69e Anniversaire de l'Appel au Peuple Faisons fructifier le riche héritage Morale et Politique légué par nos prédécesseurs HOMMAGE AUX COMMUNISTES DISPARUS

C omme chaque année, les communistes commémorent «l'Appel au Peuple» lancé, il y a 69 ans par les quatre signataires dont, Sabin Ducadosse, Raphaël Félix-Henry, Rosan Girard et Hégésippe Ibéné pour la création du Mouvement Communiste en Guadeloupe. Cette date cor- respond aussi à la date d'anniversaire du Parti Communiste Guadeloupéen, lequel s'est détaché de sa tutelle, la Fédération du Parti Communiste Français, pour prendre en main sa destiné. Le 30 avril, c'est aussi, un moment de sou - venir consacré aux communistes disparus qui ont, eux-aussi, contribué à la construction de leur pays. Cette année-ci, la manifestation a eu lieu le samedi 27 avril pour faci - liter la présence du plus grand nombre, familles, amis et camarades, mais, c'était sans compter avec le mauvais temps qui sévissait sur l'archipel guadeloupéen. La céré- monie qui a eu lieu au cimetière de Pointe-à-Pitre a cependant été épargnée par les pluies diluviennes. C'est Fred Sablon qui a eu la charge d'intervenir pour l'occasion

. Le PCG remercie la présence des organisations à ses côtés, telles que la CGTG, qui était représentée par Mme Marie-Agnès Castro, l'UPLG (l'Union Pour la Libération de la Guadeloupe) représentée par son Secrétaire Général Mme Marie-Christine Myrre-Quidal, M. Ken Kelly membre dirigeant du COP A - GUA (Collectif des Patriotes Guadeloupéens), les familles des disparus et les camarades.

«Guadeloupéens, venez à nous. V ous nous trouverez toujours à l'avant garde du combat contre ceux qui vivent de l'exploitation de l'Homme. Au milieu des ténèbres de l'agonie capitaliste, nous vous apprendrons à voir clair et à espérer».

Chers parents, amis et camarades,

C'est en ces termes que les fonda- teurs de la Section Guadelou-péen- ne du Parti Communiste Français concluaient leur «Appel au peuple», le 30 avril 1944 sous la signa - ture de Rosan Girard (docteur en médecine), Sabin Ducadosse (métal - lurgiste), Hégésippe Ibéné (avocat) et de Raphaël Félix-Henri (ébéniste) : deux travailleurs manuels, deux travailleurs intellectuels.

Quatre des plus dignes fils que comptait à l'époque la Guadeloupe et qui, au nom de dizaines d'autres qui se réunissaient déjà depuis quelques temps, lançaient donc cet «Appel» historique, acte fonda - teur du Mouvement communiste à la Guadeloupe. C'est qu'à l'époque déjà, deve- nait de plus en plus insupporta- ble la férocité du système colonial, doublée des privations, restrictions et actes de répressions qu'aggravaient les ef fets de la 2e guerre mondiale en France et dans une grande partie de l'Europe.

La misère était palpable, même si l'ingéniosité des gens de la colonie palliait bien des situations ; les problèmes sanitaires étaient exacerbés. Le peuple souffrait dans sa chair. Le règne des usiniers suceurs du sang des travailleurs était à son paroxysme, eux qui se sucraient chaque jour un peu plus de la sueur de leurs assujettis, exploités et opprimés.

Bref, la Guadeloupe vivait si mal qu'il fallait un sursaut. Il vint de quelques hommes qui, d

ès l'entame de leur initiative,s'af firmèrent «communistes guadeloupéens». En ef fet, je l'ai dit tout à l'heure, c'est la «section guadeloupéenne du Parti Communiste Français» qui lança l'«Appel au peuple». Une section créée ici en Guadeloupe, à l'initiative des fondateurs, sans même que le Parti Communiste Français ne soit pré - alablement mis au courant.

C'est dire que, dès le départ, la volonté d'indépendance de mouvement animait déjà l'équipe.

Et le «Branle-bas de combat», lancé une semaine plus tard, le mercredi 7 juin 1944 par le doc - teur Rosan Girard dans le premier numéro de «L'Etincel-les», n'était donc qu'une piqûre de rappel, à l'adresse d'un peuple, dont nombre d'éléments commençaient déjà à prendre leurs marques pour entamer la marche aux côtés du jeune Mouvement com - muniste naissant.

69 ans dans trois jours ! Et aujourd'hui encore, dans les conditions que nous savons, rien n'arrête les communistes guadeloupéens qui continuent à s'inscrire dans l'histoire de leur pays, comme l'ont fait avant eux des milliers d'autres aujourd'hui disparus, et pour lesquels nous avons en ce moment une pensée.

Ces hommes et ces femmes qui parfois, au péril de leur vie, au détriment quelques fois de leurs proches, ont donné de leur temps, de leur énergie, de leurs moyens pour leur pays, au sein de notre Parti. Nous leur sommes aujourd'hui reconnaissants tout comme nous l'espérons, le sera pour eux la postérité, tant nous croyons en la pérennité des idéaux qui guidè- rent, qui guident et guideront encore longtemps l'action descommunistes. Oui, chers amis, chers camarades, les raisons objectives qui ont présidé à l'avènement du Mouvement communiste en Guadeloupe, perdurent. Même si la colonie est devenue juridiquement «Département» le 19 mars 1946, l'essence même du colonialisme perdure.

