Le Congrès de l'arnaque : Le scénario complet

La réunion du congrès des élus départementaux et régionaux du 28 décembre 2010,qui semble soulever l'indignation de nombreux Guadeloupéens qui l'ont vécu en direct dans l'hémicy cle pour certains ou devant leur poste de télévision pour d'autres n'est en réalité que l'entracte dans le déroule ment d'un film que nous avons titré «le congrès de l'arnaque» dont le scénario a été écrit par deux plumes mais avec la même encre : les Présidents Jacques Gillot et Victorin Lurel.

LA 1ère SCENE DU SCENARIOLe top départ c'est la convocation par le Président Gillot du congrèsde la méthode, le 7 mai 2009,parallèlement à la tenue des«Etats généraux de l'Outre-mer»convoqués par le PrésidentNicolas Sarkozy à la suspensiondu conflit historique dirigé par le LKP pendant 44 jours. Les exécu tifs des collectivités guadeloupéennes disent pourtant, que ces «Etats généraux» sont convo qués à leur demande et ils y par ticipent. L'irruption du LKP dans la salle de délibération du Conseil Général, siège du congrès, contraint le Président Gillot à l'annuler. Le congrès de la méthode s'est réuni effectivement le 24 juin2009. La proposition de la méthode est séduisante mais, elle recèle deux pièges :Il est impossible de faire le consensus sur un projet de socié té qui obéit à des choix idéolo giques des classes sociales anta goniques. Gillot le sait. La «démocratie participative» àla mode Lurel, Gillot vise à instru mentaliser le peuple pour éva cuer la question statutaire.Dès cette réunion du congrès, le PCG par la voie de son Secrétaire Général se démarque de cetteméthode en déclarant : «Nous tenons à dire très claire ment que, la méthode est toujours au service d'un objectif, d'un but. En politique, elle sous tend un objectif stratégique deconquête du pouvoir . Il ne peut y avoir une méthode pour la méthode. En clair , la responsabili té des politiques, c'est de propo ser au peuple des choix, des objectifs à atteindre, de coélaborer avec lui le contenu, les voies etles moyens pour y arriver . La poli tique est une chose trop sérieuse, l'avenir d'un peuple trop précieux pour les confier à la seulethérapie de la parole».Les faits ont donné raison auxcommunistes. Cette méthode n'a débouché sur rien. Son échec organisé a contribué à éloigner davantage les Guadeloupéens de la question statutaire. C'étaitpeut-être le but recherché.LA 2eSCENE DU SCENARIOC'est bien entendu le piège tendu aux élus du congrès dansles articles 3 et 4 de la résolution adoptée le 24 juin et introduisant le délai de 18 mois. Ils visaient aumoins deux objectifs : Laisser le champ libre à Victorin Lurel pour asseoir son leadershippolitique en gagnant les élec tions régionales de mars 2010. Placer la question institutionnelle et statutaire à la remorque de la réforme des collectivités terri toriales en débat en France.LA 3eSCENE DU SCENARIOLe Président Jacques Gillot dans une lettre adressée le 28 avril 2010 aux organisations politiques, annonçant la mise en place du Comité Guadeloupéen de Projet, 10 mois après le congrès du 24 juin, viole cyniquement la résolution adoptée à ce congrès en affirmant:«Ce projet Guadeloupéen desociété s'avérait indispensableface au profond mal-être denotre société, aux contraintesdes handicaps structurels etau renforcement de la priseen compte des enjeux du 21e siècle appellent, dans le cadre de l'article 73 de la Constitution française une refondation des rapportssociaux, économiques et poli tiques autant que de notre relation à notre territoire».Le Parti Communiste Guadelou péen toujours «véyatif» réagit à cette première violation de la résolution dans une lettre ouver te en date du 8 mai : «Dans votre courrier, vous indiquez que le projet guadelou péen de société appelle à une refondation des rapports sociaux,économiques et politiques dans le cadre de l'article 73 de la Constitution française. Il s'agit là,d'une violation flagrante de la résolution votée par le congrès des élus départementaux etrégionaux ; résolution qui ne cite aucun article de la Constitution». Le Président Jacques Gillotconfondu dans sa tentative de contournement répond le 18 mai 2010 en donnant l'impression defaire amende honorable :«Je regrette en conséquence que l'évocation du cadre del'article 73 de la Constitution française dans ma correspon dance d'invitation vous aitpoussé à croire que le débat