Le Premier ministre français a traversé la Guadeloupe

Après une visite éclair en Martinique,le Premier minist- re français,Jean-Marc Ayrault a séjourné en Guadeloupependant deux jours.

A près s'être adressé à la presse, dès son arrivée à l'aéroport Pôle Caraïbe, le Premier ministre français, accompagné du Ministre des Outre-Mer, Victorin Lurel, de François Lamy , Ministre délégué chargé de la ville, de George Pau-Langevin, Ministre déléguée en charge de la réussite éducative et Michel Sapin, Ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, s'est dirigé au quartier de Bergevin à Pointe-à-Pitre pour visiter les nouveaux logements construits sur l'espace de l'ancien stade de football, dans le cadre de la rénovation urbaine.

C'était l'occasion pour lui de saluer les résidents et de faire la visite du nouvel établissement scolaire flambant neuf.

La visite s'est poursuivie aux quartiers de Sonis et de Boissard sur le territoire de la ville des Abymes en compagnie du Député-Maire Eric Jalton. Cette visite se situe trente ans après le passage du Président François Mitterrand qui, au lendemain du cyclone Hugo de 1989, avait lancé cette opération de réhabi - litation de l'habitat insalubre

. La délégation du Premier ministre, la Préfète de Guadeloupe Mme Marcelle Pierrot, les maires de Pointe-à-Pitre et des Abymes, des personnalités civiles et militaires, se sont rendus au com - missariat de Pointe-à- Pitre/Abymes à pied.

Avant de délivrer son message à la population, depuis le commissariat central, le Premier minist - re a été reçu en privé par le corps de police. Sur le champ, rien n'a filtré. Il est à noter que quelques membres de la CGTG (Confédération Générale desT ravailleurs Guadeloupéens) avaient pris position au carrefour de la rue Frébault à Pointe-à- Pitre, drapeaux déployés et lan - çant des slogans hostiles à la politique du gouvernement de M. Jean-Marc Ayrault.

Le Premier ministre a déclaré qu'il est venu pour parler des problèmes qui rongent la Guadeloupe. Mais il a vite précisé qu'il n'était pas le Père Noël, qu'il n'avait pas seul, toutes les réponses. M. A yrault dit être venu pour redonner confiance à ceux qui ont donné une nette victoire au Président François Hollande. Il est venu relancer l'espoir et regonfler les électeurs à quelques mois des prochaines échéances électorales. Il assure avec le Ministre de la ville qu'à l'occasion du futur plan d'inves- tissement il va soutenir l'activité économique du pays et qu'il présentera lui-même le plan qui permettra de financer tous les projets de rénovation urbaine qui sont en cours.

Le Premier ministre a déclaré que la sécurité est une préoccupation permanente de son gou - vernement et qu'elle figure dans le pacte social. En passant, il ne manque pas d'écorcher ses prédécesseurs qui dit-il, ont laissé une situation très dégradée puisque 10 000 postes de fonc - tionnaires de police et de gen - darme ont été supprimés.

Pour palier à cette situation, le chef du gouvernement français s'engage à créer chaque année 500 postes en plus dans la gendarmerie et idem pour la Justice. Pour faire face à la montée de la violence en Guadeloupe et répondre aux attentes du syndi- cat de polices, le Premier ministre promet qu'à partir du 1er jan- vier 2014, qu'il dét

achera 27 policiers de l'hexagone en renfort pour une durée de trois mois et un escadron de gendar- merie, soit 75 postes.

Coup de tonnerre, le lendemain de l'intervention du Premier ministre au commissariat de Police, M. Christian Vainqueur, délégué syndical SGP Police Force Ouvrière, a exprimé sur les ondes des radios son désaccord avec les «mesurettes» prises pour faire face à la montée de la violence en Guadeloupe. Il n'hésite pas à interpeller les élus guadeloupéens qui ont tout accepté, sans mot dire.

Le chef du gouvernement fran- çais assure qu'il est en train de mettre en œuvre un plan global contre l'insécurité et qu'il compte sur l'action des élus pour le côté préventif tout en précisant que la prévention et la répres - sion vont de paire.

Dans son discours, le Premier ministre reconnait que le taux de chômage en Guadeloupe est plus élevé qu'en France. Pour inverser la tendance, il se fixe comme objectif de remettre le pays en marche.

Jean-Marc Ayrault déclare être venu adresser un message de confiance dans sa politique. S'agissant de la vie chère, le chef du gouvernement propose d'agir sur deux leviers, d'une part sur la régulation économique et d'autre part sur la relance de l'activité économique. Le chef du gouvernement aspire à ce qu'il y ait une stabilité dans les systèmes fiscaux et réglementaires pour ne pas déstabiliser la défiscalisation. Il propose de rédiger en ce sens un projet de loi pour 2014.

Le Premier ministre assure que la ligne budgétaire unique pour les Outre-Mer sera dotée d'un budget positif. Il a manifesté sa volonté de faire bénéficier aux vieilles colonies comme les départements de l'hexagone, du concours de la Banque Publique d'Investis- sement (B.P.I) ainsi que le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi(C.I.C.E.).

Le Premier ministre prévoit la création de deux banques d'investissement publique très pro - chainement dit-il, une dans la zone Antilles et l'autre sur la zone Océan indien.

Un projet de loi relatif au déve- loppement et à la modernisation de l'économie dans les Outre-Mer est en préparation au cabinet de M. V ictorin Lurel afin de décliner le pacte national pour la compéti- tivité, la croissance et l'emploi, adapté aux besoins spécifiques des Outre-Mer, dixit Jean-Marc Ayrault. En soirée, le Premier ministre a été reçu à la Résidence Départementale de la commune du Gosier. Le vendredi était réser- vé à des visites en Basse-Terre où se trouve le chef-lieu.

En fin de journée, les deux Boeings du Premier ministre se sont envolés pour la France. Beaucoup de Guadeloupéens sont restés sur leur faim, car ils n'ont toujours pas compris ce que le Premier ministre est venu faire en Guadeloupe avec un tel aéropage de ministres et de conseillers en tous genres.

Voilà une tournée ministérielle qui vient confirmer le peu de cas que font les gouvernements de la France, de la situation de notre pays et des aspirations desGuadeloupéens.

En tout cas, cette visite éclair et sans relief nous renvoie à ce qu'écrivait l'Etincelle de la semaine dernière «Ni Dieu, niCésar , Ni tribun, Guadelou- péens sauvons-nous, nous- mêmes» et qui ne faisait au fond, que reprendre une véri - té exprimée dans le program- me des communistes guadeloupéens depuis 1956 : «…Nous estimons que nos problèmes fondamentaux ne peuvent être instruits et réso - lus que par nous-mêmes et non par des gens travaillant à plus de 6000 km, irresponsa - bles devant notre peuple et ignorants de tout ce qui nous concerne».