Octobre 1917 : Une Révolution toujours actuelle

Commmorer l'Octobre sovi- tique n'est plus depuis long- temps à la mode ni politique- ment correct pour la gauche.
On préfère plutôt rendre hommage à d'autres «octobre» : la «chute du mur de Berlin» en 1989 ou l'insurrection anti-communiste de Budapest en 1956 saluée par le président de la république Napolitano et par le président de l'Assemblée Bertinotti -l'un ancien communiste, l'autre lea- der d'un parti qui se réclame de la refondation communistecomme la vraie révolution annonciatrice des «révolutions» de 1989-91 qui marquèrent la fin des démocraties populaires et de l'URSS, de ce long cycle historique qui traverse le «court siè - cle», inauguré justement par la révolution d'Octobre. La boucle semble se boucler. Le verdict de l'histoire -dit-on- a été prononcé sans discussion possible : cette révolution \(mais parmi les repentis du communisme certains ont même épousé la thèse du putsch, du coup d'Etat) a produit d'indi - cibles horreurs et elle s'est achevée dans un champ de ruines. De là une condamnation sans appel, l'abolition de cette histoire, son effacement du calendrier des anniversaires qu'il convient de rappeler aux nouvelles généra- tions pour leur formation communiste. Et ceux qui veulent se réclamer de l'histoire des révolutions communistes du XXesiècle ouvert par l'Octobre soviétique sont étiquetés de nostalgique, irrémédiablement incapables de lire les défis du temps présent. C'est actuellement la tendance dominante -exceptées de méritoires exceptions- dans la culture politique de la «gauche», des héritiers de ce que fut le parti communiste italien et de la «nou - velle gauche» soixantehuitarde et post-soixanthuitarde, en Italie et dans de nombreux pays du monde. Cette situation est bien présente aux communistes qui résistent, qui n'acceptent pas l'effacement d'une histoire, d'un projet de société, d'une identité qui a marqué profondément l'histoire du XXesiècle et que l'on veut aujourd'hui condamner au silence et à l'oubli. Contre cette tendance majoritaire et dévastatrice, qui semble tout renverser dans sa furie ico - noclaste, dont ne peuvent être sauvés non seulement les bolchéviques -cela va de soi- mais pas plus Rousseau et les Jacobins français et quiconque qui ait l'o - deur du révolutionnaire \(la seule «révolution» aujourd'hui acceptée est la contre-révolution!), la première réaction immédiate et passionnée est celle de brandir bien haut notre drapeau rouge et de crier de toutes nos forces :
vive Lénine! V ive la révolution d'Octobre , qui a ouvert la voie à la libération des peuples du joug colonial et impérialiste! Vive le parti bolchévique qui a su -seul parmi les partis de la Seconde internationale- déclarer la guerre à la guerre et transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire ! V ive l'Interna- tionale communiste, qui a formé une génération de communistes capables de lutter dans la clandestinité contre le fascisme et de mener les résistances en Europe ! Vive l'Union soviétique, qui avec l'armée rouge et la résistance de ses peuples a été déterminante dans la victoire contre le nazisme et le fascisme ! V ive l'URSS qui après la guerre a su affronter l'impérialisme américain et a favorisé, par sa seule existence, la résistance vietnamienne, la libé - ration de l'Angola et du Mozam- bique, les luttes anti-coloniales, la révolution cubaine et les luttes populaires en Amérique latine !
Vive la révolution qui, pre- mire dans l'histoire, a essay de construire une société sans privilèges de caste, sans pro- priété capitaliste, fondée sur l'idée d'un développement rationnel et équilibré de l'économie par la planification !
Et cela, nous le disons et le rappe- lons à ceux qui veulent effacer de l'histoire le communisme du XXe siècle. Mais cela ne suffit pas, et au contraire, si cela reste seule- ment un cri désespéré contre l'infamie et la calomnie, cela peut être également une réaction impuissante, le signe d'une fai - blesse stratégique.
La commémo- ration comme fin en soi n'a jamais intressé les communistes.
Le jeune Gramsci dans un de ses articles passionnés accusait le parti socialiste d'avoir réduit Marx à une icône, un saint, à ressortir pour les grandes occasions, les commémora - tions, les anniversaires, pour ensuite le laisser pourrir au grenier tout le reste de l'année, en évitant scrupuleuse - ment de transformer en action politique vivante sa pensée critique.Rappeler , défendre, approfon - dir la mémoire historique est utile et nécessaire dans la mesure où nous réussissons à traduire cette mémoire en action culturelle et politique, en consolidation et accumula - tion de forces communistes, en formation politique pour les nouvelles générations. (même si cette «nostalgie» communiste est un sentiment qui mérite le respect) d'un paradis perdu, d'illusions nonréalisées, d'un noble rêve, d'une utopie irréalisable.
Si le 7 novembre 1917 est encore une date dont nous devons nous souvenir et que nous devons honorer , ce n'est pas seulement pour rendre un hommage mérité aux furies héroïques d'un temps révolu, nous ne cherchons pas à être les avocats commis d'office de la révolution. L'Octobre soviétique n'en a pas besoin comme les communistes aujourd'hui n'en ont pas non plus besoin.

A suivre…