Encore le “masko” !

Le temps que nous vivons et surtout le comportement de ceux qui ont en char- ge les affaires du pays, renvoie inexorablement à cette étude du professeur de philosophie trop tôt parti, Raoul Serva : Le masko !

Ce concept du «masko» mérite vrai- ment d'être étudié et développé parce qu'il nous livrera des clés pour comprendre le fonctionnement de ceux qui forment notre société, du plus petit au plus grand, qui refusent obstinément de faire communauté, de faire peuple.

En passant, nous estimons tout aussi important de se pencher sur la thèse de la danseuse-chorégraphe Léna Blou, «le Biguidi» qui, à travers la danse, nous renvoie aussi à une pro- blématique sociale.

Pourquoi ces rappels, demandez- vous ?

Tout simplement parce que nous vou - lons parler de la question posée par le sénateur Jacques Cornano cette semai- ne, au Ministre de l'Intérieur, Monsieur Valls relative à «l'insécurité en Guadeloupe».

Ce texte est, de notre point de vue, un morceau d'anthologie alliant à la fois «masko» et «biguidi».

Prenant à son compte la parole des institutions de l'Etat français en Guadeloupe, exploitant un seul élé - ment de statistiques, il installe lui aussi l'idée que la Guadeloupe serait plus violente que Marseille et la Corse. Alors que tous ceux qui s'intéressent sérieusement à cette question savent qu'elle ne se pose pas dans les mêmes formes ici et là-bas.

Prolongeant cette posture de «masko», de celui qui ne veut pas se découvrir, qui refuse de prendre une position claire qui pourrait lui aliéner la sym - pathie de tel ou tel groupe, il livre une explication qui mélange tout : immigration clandestine, trafics en tout genre, libre circulation des armes, diminution des effectifs des douanes, suppression de la police air-frontière. Se rappelant qu'il est un élu se réclamant de la gauche, il glisse avec l'air de ne pas trop y croire que la Guadeloupe subit, comme beaucoup d'autres, les effets pervers de la mon- dialisation. Seulement les effets…

A un moment, on a pensé qu'il allait se ressaisir et affronter de face le problème sur lequel il a voulu interpeller le Ministre, quand il a exposé cette idée : «L'insécurité est aussi liée à la formation, à l'éducation et au chômage… Le sujet de l'insécurité, doit donc être abordé dans sa globalité».

Mais patatras, ce n'était que feinte de corps, car, en définive, les seu - les questions posées au Ministre étaient celles-là :

«A quand le retour de la police air- frontière à Marie-Galante ? Quels sont les moyens policiers et douaniers que vous envisagez pour remédier aux problèmes que nous rencontrons actuellement ?».

Certes, nous reconnaissons qu'il faut des moyens de contrôle et de répression pour lutter contre la vio - lence. Mais, pour se référer à ce qui se passe en Corse et à Marseille, deux régions citées par le sénateur lui-même, la violence semble se jouer de la seule répression.

Il est clair que, c'est la société capita - liste avec toutes ses discriminations injustices, tentations et frustrations qu'il faut changer.

Mais, de cela, notre sénateur et tous ceux qui, comme lui, participent au pouvoir dans le cadre de ce système inique ne veulent pas parler.

Il y a une vérité qu'il faut bien admet- tre : Le «masko» et le «bigudi» feront peut-être des élus, mais, ils ne donneront jamais au pays, les leaders dont il a besoin pour assumer son destin.