Le maintien des personnes âgées à domicile: Un business menacé ?

La prise en charge des personnes âgées est devenue depuis longtemps un problème de société en Guadeloupe.Les prévisions démographiques,à l’horizon 2022 positionnent cette question comme l’un des défismajeurs de ce siècle pour notre pays.Comment nous préparer à cette évolution?

C’ est un dossier qui doit être pris à bras le corps par les décideurs institu- tionnels et les acteurs des servi - ces de santé et sociaux. Avertis, nous n’avons pas le droit de nous laisser surprendre.

LA POLITIQUE DU CONSEIL GENERAL EN LA MATIERE

Le Conseil général de la Guadeloupe, dont c’est la compétence, a mis en place, depuis plusieurs années, une politique en direction des personnes âgées de maintien à domicile reposant sur deux dispositifs:

- L ’Aide personnalisée à l’Autonomie (L’APA)

Cette aide permet à la person- ne âgée de payer une personne qui travaille à son domicile pendant quelques heures de la journée pour l’assister dans les taches courantes. Cette aide a permis l’émer - gence d’un secteur d’activités à travers des dizaines d’associations qui emploient, sur tout le territoire, plusieurs centaines d’aides à domicile. Les associations qui ont connu, pendant plusieurs années, leur «vache grasse» commencent à s’inquiéter , car , le Conseil général, confronté à l’obligation d’une gestion plus resserrée de son budget, dans un contexte marqué par la crise des finances publiques est contraint de réduire le nombre d’heures attribuées aux personnes âgées. Cela aura des conséquences certai- nes sur les emplois et la pérennité des associations.

- L ’accompagnement de nuit

Le Conseil général a mis en place l’accompagnement de nuit, une prestation très appréciée par les personnes âgées vivant seules et par leur famille. Les 75 heures attri - buées chaque mois permet - taient à une salariée de passer trois nuits par semaine chez la personne accompagnée. Devant le coût de la mesure, le Conseil général a décidé d’utiliser une nouvelle formule dite de garde itinérante de nuit. Il s’agit, pour la salariée, de pas - ser au domicile de plusieurs personnes âgées en début de nuit, puis en fin de nuit pour s’assurer que tout va bien. Ce nouveau dispositif, appliqué dans le cadre de directives ministérielles et européennes, a fait l’objet d’un appel d’offres aux entreprises privées qui ont pris la plus grosse part du gâteau devant les associations prétendument à but nonlucratif. Cette nouvelle situation va créer des difficultés supplémentaires pour les associations et particulièrement pour les aides à domicile.

LA CREATION DE MAISONS D’ACCEUIL SPECIALISEES VA CHANGER LA DONNE

La vie des personnes âgées est devenue, aujourd’hui, un vrai marché qui suscite toutes lesconvoitises. On voit fleurir, entre autres, de nombreux projets de cons - truction de maisons spéciali - sées et de foyers d’héberge- ment pour personnes âgées. Les frais de séjour étant particulièrement élevés dans ces foyers et le Conseil général ne pouvant assumer que sa compétence en matière d’aide sociale, les enfants sont sollici - tés pour répondre à leurs obligations envers les parents.V oilà ce qui change toute la donne. L’appétit des associations qui se sont installées dans ce secteur depuis des années est contenu. Les progénitures qui avaient délégué leur respon - sabilité à la collectivité sont sommées d’apporter leur contribution à l’ef fort général. Le business des personnes âgées à domicile est menacé. Ce qui nous préoccupe c’est l’a- venir des salariés de ce secteur.