“Race, Esclavage et Réparation” : Hollande botte en touche !

Le 10 mai 2001,le Parlement français adoptait la loi Taubira qui r econnaît la tr aite négriè - re et l'esclavage,comme crimes contre l'humanité. Depuis,le “10 mai”est la date anniversaire choisie par les autorités françaises pour lacommémor ation de l'aboli - tion de l'esclavage.

O n se souvient, les milieux fascisants et d'extrêmedroite y compris Nicolas Sarkozy avant son élection à la présidence de la république française, ont tout fait pour empê - cher l'adoption de la loi Taubira, voire pour obtenir son abrogation, au motif qu'ils en avaient marre des “repentances”, et que, au surplus, la déportation de millions de jeunes africains des deux sexes, d'enfants, les traites négrières, l'esclavage, la coloni- sation, les campagnes musclées d'évangélisation contenaient des “aspects positifs”... Le 10 mai 2013, lors de la cérémonie de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, le pré - sident de la République française, François Hollande déclarait publiquement que le “racisme” était toujours abondamment répandu dans la société française. Ouvert, insidieux, grimmé, dans la rue, au travail, à l'école, dans le sport, dans tous les domaines d'activités de la socié- té française, le racisme pourrissait quotidiennement la vie de tous ceux qui, en France, n'ont pas eu la chance d'avoir des ancêtres d'ascendance “gauloise.” Situation que nous n'avons jamais cessé de dénoncer dans les colonnes de ce journal. François Hollande la reconnaît et la dénonce aujourd'hui ! Mais il ne prend aucune dispo- sition pour faire disparaître les causes de son profond enraci- nement dans la mémoire collective française.

“SUPPRIMER LE MOT “RACE” DE NO TRE CONSTITUTION”

“Il n'y a pas de place dans la République pour la “race.” Et c'est pourquoi je demanderai au lendemain de la présidentielle au Parlement de supprimer le mot “race” de notre Constitution”, déclarait le candi- dat Hollande.

Promesse toujours non tenue, comme beaucoup d'autres... On verra si cette proposition sera soumise aux parlementaires qui se réuniront à Versailles au mois de juillet prochain. Comment se fait-il que depuis 1950, date de la publication de la Déclaration de l'UNESCO, déclaration rédigée à la Maison de l'UNESCO à Paris, comment se fait-il donc que le mot “race” n'a toujours pas disparu de la Constitution française, pays des Droits de l'Homme, de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité ? “Le racisme est l'expression d'un système de pensée fondamentalement antirationnel et il constitue un défi à toutes traditions humanistes. A ce titre, il heurte de front tout ce que l'UNESCO symbolise et s'efforce de défendre”, peut-on lire dans la déclaration de 1950. La France l'un des plus grands pays colonisateurs de tous les temps, engluée dans la recons- truction de son territoire et ses industries après les cata- strophes provoquées par la 2ème guerre mondiale, avait besoin de tous les bras, de toutes les matières premières que lui fournissait son immen- se empirecolonial sur lequel “le soleil ne se couchaitjamais”... Que disait Ernest Renan dont la philosophie était proche de celle d'Adolf Hitler ? “Nous aspirons non pas à l'égalité, mais à la domination. Le pays de “race étrangère” devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agri - coles ou de travailleurs indus - triels. Il ne s'agit pas de suppri - mer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d'en faire une loi.” Cette mentalité qui a imprégné plu- sieurs générations d'enfants et petits enfants gaulois est tou - jours très vivace dans la conscience collective française. Un parlementaire UMP, par ses récentes saillies racistes, destinées aux “descendants d'esclaves” et à Christiane Taubira, vient d'en faire la tri- ste démonstration. Les casseurs responsables des désord - res du Trocadéro(1) ne sont que des “descendants d'esclaves,” a-t-il déclaré.

