Le bonheur suprême du peuple

S ur mon téléphone portable est tombée, un matin, cette information : «Venezuela : un vice-ministère pour le bonheur suprême du peuple».

J'avoue humblement avoir été un peu interloqué par cette idée, qui m'est apparue étran- ge, suspecte même.

Alors quoi, me suis-je dit ? Les «Chavistes», mes camarades, vont institutionnaliser la question du bonheur, voir le quantifier et finalement, le nationaliser comme le pétrole et le gaz ?

Mais, pensais-je, le bonheur relève de l'intime, de l'être, c'est une question personnelle, voire irrationnelle. Comment vont-ils faire ça, me suis-je demandé ?

J'ai vu tout de suite tous ces revanchards et tordus d'un capitalisme pourrissant, nous tomber dessus et ressortir ces mensonges contre Lénine qu'ils avaient accusé de vouloir «socialiser l'amour» et faire des «femmes, un bien commun». Tout simplement, parce qu'il avait, après Engels, dénoncé les vices du mariage bourgeois.

Alors, je me suis décidé à aller aux sources de l'information. J'ai eu la chance d'écouter en direct à la télévision, la déclaration du Président Maduro. C'était un bonheur.

Il a dit précisément : «J'ai désigné le docteur Raphael Rios à la tête du nouveau vice-ministère chargé du bonheur social suprême du peuple. L'objectif est de s'occuper de ce qu'il y a de plus sensible, de plus délicat chez les personnes les plus démunies : les handicapés, les SDF, les mères adolescentes, le troisième âge…».

Les médias capitalistes, en cœur, ont zappé dans la phrase, ce qui inverse tout le paradigme : bon - heur social.

Là, il s'agit d'un ministère pour s'occuper, en priorité, de la vie des personnes en difficulté, de leur redonner santé, dignité, amour de soi, un toit, bref, de leur redonner, par l'intégration sociale, le goût de vivre et de s'aimer. N'est-ce pas ça le bonheur ?

J'ai revu chez nous, trainant dans les rues de Pointe à Pitre, tous ces marginaux, ces handicapés, ces sans domiciles fixes qui mendient pour se droguer et qui n'ont que l'association Saint-Vincent de Paul pour leur venir en aide, dans l'in- différence insondable des institutions de ce pays.

Je rêve qu'un jour, à la tête de notre pays, libéré de toute domi - nation étrangère, un gouverne - ment de type bolivarien transfor - mera notre terre, devenue un asile, en île pour gens heureux.