Même si l'oppression coloniale a changé de forme avec les mutations observées en Guadeloupe, au fil des années, elle demeure la pierre angulaire du système capi- taliste, doublée ici des réelles et larges séquelles de l'économie de plantation qui continue à générer la pwofitasyon. C'est dire que nous devons, vaille que vaille, poursuivre l'œuvre de nos illustres prédécesseurs qui n'ont eu de cesse de nous marte- ler, comme ils l'ont écrit dans l' «Appel» que nous avons le devoir de réaliser «l'union active des exploités contre les exploiteurs».

Le «Front démocratique guade - loupéen, en vue de l'émancipa- tion politique, économique et sociale du peuple» qu'ils ont préconisé dès le 7 juin 1944 dans «L'Etincelle», n'est-il pas toujours à l'ordre du jour ? Le «Plan de protection de la santé publique en Guadeloupe et dépendances» élaboré par Rosan Girard et paru dans le même numéro du journal, malgré l'éradi - cation de certaines maladies n'est- il pas encore viable, surtout avec l'apparition de nouvelles pathologies ? Autant dire que les hommes meurent, mais, jamais leurs idées, leurs idéaux révolutionnaires. C'est pour cela qu'aujourd'hui, le Parti Communiste Guadeloupéen, né le 30 mars 1958 à Capesterre de Guadeloupe (aujourd'hui Capesterre Belle-Eau), digne héritier des pères fondateurs, poursuit la dure, mais exaltante tâche d'unification des Forces Patriotiques, Anticolonialistes et anti Capitalistes pour arracher la totale décolonisation de notre pays.

Au cours de ces 55 dernières années, aucun effort ne fut ménagé pour tenter de réaliser cette tâche que commande le salut du pays.

En ayant pris, il y a peu, l'initiative de regrouper les Forces Patriotiques, anti-capitalistes et anti Colonialistes au sein des FPAC, le PCG ouvre, avec les trois autres organisations qui l'accompagnent - le COPAGUA, le FKNG, l'UPLG, une voie, la seule viable qui puisse conduire notre peuple, dans un premier temps, à arracher un statut politique de large autonomie. Cette large autonomie dont notre peuple doit négocier les contours avec le pouvoir français, est une condition sine qua non à minima, si nous voulons ralentir la descente aux enfers, chaque jour plus vertigineux de notre pays. Elle devra nous permettre, en ayant nous-mêmes une meilleure maîtrise des affaires de la Guadeloupe, de sauver ce qui peut l'être encore et d

'ouvrir des perspectives devant permettre au pays de mettre réellement le cap vers un meilleur développe - ment économique et social.

Chers amis et camarades, Qu'ils auraient été heureux, nos camarades communistes disparus, des plus humbles aux plus illustres qui ont tant donné pour chercher chaque jour, l'unité du peuple guadeloupéen de saluer cette initiative des FPAC qui conduit à dépasser les divergences de vue du passé pour mettre en avant l'objectif commun : détôtyé Gwadloup é voyéy monté pli o, pou divini a zenfan Gwadloup.

Oui amis et camarades, en cette année du centenaire de la nais- sance de deux communistes guadeloupéens illustres : Rosan Girard qui aurait eu 100 ans le 16 octobre 2013 et Paul Lacavé qui en aurait eu autant le 13 décembre 2013, et à un an du centenaire d'un autre illustre, Hégésippe Ibéné : «an nou pa pè, an nou doubout pou nou woulé ansanm pou Gwadloup an nou».

Prenons l'engagement sur la tombe de Siméon Pioche, de Séverin Lombion, de Jean Adélaïde et en mémoire d'autres communistes qui ont voué leur vie au combat, prenons l'engagement de poursuivre, vaille que vaille, la lutte pour le changement dans la voie tracée par ces illustresprédécesseurs. Ils ont labouré, semé du bon grain, à nous de faire fructifier le riche héritage moral et politique qu'ils nous ont légué.

Pour réaliser cette noble tâche, nous aurons besoin du concours de tous ceux qui admettent que notre pays ne peut plus voguer vers le néant. Pour changer d'horizon, nous aurons besoin de vous aussi, parents, pour nous aider à poursuivre l'œuvre entamée au sein du Parti par vos chers disparus. V otre place est à nos côtés pour investir les places de ces défunts qui demeurent vacantes pour une grande part.

Nous aurons besoin de vous aussi, chers amis, vous qui en grande partie reconnaissez la justesse de nos analyses, la constance de notre action et la fidélité à notre idéal communiste. Venez avec nous consolider cet outil irremplaçable qu'est le Parti CommunisteGuadeloupéen. Faisons donc de ce moment de mémoire, un grand jour d'engage - ment pour le pays.

Il y a 69 ans, dans l' «Appel au peu- ple», les quatre signataires écrivaient entre autres : «… Il y a place dans nos rangs pour tous ceux qui veulent, sans arrière-pensée, l'union active des exploités contre les exploiteurs. D'où qu'ils viennent, nous fraterniserons avec tous les hommes de bonne foi qui épouseront notre idéal. Nous sommes les défenseurs de la vérité et voulons d'un monde fondé sur la justice…». Ni une virgule, ni un point à enle - ver, tant notre volonté est aujour- d'hui encore immuable.