplier afin que notre Guadeloupe retrouve un meilleur visage. Il est plus que temps que chacun reprenne véri- tablement sa place pour laconstruction de cet avenir qui est le nôtre. J'ai envie de dire que nos enfants, c'est ce que nous avons de plus cher . S'il en est ainsi, faisons tout pour les tenir, gardons-les afin que nous n'ayons pas plus de dif ficultés avec eux demain.

NET : Que peut être le salaire de ce «métier» ?
RGND : Eh bien, le salaire du métier de parent, c'est la réussite de se s enfants. Pour que nos enfants réussissent, il faut que nous soyons à leurs côtés et que nous leurs donnions le maximum de nous -mêmes. Il n'est pas question de leur demander d'être comme nous puisque chaque parent est unique, pareil pour les enfants.

NET : V ous avez parlé de la r esponsabilité des parents, donc des foyers, comment appréhen- der la question quand les parents sont des adolescents ?
RGND : C'est bien la raison de notre séminaire. Nous sommes là pour les accompagner et les encourager. Les familles doivent aussi se prendre en main. Elles ne doivent pas tout attendre sans faire le moindre effort. Nos grands parents ont connu d'énormes dif ficultés pour nous élever et pourtant ils ne se sont jamais découragés. Donc aujourd'hui, s'agissant des jeunes enfants qui sont parents, nous devons les mettre en garde et leur dire que c'est beau d'être parent, mais cela se construit et s'exerce au quotidien. Nous pen- sons qu'il faut justement ressou- der la famille pour que ces personnes qui sont jeunes et qui ont des enfants, puissent s'appuyer sur leurs parents même si aujourd'hui le grand parent d'hier n'est pas le même aujourd'hui. Le grand parent d'hier savait accueillir à bras ouverts ses petits enfants, aujourd'hui, le grand parent, c'est celui qui va s'amuser, c'est celui qui s'inscrit dans un club pour personnes âgées, on le retrouve à l'université du temps libre. Il n'empêche que dans la reconstruction de la famille, ces grands parents doivent trouver un petit créneau pour passer du temps avec leurs petits enfants et aussi avec leurs propres enfants.

NET : Y a-t-il des règles de base pour fair e l'éducation d'un enfant ? Puisque chaque parent estime tre meilleur éducateur.
RGND : Nous ne mettons pas en cause l'éducation faite par les parents. Cependant, nous disons que la société a évoluée, elle s'est modernisée avec les progrès tech - nologiques, avec les occupations des uns et des autres. Aujourd'hui, on a plus ce temps qui était consacré à son enfant. Lorsqu'un enfant revenait de l'école son parent le questionnait sur ce qu'il avait fait en classe, le parent visitait le cartable. De nos jours, quand l'enfant revient de l'école d ans la plupart des cas, ses parents ne sont pas présents. La vie d'aujour- d'hui a créé de nouveaux besoins, donc les deux parents travaillent. Par conséquent, quand il n'y a personne, l'enfant s'ins - talle devant la télévision àl'ordi- nateur ou au téléphone. Nous sommes dans une démar - che qui vise à faire face à ces dif- férentes situations. Nous pou - vons nous adapter, nous pouvons évoluer avec notre temps tout en gardant le cap. Les familles doivent poser les problèmes, elles doivent faire en sorte qu'elles ne soient pas dépassées. Les parents d'aujourd'hui ne doivent plus avoir peur de leurs enfants. C'est vrai qu'il y a des structures d'aides et d'accueil, mais ce n'est pas suf- fisant. C'est aux parents d'éduquer leurs enfants.