institutionnel était dors et déjà tranché sur ce point».LA 4e SCENE DU SCENARIOLe Président Gillot convoque le 4 juin 2010, la réunion pour la mise en place du Comité Guadeloupéen de Projet. Poursuivant sa démarche de contournement et en dépit des engagements formulés dans sa réponse au PCG le18 mai, fixe de nouveau comme limite au débat l'article 73 de la Constitution. Quant au Président Victorin Lurel, il estime le débat sur cette question tranché par son élection «triomphale» à l'échelon régionale le 14 mars. En votant pour sa liste les électeurs ont, déclare-t-il, validé son choix pour l'article 73 et le droit com mun français. Ils décident malgré tout, de mettre précipitamment en place, sous la présidence des élus, lescomités communaux avec pour objectif de sortir un projet guadeloupéen en trois mois, ce qu'ilsn'ont pas fait en 13.Le conseiller général et régionalcommuniste, Jacques Kancelmandaté par le PCG pour lereprésenter dans le Comité deProjet tente en vain de les rame ner au respect de la résolution du congrès du 24 juin et au délai des18 mois. Malheureu-sement, il estseul, la majorité des élus s'inclinedevant les exécutifs. Le Parti Communiste s'oppose à ces violations et pour la premièrefois dans une déclarationpublique le 7 juin, il dénonce leprojet Gillot-Lurel comme une ARNAQUE : «La vérité, c'est que ces deux exécutifs qui ont fait le choix du statu quo, puis proposé eux mêmes un moratoire de 18 moisà Nicolas Sarkozy ont enseveli la Guade-loupe dans le droit com mun français. Ils sont pris à leurpropre piège et voient aujourd' hui leurs ambitions de carrière menacées par la réforme territoriale du gouvernement. C'est ce qui explique leur préoccupation à faire entériner par le congrès etvalider par les Guade-loupéens la proposition d'aménagement institutionnel que V ictorin Lurel a déjà négocié en catimini avec lepouvoir français et qu'il a dévoilé devant le Comité de Projet.Le Parti Communiste dénonce cette arnaque, cet acte de gangstérisme contre le peupleguadeloupéen et demande àson représentant de quitter le Comité de Projet.». Jacques Kancel adresse le 9 juin, une lettre aux élus des congrèsles exhortant à faire respecter la résolution du 24 juin 2009 :«J'en appelle à la conscience et au sens moral des élus guadeloupéens pour refuser lasoumission à une forme degouvernance dictatoriale quise met en place dans les insti tutions guadeloupéennes. J'invite tous les élus qui ont unsens éthique à exiger que larésolution du 24 juin soitrespectée et à dénoncer lecomportement déloyal desPrésidents des congrès quiabusent de leur position pourorienter le débat».Cette interpellation de l'élu com muniste ne trouve aucun échochez ses collègues à l'exception de ceux de la gauche alternativequi finissent par réagir avec un peu de retard. La voie est donc libre pour lesdeux exécutifs qui continuent à développer leur stratégie qui vise à sceller l'avenir de laGuadeloupe dans le droit commun français et le statu quo institutionnel.Le Parti Communiste, continue às'opposer à cette arnaque. Nous avons dit, dans le numé ro précédent, que la résolu tion inique adoptée le 28 décembre 2010 à Basse-Terre par les élus du Congrès, n'était qu'un entracte dans le déroulement de l'arnaque écrite et réalisée par JacquesGillot et V ictorin Lurel. Les faits, là encore, nous donnent raison. A Petit-Bourg, ledimanche 12 janvier 2011, le Président de la Répu-blique, en metteur en scène averti despectacles truqués, a frappé les trois coups. L'entracte de la comédie est terminé. Nicolas Sarkozy a joué l'épilogue et une autre pièce va se jouer , avec lui aux manettes, au Palais de l'Elysée. Triste fin pour nosarnaqueurs. Mais, pour comprendre comment ils sont arrivés là, il fautrevenir au déroulement du scé nario qu'ils écrivent depuis 18 mois. Il convient, avant tout, deplanter le décor . Après la réunion du 4 juin 2010, sont intervenus deux élémentsextérieurs au cadre institutionnelcensé organiser le débat sur leProjet de société. T out d'abord, c'est l'adoption, le 26 juin 2010, d'un texte de la Fédé-ration socia liste revendiquant le statu quo et l'assimilation législative, soumisau débat public. Le Parti Communiste Guadelou-péen répond à l'appel au débat lancé par les socialistes, par la publica tion d'un document intitulé «L'Assimilation et la collaboration, péchés mortels des socialis tes guadeloupéens», qui