Ethique et politique

Il y a 21 ans, à l'initiative de l'Association des Elus Communistes et Appa- rentés, 250 Guadeloupéens venant de tous les horizons et de toutes les communes de Guadeloupe se sont réunis à Raizet aux Abymes autour d'un thème qu'exigeait un climat politique qui devenait irrespirable, marqué par des trahisons en cascades, des comportements qui s'affranchissaient de tous principes moraux, des signes d'enrichis - sement personnel ostentatoi- res, des prises de position antidémocratiques. Les propositions sorties de ce séminaire avaient sonné comme des coups de tonnerre qui ont ébranlé les politiques et élus guadeloupéens qui commençaient à s'engager dans les zones marécageuses de la politique politicienne. La campagne lancée par le Parti Communiste Guadeloupéen, portée jusque sur le sol de France dans les centres de pou- voir, avait sérieusement ébranlé le personnel politique et réveillé la vigilance citoyenne. Nos propositions ont été discu- tées par différents gouvernements français et des tentatives de moralisation ont été faites. Mais, aujourd'hui, les choses ontelles réellement changées ? Les politiques et les élus guadeloupéens adhèrent-ils à cette charte éthique que les communistes ont proposée ? Le spectacle lamentable auquel toute la Guadeloupe vient d'assister avec ce 14e congrès laisse à penser que le ver est dans le fruit. Il faut revenir sur le métier, remettre en débat les propositions d'un code moral pour les élus guadeloupéens et notamment, la première proposition qui nous semble d'actualité : La révocation des élus.

«Ethique et politique» Un code moral pour les élus de la Guadeloupe APPEL DES PARTICIPANTS AU SÉMINAIRE

Les participants ont d'abord constaté, à partir d'exposés de faits précis et de témoignages directs, une rapide dégradation des mœurs politiques en Guadeloupe marquée par : des scandales politico-financiers non élucidés par la justice ; la faillite des collectivités locales ; le déve - loppement du népotisme et du pouvoir personnel ; le comportement immoral de certains élus qui trahissent impunément leurs engagements et d'autres, qui s'enrichissent effrontément sur le dos des contribuables. Cette situation malsaine jette le discrédit sur l'ensemble de la classe politique en Guadeloupe, détourne les Guadeloupéens de la vie politique, donc de la gestion de leurs affaires, favorise l'abstention et l'irresponsabi - lité, mais aussi en germe les éléments d'une révolte sociale que nul ne peut prévoir ni mesurer . Comme cause objective de cette démoralisation, les participants ont dénoncé le système capitaliste et colonialiste dans lequel évolue les Guadelou- péens ; système basé sur l'exploitation et l'oppression dont la raison d'être est le profit maximum, qui fait l'apologie de la richesse matérielle rapidement acquise et de l'argent faci - lement gagné. Ils appellent à briser ce système pour donner un autre sens à la vie de l'Homme. Mais, dans l'im - médiat, les participants estiment indispensable d'œuvrer à la moralisation de la vie politique en Guadeloupe en développant le plus possible la démocratie et en fixant des règles plus précises pour l'exercice des mandats électifs sur la base des propositions suivantes :

1) Organiser la participation du citoyen à la vie publique en lui donnant la possibilité juri - dique de révoquer un élu en cours de mandat. 2) Etablir réellement la sépara- tion du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire, pour faciliter le règlement des scandales politico-financiers. 3) Mettre à la tête des collectivi - tés locales un véritable exécutif collégial pour lutter contre le pouvoir personnel 4) Elargir et appliquer partout le principe du non-cumul des man - dats pour éviter l'irresponsabilité, les magouilles et autres gabegies. 5) Limiter dans le temps l'exercice de tout mandat électif exercé par un citoyen, pour empêcher le népotisme et les conséquences de l'usure du pouvoir. 6) Instaurer une plus grande transparence dans la situation de richesse de tous les élus, en exi- geant la déclaration publique de leur patrimoine au début et à la fin de leur mandat, pour empêcher les combines, les rackets et les pots-de-vin. 7) Modifier la loi sur le financement des partis politiques pour soustraire les partis de la domina - tion des élus et éviter l'éclosion de multiples groupes politiques bidons, par les parlementaires attirés par l'apport du gain. 8) Simplifier la procédure judiciaire pour permettre à tout citoyen d'ester en justice quand il estime les intérêts de la collectivité lésés par une décision quelconque des élus. 9) Mettre en place un véritable statut de l'élu qui lui donne des garanties sur le plan professionnel, social et de sa formation, pour limiter les compromissions et le carriérisme coupable. 10) Soumettre à la justice tous les cas connus de scandale politico-financier.

Sur la base de ces propositions, les participants au séminaire appellent toutes les organisa - tions politiques, sociales et pro - fessionnelles, tous les élus, tous les démocrates à se rencontrer pour poursuivre la réflexion en vue d'élaborer un Code Moral pour les Elus de la Guadeloupe.