Quel chemin doit emprunter la Guadeloupe pour son avenir ?

L’analyse de tous les grands maux de la société guadelou- péenne, quant au fond, nous conduit aux mêmes conclusions. Qu’il s’agisse : du sous-dévelop- pement économique, de la des- truction progressive de notre appareil de production de l’en- vahissement de notre marché de produits importés, du chô- mage qui touche majoritaire- ment les jeunes et les oblige à s’expatrier, de la déchéance morale, du développement de toutes sortes de déviances, des atteintes à la santé, du malaise social, du mal-être, de l’aliéna- tion culturelle, de la crise du sys- tème éducatif, de l’inefficacité des institutions actuelles etc… tous ces maux n’ont qu’une seule et même cause fondamen- tale. C’est que la Guadeloupe subit les effets d’un système où la domination s’exerce à tous les niveaux, elle ne dispose pas de liberté, de moyens politiques, juridiques et institutionnels pour un développement dans l’intérêt de notre peuple. Un tel système est un système colonial. N’en déplaise à certains qui pensent que nous sommes dans une période post-coloniale, la Guadeloupe n’a jamais cessé, depuis 1635, d’être une colonie.

Au cours des siècles, la colonie a changé d’ap- pellation, la colonisa- tion de forme et de méthodes, mais son objectif est toujours resté le même : l’exploitation de la colonie pour qu’elle contribue à l’enrichis- sement de la «métropole». Si changement il y a, c’est qu’au- jourd’hui, l’exploitation profite non seulement à la France mais aussi à l’Europe. La Guadeloupe ne peut plus continuer à subir la domina- tion d’un tel système. Aucun pays aucun peuple, aucun être humain ne peut s’assumer.
QUEL CHEMIN DOIT EMPRUNTER
LA GUADELOUPE POUR CONS- TRUIRE UN AUTRE AVENIR ?
Le seul chemin viable, c’est celui de la RESPONSABILITE et de la SOU- VERAINETE.

1 . Pour quel objectif ?

L’objectif central, c’est la cons- truction d’une nouvelle société fondée sur : - la démocratie, la liberté, la justice, la solidarité, - le travail, la dignité, la production, la juste répartition des richesses - l’Education, la formation, la cul- ture, la santé - la tolérance, la fraternité, le res- pect de la personne humaine, l’ami- tié entre les peuples, - l’épanouissement de chaque indi- vidu par le travail, le sport, la culture, la santé, - le renforcement des liens sociaux, des règles du savoir-vivre ensemble, - l’encouragement à la production intellectuelle et culturelle, le déve- loppement de tous les arts, - la promotion de l’image de la Guadeloupe dans le monde, - le développement des relations culturelles, sportives économiques, politiques, de la coopération inter- nationale et plus particulièrement avec les pays et les peuples de la Caraïbe.

2 . Les moyens pour y arriver : a) la souveraineté politique avec des institutions librement choisies dans un cadre juridique et législatif permettant le développement dans tous les domaines : agriculture, pêche, agro-alimentaire, indus- trie, artisanat, transport, éduca- tion, formation, culture, environ- nement etc Remarque : les nouvelles institu- tions et la souveraineté politique constituent un moyen pour atteindre l’objectif fondamental et non l’objectif lui-même. b) la mise en place des premières fondations à savoir : - la préparation de la population par l’Education, la formation, la conscientisation.

A ce propos, l’action syndicale à un rôle fondamental : le syndicalisme ne doit pas se contenter de mener la lutte uniquement pour des revendi- cations matérielles. Il doit contri- buer à la formation, la conscientisa- tion des masses par la lutte pour des revendications en cohérence avec les valeurs de la nouvelle société. - la réalisation, dans le cadre du sys- tème actuel d’actions préfigurant la nouvelle société : certaines ont déjà commencé : des coopératives de productions, des expériences dans l’agro-transformation, dans l’agri- culture bio, dans l’Education, des innovations dans la production d’énergies nouvelles, des produc- tions culturelles etc… c) la construction de l’Unité popu- laire autour du projet de société. Cette unité se construira progressi- vement tout d’abord autour d’un projet minimum, capable de mobili- ser et d’entraîner les masses dans l’action. Pour réaliser l’unité, il fau- dra bannir toute différenciation de race, de couleur et d’origine car nous sommes un seul peuple avec évidemment des composantes dif- férentes. De même il faudra unir toutes les catégories sociales qui ont intérêt objectivement à chan- ger les rapports de domination et à construire la nouvelle société.

3. Quelles méthodes utiliser ?

- C’est la persuasion qui doit primer. Il faudra convaincre avec des argu- ments, un langage apaisé, une pédagogie appropriée, et bannir toute agressivité. L’adhésion au nouveau projet se fera librement et consciemment, sans aucune pression d’où qu’elle vienne. - L’action et la lutte seront privilé- giées et devront aboutir à des réali- sations concrêtes sur le terrain 4. Les atouts de la Guadeloupe La Guadeloupe possède des atouts indéniables pour réussir. Parmi ces atouts : - un potentiel en agriculture qui doit permettre de nourrir la population et d’inverser à terme la tendance actuelle qui est d’environ 90% de p roduits importés dans nos assiettes, - de réelles possibilités de dévelop- pement de l’agro-transformation, - le développement d’autres f ilières jusqu’ici inexploitées, à partir de la canne - la création d’autres activités l iées à la mer, - une biodiversité parmi les plus riches du monde, - un pays parmi les plus beaux de la C araïbe pour un tourisme au service du développement dans les autres secteurs, - une véritable richesse culturelle, - un vrai potentiel en matière d’énergies nouvelles, - une jeunesse dynamique et qualifiée qui ne demande qu’à s’investir etc… C araïbe pour un tourisme au service du développement dans les autres secteurs, - une véritable richesse culturelle, - un vrai potentiel en matière d’énergies nouvelles, - une jeunesse dynamique et qualifiée qui ne demande qu’à s’investir etc… Au cours des 60 dernières années, le p euple guadeloupéen a beaucoup lutté. Ces luttes ont été menées principalement contre les effets du s ystème. Aujourd’hui, elles doivent être menées principalement pour construire. La route sera longue. Nous devrons nous armer de patience, de cou- rage et d’abnégation. L’amour pour la Guadeloupe et pour ses enfants sera notre guide et notre force. La victoire est au bout du chemin.