Politique de vérité

«Je ne connais qu'une seule politique : Celle de la vérité». Cette citation n'est pas de moi. Je l'ai sortie du discours prononcé par l'ancien Président du Conseil Régional, aujourd'hui Ministre de la République française, à l'ouverture de la Conférence des Présidents des «Régions françaises des Amériques», le 17 juin 2010. Je trouve qu'elle nous renvoie, sans détours, à ces volte-face de déclarations et de prises de posi- tion dont se rendent coutumiers les politiques guadeloupéens depuis déjà un moment. Je ne comprends plus rien de ce qu'ils veulent, ni où ils veulent nous emmener. J'ai le senti - ment que l'aiguille de leur boussole, s'ils en ont une, tourne «folle». Un bon croyant dirait : «Pardonnez les, Seigneur, ils ne savent pas ce qu'ils font». Car, comment lire cette lettre aussi rapide et solitaire de la Présidente de la Région Guadeloupe qui, s'en - gouffrant dans la crise ouverte au pôle universitaire de Guyane, revendique une université de plein exercice en Guadeloupe. Ce qui est renversant, c'est l'argu- mentaire développé par la Présidente pour justifier cette revendication : «…Les modèles actuels de gouvernance et d'organisation administrative ont atteint depuis longtemps leur limite : ils constituent un frein au développement des territoires». Une saine réaction de celui qui reçoit cette information est de dire que si cette situation appelle la créa - tion d'une université, disons le mot, indépendante, que penser alors des relations du territoire guadeloupéen avec la France, régies par des insti- tutions qui, elles aussi, ont atteint depuis longtemps leurs limites. Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, revendiquer l'Autonomie ou l'indépendan - ce pour la Guadeloupe me semble logique.

Mais voilà ! Au dernier Congrès des élus à Basse-Terre, la Présidente de Région a refusé toute avancée sur le chemin de l'Autonomie, qualifiée d'aventure institutionnelle à l'heure de l'Acte III de la décentralisation. Pourquoi ces deux poids, deux mesures ? Cette prise de position, s'agis- sant de l'université, est d'autant plus troublante qu'après ce Congrès ubuesque, les élus de la Région Guadeloupe se sont rendus à l'Assemblée des peuples de la Caraïbe pour faire acte de candidature comme membre à part entière aux côtés des Etats indépendants et autonomes de la Caraïbe. Cela donne le tournis, lorsqu'il y a une quinzaine de jours, le premier Vice-Président prend pour le compte de la Région Guadeloupe, la Présidence de la Conférence des Rég ions ultrapé - riphériques pour la plupart autonomes ou à statut de collectivité unique, sans se sentir autrement interpellé par cette situation, n'ayant pour seul horizon, que l'intégration dans une Europe contestée par les vrais Européens. La conférence de coopération Antilles-Guyane qui se tient cette semaine vient, à point nommé, pour montrer les limites des paroles des politiques guadeloupéens. Car, les ambitions affichées par l'Etat français à travers cette conférence est très claire : «Renforcer la dimension ultramarine de l'in - fluence française». Traduisez : Positionner la France comme une puissance de la Caraïbe. Nous ne sommes pour cette puissance coloniale que : le cheval de Troie. Dans ce discours que j'ai cité, le Président Victorin Lurel, concluait : «Nous devons vérité et transparence à nos concitoyens». Il devrait peut-être se plier à cet exercice, en concluant ce soir la Conférence de Coopération Régionale Antilles-Guyane.