LA VÉRITÉ DE CARACAS !

Ne sont surpris ou offusqués chez nous, du lynchage médiatique et pire, du mépris des hommes politiques français que vient de subir Victorin Lurel, ci-devant ministre de la France, que ceux qui ont la mémoire courte, les sots ou les indécrottables larbins du colonialisme. Marie-Luce Penchard et sa mère Lucette, qui ont été ministres avant Lurel, ne peuvent pas avoir déjà oublié l'arrogance, le mépris, la désinvolture de l'élite politique et médiatique français à leur égard. Elles n'auraient pas dû joindre leur voix à celle des racistes et nostalgiques de l'esclavage des nègres. Nous pourrions passer en revue toutes les fois où des compatriotes qui ont eu à représenter la France dans la sphère politique, sportive ou autres, ont été incendiés, dénigrés au moindre prétexte : Roger Bambuck expédié dans un bled au fin fond de la France où les habitants n'avaient jamais vu un noir, comme candidat député pour se faire humilier ; Marie-Jo Perec championne olympique française jusqu'en Australie où, en difficulté, elle est devenue la Guadeloupéenne, la négresse, décriée par toute la presse et les dirigeants français. Dans ce qu'il faut appeler «l'affaire de Caracas», les choses sont claires, limpides. Même les plus niais peu - vent comprendre que ce qui est reproché à Victorin Lurel, ce n'est pas son insuffisance, son incapacité dans la représentation de l'Etat français ou encore d'avoir provoqué un incident diplomatique. On peut être en désaccord politique avec lui, et nous le sommes, mais nous reconnaissons honnête - ment, qu'il a conduit cette mission avec compétence et panache. La vérité, et c'est la même depuis le commencement, on ne peut pas être calife à la place du calife. Cette vérité, elle est certainement insupportable pour tous ceux qui chez nous, font tout pour nier leur identité et leur histoire, c'est que nous ne sommes ni blancs, ni Français de France. La France de la diversité, multiraciale et multiculturelle c'est de la pure propagande. Dire cela, ce n'est ni être raciste, ni anti-Français. Mais, à contrario, ce qui est insupportable pour les Français, c'est que la France soit représentée par un nègre de la Caraïbe, même si c'est aux obsèques d'un autre nègre, un «zambo» de l'Amérique latine. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont voulu hypocritement se défausser sur Victorin Lurel, placé dans le rôle du nègre de service, mais ils ont sous-esti - mé le personnage. Victorin Lurel qui sait qu'il n'est qu'un locataire à la rue Oudinot, doit considérer son ministère comme un terrain d'entrainement pour un nouveau challenge qui ne peut se jouer qu'au niveau de la Caraïbe. A Caracas, sa déclaration ne relevait ni de l'improvisation, ni d'un glissement sémantique il a fait un choix stratégique étudié. Il a pris date avec la Caraïbe et l'Amérique latine inscrivant son avenir politique dans cet espace. Dans le même temps, il a mis à nu le vrai visa - ge du pouvoir politique français et en passant, il a renvoyé à l'exécutif français son bébé mort-né. Sur le fond, nous partageons sa déclaration parce qu'elle est juste. La compa - raison avec De Gaulle est indiscutable pour la période qui va de la période d'après-guerre où le général s'est allié avec les communistes français pour appliquer le programme du conseil national de la résistance qui a instauré toutes les grandes conquêtes sociales et économiques en France. C'est exactement la même voie que le lieutenantcolonel Chavez a suivi en s'alliant avec les communistes vénézuéliens pour développer un programme de justice sociale et de large démocratie. Le socialiste Hugo Chavez soutient largement la comparaison avec Léon Blum, le socialiste français, parce qu'ils partageaient le même amour de l'homme et particulière - ment, l'exigence de libérer les travailleurs de l'exploitation. Enfin, il faut souligner le courage et l'honnêteté de Lurel d'avoir recon - nu à la face des Français, confondus devant le monde entier par ce minis - tre venu, pour plagier le nouveau pape catholique, de l'autre monde, que Hugo Chavez n'était pas un dictateur, mais le Président le mieux élu de la planète. Des oreilles ont dû siffler. Lurel va-t-il tirer les leçons de Caracas pour sortir de cette relation contre-nature qu'il entretient avec la bête immonde.