Ansanm doubout kont violans !

Le Conseil Régional de la Guadeloupe et le Conseil Régional des jeunes ont décidé de mettre à profit l'engouement populaire qui mobilise des milliersde compatriotes pendant une semaine sur les routes du tour cycliste de la Guadeloupe pour sensibi- liser sur la nécessité delutter «Ansanm kont laviolans».

C' est une excellente initiative qu'il faut saluer, car les actes de violence et de délinquance ont atteint un niveau af folant en Guadeloupe ces derniers mois.

Le plan de lutte contre la délin- quance présenté par la Préfète, aussi bien que les actions conduites par le Conseil Général montrent que les institutions ont pris la mesure des faits de violence qui s'exercent en Guadeloupe et ont décidé de conjuguer leurs efforts pour ras- surer les Guadeloupéens.

L'effort financier de la Région est considérable sur ce terrain. En plus des 2 millions d'euros accordés aux collectivités locales pour s'équiper en vidéo surveillance et assurer la formation de leur police, ce sont 242 000 euros qu'elle mobilise sur différentes actions conduites par des associations pour l'insertion et la médiation de rues. A quoi il faut ajouter la somme affectée pour l'acquisition par l'Etat de deux vedettes de protection de notre espace maritime.

Par -delà cette mobilisation finan - cière, la Région semble vouloir développer une prise de cons - cience collective à travers cette ligne de communication :

«Lutter contre cet engrenage de violences sous toutes ses formes : Asi lawout, a kaz, an lari la».

Ce n'est pas rien ce qui est fait par les autorités et par toutes les associations qui luttent contre la violence.

Mais de notre point de vue, la lutte contre la violence souffre d'une analyse partielle des causes qui l'engendrent et d'une vision linéaire alors que la violence et la délinquance sont multiples et n'ont pas les mêmes mobiles.

Surtout, sont totalement igno- rées ou passées sous silence les violences qui organisent le fonc - tionnement de la société capita- liste de pwofitasyon dans laquel - le nous vivons. Si les analyses sont tronquées, si le modèle économique et social qui porte la violence comme la nuée porte l'orage continue à être la référence, toutes les actions et les finances engagés contre la violence ne seront que cautère sur jambe de bois.

Une société qui foule au pied les droits humains fondamentaux des hommes, nourrit les frustra - tions, la désespérance et se dis - sout dans la violence.

L'actualité que nous of fre les révoltes et le terrorisme partout dans le monde confirment que les revendications essentielles à l'ordre du jour à l'agenda des hommes et des peuples sont cel - les de la libération, de la dignité, de la justice sociale.

On ne pourra jamais éradiquer la violence, la délinquance et la criminalité si on continue à fer- mer les yeux sur cette réalité.

Les hommes, en première ligne les jeunes, défieront le système, ses lois et ses moyens de répression, repousseront les interdits pour accéder aux meilleures conditions de vie.