L’interview de Jean-Marie Nomertin,Secrétaire Général de la CGTG

Nouvelles-Etincelles : Le thème de votre Congrès est : «A la barbarie du capitalisme, répondons par la guerre sociale». Que vou- lez-vous dire et à quoi doit s'at- tendre la Guadeloupe après votre Congrès ? Jean-Marie Nomertin :

Depuis 1973, il y a une crise économique mondiale, qui se renforce de plus en plus. En 2008, les spécialistes ont cru que c'était une crise passagère comme tant d'autres. Cette crise laisse beau- coup de malheureux sur le car- reau. Les capitalistes qui ne veu- lent pas être atteints licencient les travailleurs à tour de bras lesquels se retrouvent sur le bord de la route. C'est cela la réalité. Alors que devons nous faire pour que cela change ? Après que nous ayons fait le bilan de plus d'un siècle et demi de syndicalisme, nous continuons le combat; mais nous devons aller plus loin pour arri - ver à son aboutissement. Nous disons que nous devons mener la lutte de manière ef ficace afin que nous ayons le moins de dégâts possible dans notre camp

. C'est la raison pour laquelle, nous disons que nous devrions être organisés comme une armée. Malheureusement, ce sont les travailleurs qui vont servir de chair à canon pour eux. Il faut que les tra - vailleurs aient leur propre armée. Ils doivent déterminer les propres actions qu'ils doi- vent mener et de la manière la plus appropriée. C'est de cela que nous allons débattre à notre Congrès. Nous devons être effi- caces dans l'action et ne pas par- tir au combat n'importe com- ment sur un coup d'humeur.

NET : Votre XIIIème Congrès s'est tenu en 2009, en pleine mobilisation du Lyannaj Kont Pwofitasyon. Quatre ans après, quel bilan faites-vous pour le pays et pour la santé de votre organisation ? JMN :

L'année 2009 a été mar - quée par une forte syndicalisa- tion et c'est normal. A partir du moment où les travailleurs étaient entrés en grève, la plus puissante que la Guadeloupe n'ait jamais connue, la CGTG en a pris toute sa part. Il y eut un effet positif pour le monde syndical, c'est-à-dire que les tra - vailleurs ont adhéré dans les syn- dicats pour ceux qui ne l'étaient pas encore. A la CGTG, nous avons eu plus de 20% d'adhé- sions nouvelles. Les années pas- sant, la dynamique est retom- bée. Avant le mouvement de 2009, nous étions à 3 900 adhérents; après les 44 jours de mobilisation, nous sommes passés à 5 795 adhérents; qua- tre ans après les évènements de 2009, nous totalisons 4 000 adhérents. C'est normal car, il y eut beaucoup de licenciements, parce que les luttes n'étaient pas aussi dynamiques qu'en 2009. De plus, dans la fonction publique les travailleurs qui par- tent à la retraite ne sont pasremplacés.

NET : De l'avis de beaucoup d'observateurs et voir e de mili - tants, ce mouvement a laissé un goût d'inachevé. Qu'est-ce qui l'a empêché, selon-vous, de se transformer en un puissant mouvement de transformations sociales et politiques ? JMN :

Les syndicats n'ont pas la vocation à transformer une société; c'est le rôle des partis politiques. Les travailleurs ont obtenu la grande majorité des revendications que nous avons posées. C'est-à-dire, la baisse sur les prix des marchandises, l'augmentation des salaires, l'accord des 200 euros, sans oublier la baisse du prix de l'essence. Nous rappelons que les camarades enseignants ont obtenu 17 postes, sans compter d'autres reven - dications qui ont abouti ici et là. Ce qui est sûr, c'est que nous n'étions pas sur la base de la mise en place d'un programme politique. Nous n'étions pas en mesure d'aller plus loin que ce qui a été réalisé. Aujourd'hui, la CGTG prend l'engagement de poser clairement toutes les revendications pour que nous sachions où nous allons et pourquoi nous sommes réelle - ment mobilisés. Nous avions signé un accord. Quels sont ceux qui ne l'ont pas respecté ? C'est l'Etat et les col - lectivités et le patronat. Cependant, l'accord a été signé avec tous les partis. Notre objec - tif maintenant, c'est que nous nous donnions les moyens de transformer tout ce que nous avons obtenu dans l'accord. Contrairement à d'autres pays qui étaient en mouvement avant nous, en même temps que nous ou après nous, nous avons la direction des organisations syndicales et des Partis politiques qui étaient avec nous au combat qui sont intactes. Nous avons malheureusement perdu deux militants qui sont Jacques Bino et Fiston. Mais, l'ossature des organisations est là. Pour nous, c'est ce qui est fondamental. A par - tir de cela, nous aurons comme tâche, le renforce - ment des organisations avec d'autres jeunes, pour tirer les leçons des évènements de 2009, continuer à mener le combat pour aller plus loin Pour moi, contrairement à ceux qui disent que nous nous som- mes battus pour rien, je déclare qu'il n'y a aucun combat qui soit inutile ou perdu puisque, du point de vue moral, on obtient une forme de satisfaction et, du point de vue financier, nous avons tiré une grande satisfaction même si après l'ennemi a repris le dessus. Nous ne sommes pas morts. Nous pouvons refaire surface à tout moment.

