PANORAMA DE L’ÉCONOMIE DE LA GUADELOUPE :Apparence et paradoxe

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, dans un discours prononcé à Fort de France lors de son passage aux «Antilles» n'a pas hésité, pour masquer les échecs des politiques de l'Etat français en Martinique et en Guadeloupe, de se réfugier tout comme ses prédécesseurs, dans la comparaisonalibi avec le niveau de «modernité» des pays de la zone Caraïbe. Mais cette rhétorique habituelle des institutionnels français, ne peut contredire cette vérité livrée par les spécialistes de l'IEDOM avec la technicité de formulation qu'on leur connait : «La Guadeloupe présente les caractéristiques d'une écono- mie moderne, marquée par le poids du secteur tertiaire, une forte salarisation des revenus et un niveau de développement humain parmi les plus élevés de la zone. Elle af fiche en revanche un taux d'ouverture de ses échanges (45%) aussi faible que celui des petits états insulaires voisins peu intégrés au commerce international. Elle connait également un chômage de masse ainsi que de fortes disparités derevenus»

. Cette analyse, malgré les pré- cautions de forme et les subtilités sémantiques, dit tout sur les apparences et le paradoxe qui caractérisent l'économie guadeloupéenne.

UNE ECONOMIE SANS SOUFLE, CONTRASTEE, EN DEMI-TEINTE

L'économie de la Guadeloupe a bénéficié d'une croissance économique soutenue entre 1993 et 2008 (+3,1% par an en volume), tirée par la consommation et l'investissement. Celle-ci s'est accompagnée d'une tertiarisation accrue des activités. En 2011, le PIB par habitant (19 589 euros) reste inférieur de 37% à celui de l'Hexagone, bien que cet écart se soit réduit de 6 points en 15 ans. Après un repli de 4,8% du PIB en volume en 2009 en liaison avec la crise sociale, l'économie renoue avec la croissance en 2010 (+2,7%) puis en 2011 (+1,3%). En 2011, la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance, reste bien orientée (+0,9%) ; tandis que la progression de l'in - vestissement s'est nettement infléchie (+1,2% contre 7,7% en 2010), marquant un manque de confiance des acteurs économiques. La zone indus - trielle et commerciale principale est située dans la commune de Baie-Mahault, sur le site de Jarry . Poumon économique, elle regroupe 12 000 salariés et génère 23% de la valeur ajoutée de l'île.

Le chômage caracole à un niveau élevé

Le marché du travail se caractérise par la prédo- minance de l’emploi salarié dans le secteur tertiaire et par un taux de chômage (22,9% en 2012) plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale. Après avoir diminué entre 2000 et 2007, le nombre de demandeurs d’em - ploi de catégorie A (DEFM A) connaît une accélération (+32,5% entre 2007 et 2012) pour atteind - re fin 2012 son plus haut niveau de la décennie avec 59 660 inscrits contre 45 040 en 2007.

Hausse des prix modérée

Entre 2007 et 2012, l'indice des prix à la consommation a progressé de 1,8% en moyenne par an, soit un taux de croissance légère - ment supérieur à celui observé au niveau national (+ 1,7%). En 2012, l'inflation est en moyenne d

e +1,9%, et atteint +2,1% en fin d'année. Cette hausse est sensible - ment inférieure à celle de 2011 (+2,6% en moyenne), qui avait été marquée par une forte poussée des prix de l'énergie.

Un déficit structurel des échanges commerciaux

À l'image des autres DOM, la Guadeloupe se caractérise par la faiblesse de ses exportations et un recours important aux impor - tations : le taux de couverture des échanges s'établit à 8,1% en 2012. La France est le premier client et fournisseur de l'île. Les échanges commerciaux régionaux (y compris les Départements Français d'Amérique) sont marginaux : les importations régionales sont principalement originaires des États-Unis et de la Martinique (achats de produits pétroliers), tandis que les exportations régionales sont à 97 % destinées aux DFA et aux collectivités voisines de Saint-Martin et Saint- Barthélemy.


FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE

LES PRINCIPAUX SECTEURS D’ACTIVITÉ

La structure de l’économie guadeloupéenne s’est sensiblement modifiée depuis le début des années 1990 avec le développement accéléré d’un secteur privé très dynamique, majoritairement de services, supplantant les secteurs traditionnels de l’agriculture, du petit commerce et du bâtiment. En 2010, le tertiaire contribue à hauteur de 84% à la production de richesse (dont 12% pour le commerce), devant le bâtiment et les travaux publics (8%), l’industrie (5%) et l’agriculture (3%).

Un potentiel touristique à valoriser

Le tourisme joue un rôle important dans l’écono- mie. En 2012, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration représente 7,9% du tissu d’entreprises guadeloupéen et emploie 7 067 salariés (soit 9% des effectifs salariés). La fréquentation touristique est en légère hausse sur la décennie, mais souf fre toujours de la compétitivité des destinations voisines. En 2012, le trafic de passagers à l’aéroport se tasse légèrement et la fréquentation des hôtels classés suit cette tendan- ce. En revanche, le segment de la croisière se redresse grâce à la densification de l’of fre et à l’arrivée de nouvelle compagnies. Le nombre de croisiéristes (158 288) revient à un niveau légèrement supérieur à celui enregistré en début de décennie (+0,7% entre 2002 et 2012).

FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE

À l'image des autres DOM, la Guadeloupe se caractérise par la faiblesse de ses exportations et un recours important aux impor - tations : le taux de couverture des échanges s'établit à 8,1% en 2012. La France est le premier client et fournisseur de l'île. Les échanges commerciaux régionaux (y compris les Départements Français d'Amérique) sont marginaux : les importations régionales sont principalement originaires des États-Unis et de la Martinique (achats de produits pétroliers), tandis que les exportations régionales sont à 97 % destinées aux DFA et aux collectivités voisines de Saint-Martin et Saint- Barthélemy.

En 2012, l'activité bancaire et financière de la Guadeloupe est portée par dif férents réseaux d'établissements de crédit et assimilés, installés localement ou non. Il est relevé 21 établissements répartis en 5 catégories : 5 banques commerciales affiliées à l'Association Française des Banques (AFB), 6 banques mutualistes et coopératives, 7 sociétés financières, 2 institu - tions financières spécialisées et 1 institution spécifique.

Ces établissements totalisent 185 agences bancaires et emploient 1 889 collaborateurs. Le taux d'équipement régional en guichets bancaires et distributeurs automatiques s'est sen- siblement amélioré ces dernières années. On compte ainsi un DAB-GAB pour 1 049 habitants en Guadeloupe contre un DAB- GAB pour 1 085 habitants dansl'Hexagone.

Les banques guadeloupéennes ont régulièrement contribué au financement du développement de l'économie locale : la croissance annuelle moyenne du total des encours de crédit s'est établie à 8,8% entre 2004 et 2008 et maintenue légèrement positive (+1,1%) pendant la crise de 2009 pour rebondir ensuite en 2010 (+6,4%) et en 2011 à +7,1%. En 2012, l'activité de cré- dit dans le département conti- nue de progresser, mais à un rythme plus modéré (+3,7%). Son maintien est exclusivement porté par le dynamisme des crédits à l'habitat (+8,2%). Après une diminution marquée en 2011, la sinistralité de la place bancaire locale est en légère hausse en 2012 : sur un an, les encours douteux bruts augmentent de 1,7% et attei - gnent 612 millions d'euros.

Cependant, la proportion de ces créances douteuses dans le total des crédits consentis reste stable à 7,8%.

Sources : IEDOM