30 AVRIL 1943 À PORT-LOUIS, IL Y A 70 ANS SOUVENONS-NOUS DE GÈNE, DAMAS, VILLEROY Port-Louis «La rebelle»

Port-Louis avait bien mérité de la Guadeloupe. Cette cité martyre a fait preuve d'incontestables qualités d'héroïsme et d'un amour remarquable de la liberté qu'elle mani- feste à chaque lutte populaire ouvrière.

Le 30 avril 1943, le mouvement de résistance «Pro Patria» a donné l'ordre en France d'entrer en action contre le Régime. Le mouve- ment de Port-Louis a reçu mis- sion de s'emparer par une action surprise des armes de la caserne de gendarmerie avec l'aide du réseau existant dans cette brigade. Mais le chef de brigade Pharon, du balcon du 10e étage, a lancé plusieurs grenades qui ont explosé dans les rangs des manifestants qui s'étaient déjà rendus maîtres du rez-de-chaussée.

Des Port-Louisiens tels que Auguste Gene ont été tués sur le coup, Hubert Cologer, ancien combattant qui venait d'être démobilisé a été gravement blessé et a perdu un œil.Marzepar , Rilcy, Boncœur, Damon ont été assez grave- ment blessés ainsi que deux femmes qui ont continué la légende héroïque des femmes guadeloupéennes commen- cée par la compagne de Delgrès, Rose Valcy et Mme Nel Semard.

Par ailleurs, l'agent de Police Barillot en mission pour le compte du maire vichyssois, directeur de l'usine Damoiseau, maire qui était nommé et non élu à l'époque, a fait feu à bout portant sur un citoyen désarmé Damas Abel qui est décédé par la suite. Puis la commu ne de Port-Louis a immédiatement été investie par les fusiliers-marins de la «Jeanne» qui sous les ordres de l'enseigne de Vaisseau Malet se sont livrés à des exactions dignes de celles des occupants nazis ou encore de la milice de T ouvier , pillant les basse-cour , injuriant les hom - mes, humiliant les femmes etef frayant les enfants.

Par mer, les côtes ont été blo- quées par le navire «Barfleur» mouillé au large de Port-Louis.

FEU SANS SOMMATION

Le couvre-feu établi dès 9 heu- res du soir, la patrouille circu- lant dans les rues non éclai - rées ont eu le droit de faire feu sans sommation.

Le 3 mai, dès 4 heures du matin est arrivé un détachement considérable de marins équipés en tenue de combat et montés sur des camions où étaient installés des mitrailleu - ses «hotchiss» avec des bandes charge uses en position de tir.

Sous cette protection la police militaire a procédé à la perquisition minutieuse des mai - sons Mirin, Nadir, Jadfard, etc. De nombreuses arrestations avaient été opérées dont cel - les de Flavien Nasso, de MM Henri Fadjard, pro-pharma- cien et Vertulien Corneille à qui on reprochait la fabrication de bombes.

De nombreux citoyens dont Rousseau Nadir, premier maire élu à la libération, ont été recherchés alors qu'ils avaient trompé la surveillance du «Barfleur» pour s'éloigner en canot. Les uns sont partis vers d'autres communes et des îles notamment anglaises : Antigua, Dominique, Sainte- Lucie, et les autres sont restés clandestinement dons la commune voisine d'Anse-Bertrand où tout simplement en lieu sûr au bourg de Port-Louis.

Le 10 juillet au soir Nadir et d'autres citoyens recherchés ont réapparu en public. Cette manifestation prématurée qui a causé un optimisme trom - peur a failli leur coûter cher. Ce soir -là, en effet, le citoyen Villeroy dit «Finette» qui s'était trouvé sur le bas de sa porte, a été fauché par unerafale.

La libération approchait, Le 13 juillet la capitulation des auto- rités de Vichy (fuite du Gouverneur Sorin) et l'arrivée du représentant de la France Libre / Gaulliste Hoppenot ont mis fin à une occupation mili - taire qui avait duré deux mois et demi.

Port-Louis avait bien mérité de la Guadeloupe. Cette cité martyre a fait preuve d'incon - testables qualités d'héroïsme et d'un amour remarquable de la liberté qu'elle manifeste à chaque lutte populaire ouvrière.