Lettre ouverte des “Cinq cubains” au monde

Récemment r eçue à l'ambas - sade de Cuba à Paris où elle a rencontré de hauts responsables du PC de C uba venus de L a Ha vane,la commission internationale du PRCF s'associe à toutes les initiativ es cubaines et internationalesvisant à populariser la c ause des Cinq patriotes cubains embastillés aux USA.Nous demandons à tous les gens de cœur,de diffuser largement le message plein de dignité de Gerardo,Ramon,Gerardo, René et Fernando. Pour la commission internationale du PRCF , Pierre Pranchère, Daniel Antonini, Antoine Manessis, Georges Gastaud.

MESSAGE DES CINQ HÉROS CUBAINS

A la conscience du monde et au peuple étasunien

V oilà aujourd'hui quinze ans, le 12 septembre 1998, que cinq arrestations brutales opérées simultanément, ont brisé nos foyers et ouvert l'un des chapit - res les plus honteux de l'histoire juridique des Etats-Unis : le pro - cès engagé contre nous, qui sommes connus maintenant comme «les Cinq».

L'arrestation et le procès des Cinq resteront gravés dans l'histoire comme l'un des épisodes les plus ignominieux et les plus sordides des relations entre les États-Unis et Cuba. Quelques mois plus tôt, les bons offices du prix Nobel de littérature, dont Gabriel Garcia Marquez, avaient permis d'ouvrir les portes à une coopération marquante entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme. En juin de cette année-là, une délégation du FBI s'était rendue en visite à Cuba et, après avoir reçu une copieuse information sur les activités ter - roristes organisées impunément contre l'île depuis Miami, avait promis à sa contrepartie cubaine d'entreprendre des actions à cesujet

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Portant un coup bas à l'adminis- tration William Clinton, le FBI, au lieu d'appréhender les terroris - tes, arrêta et conduisit devant les tribunaux ceux -nous- qui collec - taient des informations pour évi- ter les dommages qu'ils causaient à la population cubaine. Le système judiciaire étasunien fut utilisé ouvertement comme un moyen pour protéger les ter - roristes, au point que nous comparûmes devant un jury apeuré, dans un climat de lynchage. On recourut à de cruelles conditions de mise au secret pour nous bri - ser et pour nous empêcher de préparer dûment notre défense. Le mensonge s'empara de la salle d'audience.

On falsifia, on endommagea ou on supprima des preuves. On se moqua ouvertement des instructions de la juge. On menaça publiquement de prison les ter - roristes cités comme témoins par la défense s'ils ne recouraient pas aux bénéfices du Cinquième Amendement contre l'autoincrimination. T out ceci face à une presse qui avait choisi de maintenir le peuple étasunien dans l'ignorance la plus absolue, tandis que le siège du procès était impitoyablement soumis à un barrage de propagande contre les accusés.

Le 8 juin 2001, un jury qui en était arrivé à exprimer sa peur devant le harcèlement de la presse locale, -laquelle, on le sut plus tard, avait été grassement payée par l'administration étasunienne- nous déclara cou- pables de tous les chefs d'accusation, et même d'un au sujet duquel le parquet avait reconnu auparavant, dans une motion d'urgence adressée à la cour d'appel d'Atlanta, qu'il ne disposait pas d'assez de preuves pour emporter un verdict deculpabilité.

La conduite déplorable des pro- cureurs, des juges et de l'administration étasunienne à ce procès n'est pas un hasard. Il est impossible de se comporter d'une manière éthique quand, pour atteindre un but auquel la haine politique se mêle à l'arrogance personnelle et à la vengeance, on instruit des chefs d'accusation qu'on ne peut ensuite défendre qu'en se moquant des lois et en recourant à la prévarica- tion et à l'abus de pouvoir. Le cercle vicieux ouvert par la décision politique de nous écraser sous plusieurs chefs d'accusation, dont les plus graves étaient fabriqués de toutes pièces pour nous contraindre à transiger , ne pouvait que se refermer sur l a conduite toujours plus méprisable des procureurs.

Mais nous n'avons pas transigé, parce qu'un déploiement de force brutale ne signifie pas que celui qui l'exerce possède la morale requise. Nous n'avons pas transigé parce que le prix du mensonge pour combler les attentes des procureurs nous semblait trop dégradant. Nous n'avons pas transigé parce qu'impliquer Cuba -la nation que nous protégions- dans des accusations fallacieuses pour grossir le dossier de l'administration étasunienne contre l'île aurait été une trahison impar - donnable contre le peuple que nous aimons. Nous n'avons pas transigé parce que les valeurs humaines restent encore pour nous un bien précieux, sur lequel repose la transformation de l'homme en un être meilleur. Nous n'avons pas transigé parce que cela voulait dire renoncer à notre dignité, source d'estime de soi et d'amour propre pour n'importe quel humain. Au lieu de transiger, nous avons accepté le procès. Un procès qui, si on en avait parlé, aurait mis en doute non seulement notre casparticulier , mais l'ensemble du système de justice des Etats-Unis. Si ce qui se passait dans cette salle d'audience n'avait pas été escamoté au peuple étasunien, auquel nous n'avons jamais fait ni tenté de faire le moindre tort, il aurait été impossible de mon- ter cette parodie de justice transformée en cirque romain.

Quinze années se sont écoulées durant lesquelles l'administration étasunienne et le système de justice de ce pays ont fait la sourde oreille aux réclamations d'organismes des Nations Unies, d'Amnesty International, de plusieurs Prix Nobel, de parlemen - taires ou de parlements au com- plet, de personnalités et d'insti - tutions juridiques et religieuses. Seule la levée de cet autre blo- cus, celui qu'on a imposé au peuple étasunien pour qu'il ignore tout, permettrait de voir naître l'espoir que cesse cette injustice.

Aujourd'hui, l'île de Cuba appa- raîtra couverte de rubans jaunes. Le peuple cubain sera le protagoniste de ce message qui recourt à un symbole devenu traditionnel pour le peuple éta - sunien. Pour ceux qui se sont acharnés avec tant de succès à dresser un mur de silence autour de ce cas, ce sera un énorme défi que d'empêcher le monde d'être informé de ce fait probablement inédit : un peuple tout entier décorant son pays pour deman - der à un autre d'exiger que son gouvernement libère ses enfants injustement incarcérés.

Entre temps, nous «les Cinq», nous continuerons de mériter ce déploiement massif d'af fection ; Nous continuerons d'être de dignes fils du peuple solidaire et généreux qui en est le protagoniste, et d'être dignes de l'appui de ceux qui, tout autour du monde, se sont joints à notre cause; Nous continuerons de dénoncer cette injustice qui remonte déjà à quinze ans, et nous ne céderons jamais d'un iota l'avantage moral qui nous a permis de résister , et même de grandir, tout en supportant le poids de la haine vindicative de la part du gouvernement le plus puissant de la planète.

Gerardo, Ramon, Antonio, Fernando et René