UAG : Désintégration ou refondation ?
La crise qui paralyse depuis mainte- nant un mois le pôle universitai- re de Guyane peut-elle provo- quer la désintégration de l'Université Antilles-Guyane ou ouvrir un processus de refondation concertée de l'entité ? Tout le monde est d'accord pour reconnaitre que le pôle de Guyane est dans une situation particulière sur un territoire à la fois maritime et conti- nentale et fait face à des dysfonction- nements depuis longtemps signalés. La volonté des Guyanais de rechercher une adaptation de leur système d'ensei - gnement est compréhensible et doit être respectée, sans oublier que le pôle universitaire de Guyane fait partie d'un ensem - ble Antilles-Guyane et aucune solution ne peut être trouvée sans prendre en compte les intérêts de cet ensemble et les pro - jets communs mis en place. C'est cette dimension que la ministre de l'Enseignement Supérieur semble méconnaitre et qui l'a conduit pour tenter de sortir de la crise qui paralyse l'enseignement supérieur en Guyane a allumé un brasier qui risque de transformer en cendre cet édifice bâtit avec patience et partage. Encore une fois, la parole de ceux qui continuent, abolition ou pas, à fonctionner en maitres de l'empire, risque de semer division et régression. Dans cette affaire, il faut savoir raisongardée. En Guyane, en Martinique et en Guadeloupe il y a des revendications légi - times qui portent sur la prise en compte des configurations et des intérêts de déve- loppement des territoires. Tout cela doit se faire dans la plus grande concertation, de tous les acteurs concernés par l'Enseignement, le développement et la gouvernance des pays considérés. Il faut surtout éviter de sauter dans la charrette sans «traction» du gouvernement français. Fort heureusement, il y a des voix autorisées et responsables qui s'élèvent pour tenter de circonscrire les feux allumés par la Ministre Geneviève Fiorasso. Dans une lettre ouverte les anciens Présidents de l'UAG et les Directeurs de l'IUFM : «estiment qu'il y a urgence à ne pas précipiter des choix et des décisions, dont les incidences, pour notre institution, n'auraient pas été suffisamment mesurées». Réagissant à la lettre publique de la ministre Fioraso, le Président de la Région Martinique, Serge Letchimy met en garde : «….Face à l'importan- ce de ces enjeux, il m'apparait néces - saire d'engager, avant toute décision définitive, de larges consultations tant avec les différentes composantes de l'UAG qu'avec les représentants politiques des trois régions impactées par ces décisions».V oilà qui tranche avec ce qui apparait pour le moins comme de la précipita - tion dans la prise de position de la Présidente de la Région Guadeloupe. Il est dit que les peuples qui n'ont pas de mémoire n'ont pas d'avenir. Alors, nous renvoyons les Présidents des Régions Antilles-Guyane à la déclaration finale qu'ils ont signée, le 17 juin 2010, il n'y a pas si longtemps, fondant, ce qu'ils ont qualifié de pas historique, l'Union Régionale Antilles-Guyane.Da ns le chapitre 5, parlant de développe - ment humain, ils ont acté : «En matière d'éducation et d'enseignement, les trois exécutifs décident, sans mettre en cause le principe des pôles, de confier à l'université Antilles-Guyane, en collaboration étroite avec les trois collectivités régiona- les, le soin d'établir un schéma de l'ensei- gnement supérieur permettant de ratio- naliser les filières de formation dans les trois régions. Cette mutualisation des moyens doit permettre un développe- ment équilibré de l'UAG et de propo- ser une offre de formation plus attractive aux étudiants». Il y avait incontestablement là, une base de refondation de l'université. Les signataires de cette déclaration, promoteurs de l'URAG, doivent nous dire ce qu'ils ont fait ou ce qu'ils n'ont pas fait avant de décider de dynamiter cette institution.