Centenaire de la naissance de Rosan Girard, co-fondateur du Mouvement Communiste en Guadeloupe

Cette semaine sera commémoré le centième anniversaire de la naissance de Rosan Girard, l'un des co-fondateurs du Mouvement Communiste en Guadeloupe.La rédaction parti- cipera à la démarche initiée pour étudier l'ap- port de Rosan Girard dans la connaissance de nos réalités,et surtout,sa recherche d'une voie politique pour l'émancipation du peuple guade- loupéen en republiant avec,quand ce sera nécessaire,ses propores analyses.

Branle-bas de combat !

Le capitaliste, propriétaire des moyens de production collectifs (usines, terres, sous sol, carburants, banques) en fait usage pour exploiter le travail d'autrui et accroître sans cesse son profit. Le profit résulte du fait qu'une partie du travail des ouvriers reste impayé. Il ne saurait donc y avoir de juste profit ; l'argent n'a pas été créé pour fructifier de luimême mais pour servir d'inter - médiaire entre deux produits dans le vaste mouvement qui s'appelle l'échange.Ce qui est juste, c'est que chaque homme valide soit astreint à l'obligation de travailler que tout travailleur ait la pro- priété du fruit de son labeur. La soif de profit est devenue insatiable en régime capitaliste du fait que le billet de banque occupe moins de volume qu'un produit et est moins périssable. Pour satisfaire cet appétit croissant de sur travail, les brigands de la classe exploiteuse s'entendent pour faire monter le prix desmarchandises, c'est-à-dire, pour piller les consommateurs. Ils s'arrangent, en mettant des machines à la place des hommes, pour produire le plus possible en dépensant le moins possible. Ils excellent dans l'art d'annuler les augmentations de salaires. De toute façon, le capitaliste est l'ennemi de «ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front». Ce qui augmente le profit du capitaliste diminue le bienêtre, des travailleurs. Ce qui est bien pour ceux-là est mauvais pour ceux-ci et vice-versa. Mais, le capitaliste est instruit, tra- vailleurs, instruisez-vous ! Les cap- italistes sont solidaires, travailleurs, unissez-vous !! Les capitalistes sont de supers lutteurs. Minorité de parasites ils savent dompter les producteurs qui sont le nombre.T ravailleurs, ralliez le grand Parti Communiste qui est l'anti capital - isme en action et sait organiser la lutte consciente des prolétaires contre la classe ennemie. Les capitalistes, même quand ils font semblant de croire en Dieu, se gardent bien de confier auPè re Eternel leur destin, ou de gérer leurs biens, comme il l'ordonne, au nom et en faveur des pauvres. En tout cas, ils ne chargent pas les sor - ciers d'organiser leur défense et leur protection. Ils ont pour cela, l'armée, la police, la magistrature de l'Etat bourgeois. Travailleurs exploités, tondus, sur qui pèsent tous les malheurs de la création, n'attendez la justice que de vous-mêmes. Exercez cette justice sur la terre même, car c'est ici- bas que les profiteurs commettent leurs crimes. Forgez vousmêmes votre destin, vous en êtes responsables. Il faut vous décider à ligoter les malfaiteurs qui, chaque jour, jettent un «crachat à la face du crucifié». Il faut derrière le Parti Communiste vous résoudre à supprimer définitivement l'exploitation de l'homme par l'homme en rendant impossible la propriété privée des moyens de production collectifs et l'appropriation privée du fruit du travail des autres. Il faut exiger le retour à la production naturelle. La production naturelle est celle qui vise non pas à accumuler des marchandises dans des entrepôts pendant que la famine et l'indigence règnent dans les habitations ouvrières, mais à satisfaire les besoins des masses. Il faut ordonner l'élaboration d'un plan évaluant d'avance ces besoins et à ce plan subordonner toute la production. Il faut, sitôt la paix revenue, imposer aux gouverne- ments qui prétendent «libérer les hommes de la peur et de la mis - ère», l'adoption de remèdes économiques à un mal qui est surtout économique. Il faut veiller à ce que les budgets de vie soient au moins aussi colossaux que les budgets de mort. Quand les chefs d'Etat qui savent bien bander les ressorts des nations pour perpétuer les œuvres de destruction se mettront la paix revenue, à pleurer misère et à invoquer la pénurie de capitaux, vous saurez avec les commu - nistes, leur rappeler qu'ils n'en manquèrent point pour tuer. Travailleurs, secouez votre léthargie, abandonnez votre pas - sivité. L'heure du combat pour la libération définitive de l'homme a sonné. En désertant cette bataille vous porterez la respons - abilité des désastres qui entraveront la marche en avant de l'humanité vers un avenir de paix, de concorde et de bien-être. Des profondeurs de l'abîme, de multiples clairons sonnent la charge pour que la lumière soit, dont l'un est plongé dans les ténèbres de l'ignorance et l'autre éclairé du phare de la vérité marxiste. Sur l'humus fécond et généreux formé par ceux qui tomberont la génération de demain -nos chers petits enfantspourra voir monter la sève de «l'arbre de vie», nourriture de toutes les patries enfin libres, égales, pacifiques, fédérées en République universelle socialiste. Camarades ! Pour que la paix soit faite par les travailleurs et non par les impérialistes, pour les pro - ducteurs et non pour les profi - teurs, branle-bas de combat !

Rosan Girard, Edito n ° 1 de l'Etincelle du 7 juin 1944