L'INTÉGRATION CARAÏBE PAR LE SPORT ? Le GROSGUA met le cap vers l'International «continental»

V endredi 09 novembre 2012, le Président du CROSGUA avait invité la presse à couvrir, à ses yeux, un évènement heureux : l'annonce, aux Présidents des différents Ligues et Comités, de la possibilité, désormais, de participer aux Jeux pan- américains, aux Jeux Centre/Amérique et de la Caraïbe. C'était l'un de ses principaux objectifs quand il accéda à la présidence de cet organisme. Il se félicitait de l'aboutissement de différentes démarches par un travail de lobbying, que ce soit en Nouvelle-Calédonie ou au Mexique et des soutiens rencontrés auprès, notamment, du vice-président du Comité Olympique d'Haïti et du Président de la Fédération de football de ce pays. Il soulignait également que les autorités sportives françaises (précé - dent de la Nouvelle-Calédonie qui participe aux Jeux du Pacifique et de la Réunion Jeux de l'Océan Indien) avaient donné leur feu vert. Le sport guadeloupéen était désormais membre à part entière de la CANOP et la volonté de la CAPSO et de la FONDEPA de l'accepter commemembre associé était admise. L'assistance eut même droit à la projection de vidéo qui présentait la déclaration du représentant haï- tien, lequel affirmant son soutien à faire intégrer le sport guadeloupéen comme membre associé à ces instances régionales et continentales ainsi que le visionnage de toutes les infrastructures de Veracruz. Le Président Sorèze s'attacha surtout à exhorter les Présidents et responsables de comités et ligues de s'engager dans ce processus en adhé - rant à leur confédération correspondante et en se préparant sur le plan sportif à participer aux XXII Jeux sportifs de l'Amérique Centrale et de la Caraïbe qui se dérouleront du 14 au 30 novembre 2014 à Veracruz Porto-Rico Par rapport à l'engagement déterminé du Président Sorèze, le débat qui suivit, s'il fut consensuel, n'a pas montré beaucoup d'enthousiasme. Il semble que ce soit principalement le souci du financement de ces futurs déplacements dans la région qui en soit la cause … Le peuple guadeloupéen consti- tue une Nation sans Etat du fait de la domination coloniale fran- çaise. Il faut sortir de cette tutel- le coloniale pour définir librement une politique sportive en adéquation avec nos ambitions et nos moyens réels. En réaction à une tirade de Patrick Bellot de RCI qui récla- mait plus d'autonomie sportive, je rétorquais récemment que l'on ne pourra prétendre à l'autonomie sportive que si l'on dispose de l'AutonomiePolitique. Aujourd'hui, après avoir enten- du le Président Sorèze, et mal- gré sa bonne volonté et ses bonnes intentions, je crois toujours que l'intégration économique, culturelle et sportive ne sera réelle que si elle est précédée de l'intégration politique. La question de se déplacer dans la Caraïbe par exemple, de l'organisation du transport, est liée à la volonté politique d'un pouvoir guadeloupéen et des traités de coopérations avec les autres Etats de la Région. Bien que nous ne soyons pas à tout prix attachés aux ori - peaux, il y a toujours et par - tout la question symbolique de la représentation identitai - re. Alors, si les sportifs guade - loupéens participent à des compétitions réservées aux peuples de la Caraïbe, ils doivent pouvoir le faire non pas au nom de la représentation de la France \(hymne et dra- peau\ nom de leur peuple et de leur pays. Non, décidément non, on ne peut indéfiniment élu - der la question de fond et ten- ter de la contourner. La question est politique comme d'ailleurs l'ensemble des problèmes de société auxquels notre peuple est confronté, tant dans sa relation avec luimême qu'avec le monde quil'entoure. Cependant, ne voulant pas être complètement négatif, j'ose souhaiter que cette expérience contribue, pour les dirigeants sportifs de notre pays, à transformer cette conscience culturelle identitai- re de nous-mêmes en conscience nationale politique, active et responsable.

Mon point de vue
L'ancien dirigeant sportif que je suis a voulu se rendre personnellement à cette réunion. C'est que pendant près de vingt ans, j'ai été responsable des relations extérieures du PCG et je me suis souvent déplacé dans la Caraïbe. Et en tant que dirigeant sportif, j'ai eu à rencontrer , notamment à Cuba, les cadres du sport de ce pays. Je pense aux nombreuses conversations avec Arrencibia et José Pelaez, deux Présidents successifs de la Fédération cubaine de cyclisme, à propos de ces questions. Ils souhaitaient notre participation à ces jeux. Je me suis aussi souvenu, qu'invitée à participer au tour cycliste de Cuba, la délégation guadeloupéenne a dû traverser quatre fois l'Atlantique en passant par la France. C'est pourquoi, même si l'essen - tiel, en sport comme ailleurs, est de participer et que je comprends la démarche (ne suis pas partisan du tout ou rien). Je ne peux pas me satisfaire entière- ment de cette situation qui reste quelque peu bâtarde. Le seul fait de ne pouvoir s'exprimer qu'à travers les performances sportives de nos représentants et d'envisager nos dirigeants ne pouvoir en rien influencer sur les décisions des structures de direc - tion puisque n'ayant pas de voix délibérative, me choque profondément.