détrico te la position des socialistes enGuadeloupe depuis Hégé-sippe Légitimus. Percutés de plein fouet, les socia listes sont groggy. C'est à ce moment que le jeu s'emballe. Victorin Lurel revêt ses habits dePrésident de l'institution régiona le, monte en première ligne de la confrontation politique en pré sentant à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Basse Terre, début septembre, son Projet d'organisation institution nelle. Out le projet socialiste ! Et nous allons assister au déroulement des cinq dernières scènesd'un grotesque et funeste scéna rio, cousu de fil blanc.LA 5e SCENE DU SCENARIOLe Président Victorin Lurel, ignorant Jacques Gillot, son Congrès, son comité de Projet guadelou péen, ses comités communaux, sa méthode de démocratie partici pative, att-aque son propre tour de la Guadeloupe avec son «45Projet» qui place le débat sur les institutions, dans le champ de la réforme des collectivités territoriales en cours en France. Son message est clair : «Suivez mon panache blanc ! Jesuis le chemin, la vérité et la vie. Celui qui croit en moi…».SCENE 6 : «KOD A YANM MARÉ YANMLurel met pied à terre, aban donne son tour de la Gua deloupe. Dans un communi qué non daté, il dit : «Ils(NDLR : le gouvernement et le chef de l'Etat\ vement à la parole donnée enchoisissant de revenir sur les engagements pris en Gua deloupe le 26 juin 2009 par le chef de l'Etat, qui avait donné18 mois aux élus pour propo ser une adaptation de la réforme territoriale, tenantcompte de nos spécificités». Cette volteface de Lurel révèle deux choses qui confirmentl'arnaque : 1°-1\le camp sarkozyste et Lurel.2 A1 \ Lurel, c'est l'adaptation de la réforme des collectivités territoriales. Adaptation qui n'avaitjamais été demandée par les élusguadeloupéens.SCENE 7 : L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN NOVEMBRE 2011, LA LOI SUR LA RÉFORME DES COLLECTI VITÉS TERRITORIALES.Victorin Lurel qui avait repris, sous la pression de ses partenaires, sans enthousiasme, son tourde la Guadeloupe, jette définiti vement l'éponge. Il déclare aban donner sa campagne pour«L'Assemblée Unique» et s'en remettre à la décision du Conseil Constitutionnel, saisi par les parlementaires socialistes. On ne voit pas le rapport. Le lourd silence de Jacques Gillot est l'aveu implicitequ'il a cherché, en accord avec Victorin Lurel, à arnaquer délibé rément les Guadeloupéens surune éventuelle évolution institutionnelle ou statutaire à laquelle ils n'ont jamais cru.SCENE 8 : L'ARNAQUE GILLOT-LUREL S'ÉTALE AU GRAND JOUR !En marge du Congrès des maires de France qui s'est tenu à Paris, Jacques Gillot et Victorin Lurelorganisent un diner de classe, pour des élus sans position de classes, à l'hôtel Palace, leMéridien de Montparnasse. L'objectif du couple infernal est de «chercher un consensussur la réforme territoriale de Sarkozy». Après avoir invalidé la résolution du 24 juin 2009sur l'élaboration, par la voie de la démocratie participative, d'un Projet de société, organisé une diversion sur un pseudo Projet d'Assemblée Unique, ces élus sont réduits à recher cher, dans la grisaille de Paris, là où «rat ka tété chat», un compromis qui serait plutôt une compromission visant àimposer une adaptation de la réforme Sarkozy.SCENE 9 : L'ARNAQUE GILLOT-LUREL PREND DE L'EAUIls sont pris au piège, à leur pro pre piège. Informés par des indis crétions de Paris, que le ConseilConstitutionnel va valider la loiportant réforme des Collectivitésterritoriales et que le Président dela République se rendra enGuadeloupe début janvier 2011,nos deux compères paniquent, àl'instar de «konpè lapin et konpèzanba an vant a bèf la». Ils mettent en place, dans la pré cipitation et la plus grande opaci té, «une commission mixte de 14 élus» \(7 conseillers généraux et 7 con-seillers régionaux\ coler un Projet à opposer, enapparence, à la réforme Sarkozy . SCENE 10 : L'ARNAQUE SOMBRE DÉFINITI VEMENT DANS UNE SORDIDE AFFAIRE DE RAT KA TÉTÉ CHAT A SI DO A GWADLOUPÉYEN» Le Président Victorin Lurel qui préside le Congrès jusqu'au 31décembre 2010, coif fe sur le fil, Jacques Gillot. Alors que celui-ci a annoncé la convoca tion d'un Congrès pour le 4 janvier 2011, Victorin Lurel convoque son Congrès pour le28 décembre 2010. A l'ordre du jour, 7 questions. Continuant dans la voie du mensonge, Gillot et Lurel af firment, comme l'a écrit Nouvelles Etincelles, « vouloir