LA CAISSE DES DÉPÔTS, C OMPLICE DE “CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ”

Le Conseil représentatif des Associations noires de France (CRAN) a choisi ce vendredi 10 mai 2013 pour porter plainte contre la Caisse des Dépôts et Consignations pour “complicité de crime contre l'humanité.” Le CRAN reproche à la banque de s'être enrichie avec l'esclava - ge et réclame l'indemnisation des descendants d'esclaves. Hollande toujours aussi vertueux et courageux, a botté en touche. Nous avons précédé cette revendication justifiée du CRAN. Dans un article : “La dette haïtienne est “odieuse et illégitime” ! Il faut l'annuler !” (NE. n°410 du 10 février 2011), nous écrivions entre autres : “Les Etats-Unis et la France en ont été pourtant les premiers bénéficiaires. Les dettes de Bonaparte sont refusées par les révolutionnaires de la Convention, en tant que “dettes odieuses” contraires aux intérêts des Français. La dette haïtienne “esclavagiste” est de même nature, “odieuse et illégitime.” Elle doit être refusée, les som- mes engagées pour la payer, remboursées à l'Etat haïtien. La dette “esclavagiste” imposée par la France à Haïti pendant 122 ans, les textes sont clairs, précis, entre dans la catégorie des atteintes dites historiques : l'esclavage, le pillage des matières premières, l'extermination des populations indigènes, le joug colonial.” “Alors que Jean-Bertrand Aristide avait intenté un procès à la France, pour la récupération des sommes versées indûment pendant 122 ans à ce pays par Haïti dans le cadre d'une”dette esclavagiste”, il fut éjecté du pouvoir. Le procès fut annulé et le problème réglé !” La plainte du CRAN est parfaite - ment justifiée. Elle s'appuie sur des bases juridiques solides, déjà examinées avec succès. Elles doi - vent faire jurisprudence.

SUR LES ASPECTS “POSITIFS” DE LA COLONISATION

Anéantissant une fois pour tou - tes la notion d'aspects “positifs” de la colonisation et d'autres cri - mes du même acabit, Aimée Césaire, dans son célèbre “Discours sur le colonialisme”, en fit une impitoyable descrip - tion, qui allait servir de bible et décupler la motivation de tous les pays engagés dans la lutte de libération nationale. Césaire écrivait : “Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la corvée, l'intimida- tion, la pression, la police, l'impôt, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suf fisan- ce, la muflerie, des élites décéré- brées, des masses avilies.” “Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission qui transforment l'homme colonisateur en pion, en adjudant, en garde-chiourne, en chicote et l'homme indigène en instrument de production.” “A mon tour de poser une équation : colonisation = chosification.” “J'entends la tempête. On me parle de progrès, de “réalisations”, de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessusd'eux-mêmes.” “Moi je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piéti- nées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordi- naires possibilités supprimées.” “On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemins de fer.” Moi, je parle de milliers d'hom- mes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l'heure où j'écris, sont en train de creuser à la main le port d'Abidjan. Je parle de millions d'hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.” “Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme.” Hollande a botté en touche, réduisant à néant par une honteuse pirouette, trois siècles d'es - clavage des descendants d'Africains, 122 ans de dettes esclavagistes payées par l'Etat haïtien à l'Etat français. En n'accédant pas à la requête du CRAN, Hollande refuse de recon- naître la responsabilité totale, entière de son pays dans l'enfon- cement régulier , systématique de Haïti dans une misère totale, absolue. Comment faire pour aider Haïti, a prétendu Hollande, décidé à noyer le poisson ? Nous avions déjà avancé quelques pistes : annulation de la dette actuelle de Haïti, dont les USA et Monsanto ont anéan- ti la production de riz, dons, dédommagements, réparations, sans contrepartie financière. Et nous ajoutions : “Ceux qui ont appauvri, détroussé et mis à nu le peuple haïtien doivent rendre des comptes.”

(1) - Dans le cadre des manifestations prévues pour fêter la victoire du Paris Saint-Germain, dans le championnat de foot-ball de Ligue 1.