Cuba Linda (suite)

Rony Deloumeaux,producteur,auteur-compositeur guadeloupéen,va proposer à compter du 18 novembre prochain,un spectacle musical de qualité conçu et réalisé à Cuba,et dont la première mondiale se jouera en Guadeloupe.De retour d'un long séjour à La Havane,il a raconté aux «Nouvelles Etincelles» comment il a travaillé avec les artistes cubains.

Nouvelles-Etincelles : Comment est né ce « Cuba Linda ?» Rony Deloumeaux:

Cela fait environ 3 ans que j'ai «découvert» Cuba, et j'ai été aussitôt fasciné par l'impor - tance de la culture dans ce pays et de tout ce qui est fait là-bas pour mettre en valeur le patri - moine culturel cubain. Etant moi- même producteur culturel, j'ai donc mûri ce projet petit à petit. Mais l'élément déclencheur a été ma rencontre avec le Maestro Giraldo Piloto qui est une figure emblématique à Cuba. Nous nous sommes aussitôt compris et nous avons travaillé ensemble sur la bande originale de Cuba Linda.

NET : Le choix des danseurs, la musique, comment avez-vous procédé ? R.D :

Pour réaliser le casting des danseurs et danseuses, j'ai consulté plusieurs compagnies de La Havane et j'ai fait une sélection des meilleurs, mais je vous avoue que le choix a été difficile, car là-bas, ils sont tous très bons… Ensuite, je vous le disais, j'ai composé la bande originale avec des paroles en français puis j'ai confié le boulot à Giraldo Piloto Bareto

.

NET : Vous êtes un habitué de Cuba ? R.D :

V ous savez, Cuba, c'est une île où il y fait bon vivre. Quand je suis arrivé là-bas, j'ai immédiatement vu et compris que pour les Cubains, la culture et l'éducation sont des éléments essentiels de la vie quotidienne. De plus, les gens sont gentils, il n'y a pas comme chez nous, de violence sociétale. On sent que tout est organisé et bien organisé. Bien sûr, il n'y a pas comme en Guadeloupe, cette folie consumériste …et puis, je ne vous cacherai pas qu'on ne peut pas ne pas remarquer la beauté des filles.., mais j'ai constaté qu'il existe une véritable solidarité dans la population. Nous aurions beaucoup à apprendre d'eux.

NET : Des difficultés sur place à monter ce spectacle ? RD :

Oui, beaucoup, mais, c'est comme partout. Quand il y a de la création, ce n'est pas évident, car il y a des choix à faire. Un show de cette qualité, c'est une année entière de travail, de répétitions : ça ne s'improvise pas

NET : Comment les autorités cubai - nes ont-elles réagi ? RD :

Au tout début, il s'agissait d'un projet personnel, mais quand la partie «show» s'est achevée et qu'il fallait sortir du pays, à ce moment, les autorités sont rentrées en ligne de compte. Mais, ma démarche a été vite comprise, et j'ai donc reçu le soutien de quelques structures gouvernementales comme le théâ - tre Lazalo pena, etc.

NET : Sinon «Cuba Linda» peut per mettr e aux Guadeloupéens d'avoir une autr e idée de Cuba ? RD :

En tout cas, je l'espère, mais je n'en suis pas sûr… Mais, je me suis aperçu que les Guadeloupéens aimaient se rendre à Cuba.

NET : Les Cubains connaissent-ils la Guadeloupe et notr e musique ? RD :

Absolument. T ous les Cubains connaissent l'existence de Guadeloupe, car ils ont tous étudié la géographie, notre Caraïbe, comme ils disent làbas. Mais, quant à ce qui a trait à notre musique, je pense qu'il y a encore du travail… Ils ne connaissent pas le gwo-ka, cependant on entend du zouk à Cuba mais, pour eux, c'est du ki zumba venant du Brésil !!!

NET : Après cette 1èr emondiale en Guadeloupe, quel va êtr e le destin de ce spectacle ? RD :

Etant le concepteur de «Cuba Linda», j'ai voulu accorder une exclusivité mondiale à mon pays l

a Guadeloupe, en présentant ce spectacle aux Guadeloupéens avant Paris qui est prévu en mai prochain. Lorsque j'ai eu cette idée, bon nombre de personnes ont tout fait pour me décourager , en me disant que cela ne fonctionnera jamais tant que Paris n'aura pas validé. C'est donc aussi un challenge. Et puis, vous savez quoi ? Je sou - haite vraiment que les mentali - tés évoluent dans le bon sens. Je suis convaincu que les Guadeloupéens ont la capacité de reconnaî tre ce qu'est un spec - tacle de qualité. Je suis donc très confiant.

NET : La coopération culturelle Cuba /Guadeloupe est un cré - neau porteur ? RD :

Pour l'instant, j'ai envie de dire non. Il n'y a pas vraiment de coopération culturelle entre la Guadeloupe et Cuba. Rien n'est fait ici pour mettre en place cette coopération, je ne peux que le regretter. Je ne vais pas ici entrer dans les détails mais, déjà, pour se rendre à Cuba, ou pour faire venir des Cubains en Guadeloupe, je ne vous dis pas toutes les tracasseries, visas, certificats de travail etc. Bref, tout un périple. Pour moi, c'est une première expérience avec Cuba, on verra pour la suite…