30 NOVEMBRE - 2 DÉCEMBRE 2012 XIXe CONGRES DU PARTI COMMUNISTE PORTUGAIS Entretien avec son Secrétaire Général Jeronimo de Sousa

Quel bilan peut-on faire ce jour de la préparation du XIXe Congrès du PCP ?
J.S : En dépit de toutes les diffi- cultés, qui émergent de nos tâches quotidiennes et de la nécessité de répondre parfois à deux, voire trois tâches en même temps, on peut dire que les mili- tants du parti s'identifient pleine- ment aux grandes lignes qui pré- sident aux modifications du Programme et au projet de Résolution Politique, avec un esprit constructif de discussion et de contribution pour les deux documents. Il ne serait pas exagéré de dire que le Parti est aujourd'hui plus uni et soudé et qu'on arri- vera certainement à construire un Congrès à la hauteur du Parti que nous avons et du Parti que nous sommes.
Le Comité Central a propos que ce Congrès procde des modifications du Programme du Parti. Qu'est-ce qui motive cette décision ?
J.S : D'abord, il faut rappeler que lors des congrès précédents la question de la modification de notre Programme a été posée. Et pour ce congrès, le Comité Central a décidé ne pas propo - ser un nouveau Programme, mais de procéder à des modifications et des actualisations du Programme actuel. Ce qui est mis au débat aujourd' - hui dans le Parti est le résultat, dans un premier temps, de la contribution d'un certain nombre de militants et d'organisations avec un point de départ que j'aimerais souligner : notre Programme a une actualité et une perspective d'avenir qui nous ont conduit, indépendamment des modifications et actualisa- tions à intégrer, à garder telles quelles les grandes orientations, ce qui est notre patrimoine col- lectif, ce qui vient de notre histoire et de notre lutte. Il ne s'agit pas de modifications qui laissent toutes les portes ouvertes : le point de départ est ce gr and patrimoine, qui nous conduit à garder cette per- spective d'un Programme d'une Démocratie Avancée avec les valeurs de la révolu - tion d'A vril inscrites dans l'ave- nir de notre pays.
Dans le chapitre II du Pr ogramme, consacré à la démo - cratie avancée, certains change- ments importants sont proposs : on parle d'une «rupture antimonopoliste et anti-impérialiste» et du rôle décisif de la lute de masses pour la réaliser . Ce qui est proposé est donc un changementpr ofond dans la société ?
J.S : Nous considérons que dans certaines phases historiques la résistance est la pre - mière pierre à l'édifice. Le plus facile, ce serait d'éluder la complexité d'un processus, de minimiser l'importance des étapes, de verser dans l'optimisme historique et de se bor - ner à renvoyer le socialisme dans un avenir programmé mais indéterminé.A vec ce Programme le parti, sans jamais perdre de vue cet objectif suprême, ne choisit pas la fuite en avant. En s'appuyant sur sa propre histoire, celle d'un parti qui a appliqué de façon créative la théorie marxiste-léniniste aux conditions concrètes du pays, et qui a défini un cap dont les objec- tifs s'enracinent dans la réalité et dans notre lutte quotidienne. Notre camarade Alvaro Cunhal disait que dans la recherche, l'étude et l'analyse de ces questions on doit toujours avoir en tête une idée fondamentale : que la société est une réalité en mouvement, avec des éléments stables et d'au - tres qui le sont moins, et dans un Programme il est nécessaire de discerner les éléments caractéris- tiques d'une époque donnée ou d'un moment déterminé plus ou moins long dans la vie de la nation. C'est ce qu'on fait avec la proposition de la Démocratie Avancée, qui j'insiste, a toujours le socialisme comme horizon.
Nous nous trouvons face à l'ap- parition de nouveaux mouve- ments qui s'affirment «en dehors des partis» et «en dehors des syndicats». Comment le parti appréhende cette réalité ?
J.S :Nous avons toujours estimé que les luttes non-organisées pouvaient faire avancer certaines choses mais qu'elles ne pou - vaient jamais remporter des victoires plus ou moins stables et durables. Nous avons toujours considéré que c'est dans la lutte organisée, portant des objectifs, qui non seulement obtiennent des résultats mais aussi permet de développer la conscience de ceux qui y participent. Nous avons aujourd'hui au Portugal une forte expression de mouvements plus ou moins nonorganisés. La participation à ces manifestations «non-organi - sées», toutefois souvent avec des objectifs et des cibles erronés, constitue une nouveauté importante, car , j'insiste, il s'agit de sec - teurs qui étaient plus ou moins neutralisés, qui étaient anesthé - siés, qui étaient criblés de préjugés sur la lutte des travailleurs et la lutte du parti, avec des vies et des emplois plus ou moins stables. Mais les politiques de droite, servant le grand capital, a touché ces secteurs et ces couches, jus - qu'ici neutralisés ou même prêt à les soutenir.
Quelle est la position du Parti face à ces mouvements et ces mobilisations ?
J.S : Le Parti a accompagné ces luttes, n'y est pas hostile. Nous avons même marqué notre pré - sence dans certaines de ces mobi- lisations, évidemment pas en se diluant en leur sein. Mais cela ne change pas ce qui pour nous est une question centrale : le caractère stratégique de la lutte de masses allant dans une direction organisée, manifestant une grande conscience, avec une direction et des objectifs clairs. Si l'on ne le fait pas, on court le risque de cette indignation qui ne dépasse pas le cri du cœur , en dépit des bonnes intentions et de la juste indignation et protestation.
A suivre…