Rapport Gallois Compétitivité et Outre-mer

Il était attendu par tous comme le remède miracle pour le redémarrage de l'économie.Le Rapport Gallois sur la compétitivité est enfin sorti et a fait le bonheur de la droite et du patronat...

S on objectif était d'analyser les rai- sons du déclin de l'industrie et plus généralement de l'économie fran- ç45aise. M. Galloisl'explique principalement par un déficit de compétitivi - té dû à un coût du travail trop élevé. Il propose donc un «choc de compétitivité» pour relancer la machine : baisse des cotisations sociales, augmentation de la TV A et de la CSG, accent sur l'innovation, la recherche et la formation. En gros, les ef forts pèseront essentiellement sur les ménages, épargnant les entre prises.

Que cet ancien grand patron propose ce genre de solution n'est pas une sur - prise. Par contre, que le gouvernement socialiste de Jean-Marc A y-rault repren- ne la plupart de ses conclusions laisse présager du pire. Ainsi, 20 milliards d'euros vont être of ferts aux entrepri- ses, sous forme de crédit d'impôt, sans contre partie. Pour compenser ces per - tes de ressources, le gouvernement va augmenter la TVA et la CSG.

Ces mesures sont un non-sens. Les mêmes recettes ont été appliquées au Portugal, en Espagne, en Italie ou en Grèce, avec le succès que l'on sait. Car, dans cette histoire, ce n'est pas le coût du travail qui pose problème (il est d'ailleurs moins élevé qu'en Allemagne ou qu'en Belgique et la productivité est l'une des meilleures d'Europe\ mais la part toujours grandissante des revenus du capital, par rapport à ceux du travail et des investissements. En ignorant cela et en aug - mentant la TV A et la CSG, c'est à dire en ponctionnant les ménages, le gouvernement risque bien de créer un ef fet négatif sur la consommation et, par extension, sur les entreprises.

En Guadeloupe, le MEDEF a applaudi des deux mains. Avec le maintien de la défiscalisation \dont les effets sur le développement économique et l'emploi restent à prouver), ces mesures ne vont bénéficier qu'aux entreprises. Par contre, le rétrécissement des revenus et donc de la consommation auront très probablement des effets plus douloureux dans le contexte guadeloupéen où les revenus des ménages sont inférieurs à ceux de la France.

La Guadeloupe n'a nullement besoin d'un «choc de compétitivité». Par contre, elle a besoin d'un redressement productif et d'une relance du secteur des services. Le secteur productif est quasi inexistant et le pays ne peut pas vivre que du tourisme, de la banane et de la canne. Il se pose aujourd'hui clai- rement la question du choix de développement pour le pays.

Malheureusement, comme dans biens d'autres domaines, l'absence d'un véritable Pouvoir local freine la mise en œuvre d'une politique de développement raisonnée, garante de croissance .