poursuivre lestravaux, dans le cadre de la réso lution du 24 juin 2009. Pourtant, ils mettent en débat, à ceCongrès, trois résolutions conçues pour enfermer la Guadeloupe, définitivement, dans le droit commun et l'assimilation. Ce piège fatal peut, néanmoins, être évité si la Guadeloupe trouve dans ce Congrès, des élus qui n'ont pastout perdu de leur sens moral, de leur indépendance, du respect qu'ils doivent au peuple guadeloupéen». Le journal Nouvelles Etincelles les exhortait à se prononcer favora blement sur la résolution n°2 seulement et à mettre en place un calendrier pour l'élaborationdu Projet guadeloupéen. Mais c'était sans compter avec deux paramètres : 1L'activisme et les moyens de pression de l'Etat français enGua-deloupe. Le Préfet Jean Fabre, dans une lettre adressée le 20 décembre 2009 à tous les élus, s'est chargé de les ramener vite àl'ordre, en leur rappelant que la réforme territoriale validée par le Conseil Constitutionnel s'appliquait de plein droit en Guade loupe. Tout le monde était désor mais à sa botte. 2Le niveau de machiavélisme de Gillot et de Lurel. T aclés par le pouvoir Parisien, ils s'appliquent à transformer la situation à leur avantage enmontant un nouveau coup de poker. A l'ouverture de laréunion, après les discoursd'usage des Présidents, leconseil-ler régional duLamentin, Jocelyn Sapotille,demande la parole pour uneproposition. Il n'improv ise pas, même s'il donne l'impression de bégayer. Il a un texte, donc son coup est préparé. Il propose d'ajouter deux points à l'ordre dujour : 1°Le Congrès approuve-t-il la loi de la réforme territorialeen l'état ? 2°-1Le Congrès approuve-t-il la réforme territoriale avec des adaptations ? Cette proposition est contraire à la loi et au règlement intérieur qui organise le fonctionnementdu Congrès. Surprenant, aucun élu ne réagit pour un rappel au règlement.Le Président Lurel, en grand démocrate, respectueux des institutions, accepte avecdélectation ces propositions. Libéré par la passivité des élus, il pousse le bouchon jusqu'àplacer ces questions nouvelles qui ne font pourtant l'objet d'aucun rapport, comme l'exige la loi, en 2 bis et en 2 ter de l'or dre du jour prévu initialement. Jacques Gillot reste coi. Surpriseou complicité ?Le piège du jour était posé. Sans surprise, la majorité de la syner gie vota comme un seul homme les résolutions n°2 ; 2bis ; 2ter.C'est à ce moment que le Président Gillot se réveille, comme par enchantement, et propose, la résolution n\2412ayant été votée, «d'arrêter là, les travaux pour reprendre au mois de mai 2011, le chantierdu Projet de société». Il n'était pas surpris. Il était complice du coup fourré. Victorin Lurel, sans se démon ter et sans hésiter, propose à l'Assemblée qui accepte, d'adopter la proposition de Gillot. Le piège s'était refermé. Nos deux «maskotè» venaient de réussir, sans gloire et par la ruse, un coup qui était déjà program mé la veille, dans une réunion de crise de leur majorité : amarrer la Guadeloupe à la réforme des col lectivités territoriales en France pour rester dans le statu quo et ledroit commun.L'EPILOGUE A PETIT BOURGL'épilogue de cette arnaque qui fera date dans l'histoire politique de la Guadeloupe a eulieu le dimanche 12 janvier àla salle Laura Flessel à PetitBourg. Le maître de la France,le patron des élus soumis ausystème de «pwofitasyon» enGuadeloupe a, publiquement, devant de millions de téléspectateurs en France et dansles «Outremers», déclaré lacopie des élus guadeloupéensillisible, incompréhensible. Parpolitesse, il ne voulait pas dire nulle, mais il l'a déclaré inacceptable en l'état. C'est lahonte. Lurel et Gillot ont reçuune gifle qui va résonner longtemps encore aux quatre coins du monde. Le PrésidentNicolas Sarkozy , avec une iro nie qui pointe le ridicule de la situation, a convoqué les élusguadeloupéens à l'Elysée le 14 février 2011, jour des amou reux, pour une explication detexte entre les quatre yeux, en précisant sur le ton du maître déçu par les incohérences deses élèves : «pour me dire ce qu'ils veulent vraiment !». Manifestement, Lurel et Gillot ont échoué et apparais sent comme les derniers de la classe, par rapport aux autrescolonies de la France :Martinique, Guyane, Réunion, Polynésie, Nouvelle Calédonie, etc... Que font les hommes poli tiques d'honneur quand ils ont échoué ? Ils démissionnent, répondent en chœur les justes !