Cri de désespoir du Procureur Guy Etienne !
Depuis le début de l'année,la Guadeloupe a atteint la barre des 37 homicides.Elle est considérée comme étant le «département le plus meurtrier de France».Elle est hissée au même rang que la Corse et Marseille.
Enjuin dernier, lors de la visite du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault en Guadeloupe, les Forces de l'Ordre et les élus avaient attiré son attention sur la montée vertigineuse de la violence et de l'insécurité. Le Premier Ministre avait annoncé l'envoi provisoire de 75 gendarmes mobiles et le renforcement des policiers dans la zone de sécurité prioritaire (ZSP) couvrant des quartiers de Pointe-à- Pitre et des Abymes.
Plus que jamais, les braquages font rage dans le pays, les per- sonnes témoignent des agressions dont ils ont été victimes. Il y a manifestement un tour - nant où l'on a observé une monté nette de la violence. Elle coïncide avec l'apparition des établissements qui rachètent l'or en circulation. La population n'a certes pas peur de ceux qui sèment la terreur mais plutôt de la justice.
Fait paradoxal, la semaine der- nière, le Procureur de la République zone Guadeloupe a réuni toute la presse pour crier son désespoir face à l'incapacité de l'Etat à mettre un terme à ces agissements. Il lance un pressant appel à la société civile pour lui venir en aide.
«…Parfois un sentiment de colè- re plus que de découragement, plutôt de colère, puisqu'on se rend compte que tous les moyens qui sont engagés par tous ces hommes et ces femmes qui travaillent sur le terrain, il y a une petite partie qui met le département à feu et à sang» selon M. Guy Etienne.
Le procureur de la République aspire à une rapide prise de cons - cience de la population. D'après sa déclaration, les services de l'Etat en Guadeloupe sont au maximum de leur possibilité et la gendarmerie au maximum de leur mobilisation. Il en est de même pour la Justice.
Le Procureur Guy Etienne averti qu'il ne pourra pas faire plus. Il ne pourra pas mettre un of ficier de police derrière chaque personne.
Qu'attend réellement le Procureur de la République de la société civile quand on sait qu'el - le n'a aucune couverture juridique en cas d'une action mal engagée ou en cas d'une erreur de jugement ?
Quels sont les garanties prises pour protéger le témoin pour qu'il ne soit pas considéré comme le principal suspect ?
Comme on peut le constater, les mesures jusque-là mises en œuvre n'ont pas donné les résul - tats espérés. Ni les marches blan- ches, ni les fleurs sur les lieux du crime, ni les grandes messes, ni les émissions radio ou télé n'atteignent pas les auteurs de ces agissements. Il faut donc traiter le mal à la racine. Il faut com - mencer par supprimer les chaî - nes de télévisions, qui dif fusent des scènes de violences à longueur de journée, les jeux vidéo de violence pour les plus jeunes sont à proscrire. Il en est de même pour les musiques qui appellent à la violence. En fait, il faut refaire l'éducation de la population.
Il est temps d'adapter le code civil, le code pénal, les codes de procédure civile et pénale à l'é - volution de la société. La popu- lation dans son ensemble a le sentiment que ceux qui créent des troubles dans la société sont mieux lotis qu'eux, les honnêtes gens. S'il est vrai que la souveraineté appartient au peuple, la démocratie occidentale exige que ceux qui ont été élus pour les représenter prennent en compte leur avis.
Notre système politique et judi- ciaire gagnerait à faire un tour dans la Caraïbe, à Cuba, en Dominique, à Saint- Domingue… et comparer les expériences.