Célestin Freinet et Fernand Oury : Deux pédagogues français de dimension internationale

La journée du jeudi 21 mars 2013 s'est achevée par un retentissant coup de tonnerre, qui a mis en émoi tout le landerneau politique français, c'est la mise en examen de l'ex-président de la république française Nicolas Sarkozy,pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettancourt. Ce même jeudi 21 mars, chose bizarre,passée inaperçue, France Inter consacrait deux émissions aux probléma- tiques de l'école et de l'Education en France.Quelle mouche...! Pourquoi cette soudaine sollicitude ?

D ans la matinée France Inter offrait son micro à Alain Finkielkraut, raciste invétéré bien connu, et partisan d'une école élitiste, seule et unique thérapie selon lui, pour sauver celle-ci du coma profond dans lequel elle a sombré. Pour lui, l'école était morte, morte de sa plus belle mort. La coexistence dans une même classe, d'une élite et d'une “racaille” composée d'immigrés et d'accidentés mentaux, en était la cause principale, a déclaré Finkielkraut. Dans de telles conditions, af firma-t-il, le niveau de l'éducation en France, ne pouvait aller qu'en se dégradant au fur et à mesure. Philosophe grandiloquent, imbu de sa “science” et de sa person - ne, il avait déjà commis un livre dont le titre était : “La défaite de la pensée.” Tout un programme ! Makarenko, célèbre pédagogue russe, éducateur des enfants abandonnés, pionnier de la nouvelle pédagogie soviétique, avait mis en place, lui, une méthode “susceptible de produire une transformation pro - fonde, voire brutale, du monde intérieur des enfants

.” “Si l'enfant est déclassé par suite de circonstances défavorables de son existence, il s'agit de la rele - ver au niveau d'une conscience normale. Ne jamais rappeler ses fautes,” écrivait Makarenko. L'après-midi c'était au tour de Valérie Pécresse et Jack Lang, tous deux anciens ministres de l'Education, d'interpréter sur France Inter , leur partition respective sur l'école. Aucune de ces trois personnes, considérées comme des élites de la nation française, n'avait de réponse ou d'élément de réponse à proposer pour l'amélioration de la qualité de l'éducation dispensée dans leur pays. Ne parlons pas de la Guadeloupe ou des autres colonies dont tous les secteurs d'activités y compris l'éducation, sont af fectés d'un épou - vantable coef ficient colonial. Nos trois élites ont fait état de la même morgue, des mêmes condamnations définitives s'agissant de Finkielkraut, de la même incapacité à comprendre que l'école n'était pas un domaine à part, mais bien une activité directement influen- cée par la lutte de classe, la misère sociale, les dif ficultés rencontrées par les familles, les parents, pour assurer un minimum décent à leursenfants. Aucune de ces personnes n'a osé mettre en cause la contra- diction fondamentale qui existe entre les objectifs, la philo - sophie de la société capitaliste et les besoins réels des masses en matière d'éducation. Les goulots d'étranglement, les chemins piégés ont été multipliés afin de faire le tri entre les élites, dont une par - tie seulement atteindra le bout du tunnel, et la “racaille” qui échouera inévi- tablement sur le bord du chemin, à la recherche d'un apprentissage, d'une forma - tion, d'un emploi, d'une bouée de sauvetage pour éviter de sombrer définitive ment. En dépit des promesses de François Hollande sur l'école, sa pratique quotidienne consiste comme par le passé, à surfer sur l'écume des vagues des difficultés, sans chercher à en maîtriser les causes, les mécanismes, afin de les élimi- ner. En un mot, c'est la gestion loyale des intérêts du capitalisme, comme le dénonçait jadis Guy Mollet, pape de la S.F.I.O. française.

CÉLESTIN FREINET, MEMBRE DE L'INTERNATIONALE COMMUNISTE

La France pourtant a enfanté deux pédagogues de renom, Célestin Freinet et Fernand Oury, initiateurs de méthodes pédagogiques pratiquées dans le monde entier. Aucun d'eux ne fut cité ! Non par ignorance, mais par choixpolitique. Célestin Freinet, membre de la section française de l'Internationale Communiste, parcourt la jeune Union Soviétique, rencontre Makarenko et Maïakovski, s'inspire de leurs méthodes, de leurs découvertes, de leursexpériences. Expression libre, correspon - dance scolaire, imprimerie, journal scolaire, vie coopérati - ve de la classe, plan de travail, fichier auto-correctif, mise en cause de l'enseignement tra - ditionnel et de la société capitaliste, ont été des pratiques introduites par Célestin Freinet. Il a fait de la vie des enfants, de leur expression, le point de départ, le centre d'intérêt du travail scolaire. Le bulletin qu'il produisait avec ses élèves avait pour titre “L'Educateur prolétarien”, quiaf firmait l'orie ntation résolu - ment populaire de cette pédagogie. Plus tard apparaîtra Fernand Oury, dont les principales références avaient pour nom : Célestin Freinet et Karl Marx. Il découvre la méthode Freinet qu'il adopte et enrichit. Les batailles de chif fon - nier auxquelles on assiste aujourd'hui concernant le découpage de la semaine sco- laire et les méthodes de travail, paraissent tout simple - ment ridicules, comparées aux travaux pratiques, psycholo - giques, étalés sur plusieurs décennies, et réaliséspar Célestin Freinet, Fernand Oury et leurs collaborateurs. Les clas- ses homogènes, sans différence de niveau, n'existent que dans les têtes des élites et des politiques, qui n'ont jamais été confrontés aux réalités de fonctionnement d'une classe sur le terrain. La base de ce travail est fondé sur le rythme vécu par les enfants dans la réalité, et la constitution de groupes de niveaux, la meilleure forme d'émulation qui existe. Les résultats de ces travaux, de ces constats sont exposés, détaillés dans un livre traduit dans une multitude de langues, écrit conjointement par Fernand Oury avec la psychologue vénézuélienne, AïdaV asquez, publié chez Maspéro en 1967 : “Vers une pédagogie institutionnelle.” Comme nous le disions plus haut la pédagogie mise en place par Freinet, auteur du livre : “L'école du peuple”, enrichie par Fernand Oury, est connue et pratiquée dans le monde entier . Nous conseillons à Finkielkraut, Pécresse et Lang la lecture ou la relecture de Freinet et Oury ! Ils comprendront pourquoi l'Education qui, à Cuba, n'est pas une marchandise, mais un droit, un devoir du système socialiste envers le peuple tout entier, a atteint un tel niveau de déve - loppement. Tout comme la santé, en dépit du blocus étasunien, de l'insularité, des dif ficul- tés économiques, conséquence de l'attitude belliqueuse des USA et de l'Union européenne. Ils comprendront pourquoi le moindre “rouleur” de cigares, le moindre ouvrier d'usine à Cuba, connaît Proust, Victor Hugo, ou Alloïsius Bertrand.

La France pourtant a enfanté deux pédagogues de renom,Célestin Freinet et Fernand Oury,initiateurs de méthodes pédagogiques prati- quées dans le monde entier.Aucun d'eux ne fut cité ! Non par ignorance,mais par choix politique.