Les communistes lettons, avec les progressistes du Centre de l’Harmonie, remportent un succès historique aux élections locales

Les élections locales du 2 juin avaient valeur de test pour la coalition des partis lettons libéraux et nationalistes au pouvoir et qui appliquent depuis 2008 un plan d'austérité drastique tout en préparant à marche forcée l'entrée de la Lettonie dans la zone euro.

D ans les deux principales villes du pays, le triomphe est sans partage pour la coalition du «Centre de l'harmonie», une alliance progressiste ancrée dans la population russophone, et menée entre autres par les communistes du Parti socialiste de Lettonie (PSL).

Les communistes remportent la première place dans la deuxième ville du pays, Daugavpils (23,02%) et réalisent des scores honorables, en progression dans la troisième et quatrième ville du pays, respectivement à Liepaja (16,7%) et Jelgava (20,6%).

Le coup de tonnerre, c'est la victoire écrasante du «Centre de l'Harmonie» à Riga. La capitale du pays concentre un letton sur deux et l'essentiel des richesses dans l'ancienne «perle de l'URSS».

Le candidat présenté par la coali - tion pr ogr essiste, Nils U_akovs, jeune économiste de 33 ans, a remporté 58,5% des voix, et 39 sièges sur 60.

Le «Centre de l'Harmonie» avait remporté la mairie en 2009, mais avec alors seulement 34,6% et 29 sièges au Conseil municipal.

UN P AR TI OPPOSÉ À L'INTÉ- GRA TION DE LA LETTONIE DANS L'EURO ET SON IRRÉ- SISTIBLE ASCENSION

Cette victoire s'inscrit dans un contexte national de délégitimation du gouvernement d' «unité nationale», autour des partis nationalistes et libéraux, dans la poursuite des plans d'austérités adoptés depuis 2008.

Les partis du consensus national- européen ont fait adopter la bais- se des salaires de 20 à 50 % dans le public, la baisse du salaire mini- mum de 15%, des retraites de 10 à 70%, l'augmentation de la TVA de 19 à 21% tandis que l'Impôt sur les sociétés restait au taux minimum (flattax) de 10%.

En face, s eul le «Centre de l'Harmonie» portait une ligne conséquence d'opposition aux politiques libérales mais aussi à l'intégration eur opéenne,lui per - mettant d'élargir sa base électo - rale, celle de la communauté rus- sophone victime, depuis 1991, d'une politique d'exclusion.

En 2011, le «Centre de l'Harmonie» remportait pour la première fois les élections législatives avec 28,4% des voix, bien que la sainte alliance des partis anti-communistes, national-libé - raux et européistes les aient alors empêché de prendre le pouvoir.

Or, depuis 2011, la coalition pro- gressiste ne cesse de progresser, notamment sur ses positions d'opposition à l'Union européen- ne du capital mais aussi à l'intégration de la Lettonie à la mon - naie unique, prévue désormais pour janvier 2014.

Le «Centre de l'Harmonie» est le seul pays à critiquer la monnaie unique, proposant même l'orga- nisation d'un référendum sur la question. 65% des Lettons sont à l'heure actuelle opposés à l'inté - gration de la Lettonie dans la zone euro, en phase avec la posi - tion de la coalition progressiste.

UNE REVANCHE POUR ALFRED RUBIKS, LE «DERNIER MAIRE COMMUNISTE» DE RIGA

La victoire de Nils U_akovs en 2009, aujourd'hui son triomphe éclatant avec près de 60% des voix est aussi une revanche pour le dirigeant du Parti socialiste de Lettonie (PSL), partie intégrante de la coalition progressiste dans les années 1990 : Alfred Rubiks.

Rubiks a été le «dernier maire communiste de Riga»,maire de Riga de 1984 à 1990 en ex-URSS, secrétaire du Parti communiste de Lettonie et membre du Politburo du PCUS en 1990-1991.

Contrairement à nombre de ses camarades de l'époque, lui a refusé de renier ses convic - tions communistes, il s'est opposé farouchement à la res - tauration capitaliste en URSS ainsi qu'à la dissolution même de l'Etat socialiste.

Sa décision courageuse lui a valu la haine des nationalistes revanchards lettons. En 1995, il est condamné à huit ans de prison. A sa libération, il devient président du Parti socialiste de Lettonie, héritier du Parti communiste de Lettonie, dont le nom et les symboles sont désormais interdits.

Interdit de tout mandat électif en Lettonie, Rubiks a été triomphalement élu au Parlement euro - péen lors des élections de 2009. Son aura à Riga n'est pas sans avoir contribué à l'élection de M. U_akovs en 2009, et sa réélection la semaine dernière.

Comme dans le reste de l'Europe de l'Est -en République tchèque, en Ukraine, en Russie- le vent tourne et les communistes l'ont désormais dans le dos.

Comme nous le montrent nos camarades lettons, seule une ligne de rassemblement mais autour d'objectifs clairs, en opposition non seulement aux politiques capitalistes libérales mais aussi avec l'Union européenne et la monnaie unique, paye.

Sources : solidarite-internationale