La Guadeloupe en crise !
A près l'empoisonnement des terres et des Guadeloupéens au chlordécone qui a paralysé certains agriculteurs, mis à mal les professionnels de la pêche côtière. Après la vague d'assassinats gratuits entre Guadeloupéens qui a mis à mal de nombreuses familles et toute la Guadeloupe.
Après les fermetures de classe orchestrées en Guadeloupe par le Rectorat, représentant du ministre de l'Education de la France. La Guadeloupe continue sa course folle vers l'apogée de ses contradictions.
Et ce sont les entreprises du transport public de passagers qui entrent en mouvement. Quelques jours avant, c'était la SEMSAMAR qui déclarait refuser la pratique de préfinancement des entreprises du BTP, faisant naturellement monter la pression.
La Guadeloupe a roulé au ralenti pendant les opérations escargot des patrons du transport et les barrages du BTP ce qui, dans ces circonstances, ont fait jaser plus d'un avec la même ren - gaine «la Guadeloupe est prise en otage». Oui, la Guadeloupe est prise en otage, mais, pas par les salariés ou les patrons guadeloupéens, mais bien par ceux qui, depuis des siècles, l'ont colonisée et la colonisent encore. Ce qui se passe, sous nos yeux, ressemble bien aux prémices de 2009. Il montre bien l'accentuation du pourrissement du système politique imposé par la France et l'Europe enGuadeloupe.
Les Guadeloupéens ne se trompent pas. T ravailleurs et patrons étaient dans la rue pour défendre leur outil de travail, leur entreprise, menacés par un ennemi commun : les trusts capitalistes européens qui raflent tous les mar - chés d'appel d'offres, laissant les miettes aux entreprises guadeloupéennes.
La législation européenne permet à ces entre - prises ayant un marché en Guadeloupe d'em- baucher des salariés européens, donc exogènes, comme cela se fait déjà depuis longtemps. La nouvelle patronne du MEDEF, Michelle Montantin, a certainement raté le wagon, n'étant pas à la tête de l'action. Elle a choisi son camp, celui de la pensée unique, du capital impérialiste en Guadeloupe. Impérialiste, oui, car il freine tout développe - ment, toute initiative guadeloupéenne pour ses propres intérêts.
Dans ce système vicié, les Fonds Européens vers la Guadeloupe reviennent aux capitalistes euro- péens, plus puissants et plus influents, dans la mise en place des règles européennes. Les retards de payement de l'Etat et des collecti- vités sont une politique délibérée de l'Etat français au service dans cette période de récession. Dans ces jeux politiques, les entreprises qui n'ont pas de fonds de roulement, celles de Guadeloupe en premier lieu, sont vite asphyxiées et disparaissent.
Si les patrons du transport des passagers ont obtenu une augmentation de 15% de leur prestation, payée en partie par le Conseil Général et les usagers qui ont, rappelons le, le plus souvent, les plus bas revenus, c'est globalement les Guadeloupéens qui payeront plein pot. Pour le BTP , un accord est trouvé avec les dif fé - rents décideurs. Des promesses, des engage - ments, des déblocages, qui, comme d'habitude, règleront les problèmes du moment, mais, certes pas durablement.
Les patrons guadeloupéens le savent. Ils savent que la politique actuelle ne peut leur apporter de garanties pérennes. Ils savent qu'ils ne peuvent se battre contre les grandes entreprises européennes et qu'il n'y a pas de politique qui protège le marché gua - deloupéen, fondu dans l'Europe.
Ils savent que l'avenir se situe dans des rap- ports nouveaux avec la France et l'Europe, dans un marché protégé, au service des Guadeloupéens, dans le cadre d'un véritable plan de développement. Malheureusement, ils refusent de faire le pas.
Les salariés de ces entreprises ont raison de défendre leur outil de travail et d'être mobilisés en permanence. La revendication de l'emploi permanent ne pourra se résoudre que par leur implication dans l'action politique, pour imposer de véritables changements.
Toutes ces successions d'évènements qui boule- versent la Guadeloupe confirment l'incapacité de la politique coloniale actuelle d'assimilation et d'intégration d'apporter des solutions durables. Le statut départemental, entretenu par les socialistes, mène la Guadeloupe à sa perte. La question de l'évolution statutaire se pose avec acuité, pour l'instauration en Guadeloupe d'un réel pouvoir autonome, capable de permettre un véritable développement économiqu e pour l'emploi des Guadeloupéens et redonner confiance particu- lièrement à la jeunesse.