NET : Les nouvelles règles de représentativité syndicale négo- ciées par le pouvoir et les parte- naires sociaux en France sem- blent remettre en cause l'exis- tence de syndicats guadelou- péens non affiliés à une centra- le française. Quelle est la consé- quence pour la CGTG et comment comptez-vous réagir ? JMN :

Pour le moment, nous ne savons pas quelles seront les conséquences pour la CGTG. Normalement, il était prévu pour le 15 novembre que la haute autorité publie les résul - tats, mais cela a été reporté au 29 novembre. La loi du 20 août 2008, modifie ef fectivement la représentativité des syndicats. Avant cette date, c'était la loi d'avant la deuxième guerre mondiale. Il y avait cinq centra - les syndicales reconnues en France : la CGT, CGT-FO, CFDT, CFE-CGC, et la CFTC. Aujourd'hui, ça a changé. Il a été pris en compte les élections des délégués du personnel au niveau des entreprises, du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2012. L'addition des résultats des élections des 30 entreprises qui ont eu lieu au début de 2012 et celles des Chambres d'Agriculture qui ont eu lieu en France en janvier 2013, a fait que la CGTG est représenta - tive mais, ce n'est pas suffisant. C'est l'un des sept critères qui sont deman dés. Il faut aussi prouver une existence de plus de deux ans, l'exercice d'une activité réelle, prouver une indépendance financière et que l'organisation syndicale n'est dépendante d'aucune organisation politique, philosophique ou religieuse. Nous avons envoyé à l'admi - nistration les documents et les comptes de la CGTG pour que nous soyons reconnus. Volontairement, nous avons fait expertiser nos comptes par un expert comptable. La Direction du T ravail en Guadeloupe n'a aucune in for- mation sur ce qui se passe. Tout est centralisé directement à Paris. Cela nous a donné un tra - vail fou pour convaincre chaque secteur d'activité et rassembler les documents de chaque Fédération, chaque syndicat, afin d'expédier le dossier . Nous l'avons expédié et nous sommes en attente de leurs décisions. Il faut savoir que nous ne rece - vons rien de l'administration et nos comptes ne sont financés par aucun patron. Alors nous ne comprenons pas pourquoi l'Etat nous demande nos comptes pour publication. La loi stipule que c'est uniquement lorsqu'on atteint 230 000 euros qu'il y a lieu d'utiliser les services d'un Expert-comptable. Nous n'avons rien à cacher car ce sera bientôt public. A 203 000 euros, nous ne sommes pas assujettis à cette loi. Mais, nous l'avons fait volontairement pour montrer notre transparence sur les comptes de la CGTG. Nous pensons que la même demande sera adressée au MEDEF et à la CG PME puisse que bien souvent leurs comptes sont opaques.

NET : Le 5 décembre, neuf syn- dicats appellent à une jour née de grève. La plateforme de mobilisation ne comporte pas ces r evendications telles que la r econnaissance du fait syndical guadeloupéen, la négociation d'un SMIC guadeloupéen et l'exigence de la préfér ence gua - deloupéenne à l'emploi local. Avez-vous fait le choix d'un syndicalisme d'accompagnement social plutôt que d'un syndicalis- me de rupture ? JMN :

La CGTG est un syndicat révolutionnaire, nous n'avons jamais été un syndicat d'accompagnement. Si nous étions un syndicat d'accompagnement, nous n'aurions pas pris part au mouvement de 2009. Nous n'aurions pas posé des reven- dications profondes du peuple guadeloupéen. Ce n'est pas parce que cela ne figure pas que nous n'allons pas en tenir compte. Toutes ces revendica- tions font partie de ce que nous avions déjà posé. Je rappelle, à toutes fins utiles, que les grèves menées à la géo- thermie de Bouillante et à la CTM, les camarades ont posé le problème à l'embauche. Sur les embauches faites, 60% sont locales. Donc on ne peut pas insi- nuer que nous ne mettons pas la priorité à l'embauche des Guadeloupéens en avant. Il faut savoir que nous sommes avec d'autres organisations et donc nous sommes forcés de faire des compromis. Le SMIC guadelou - péen aussi figure dans nos revendications puisque la vie est beaucoup plus chère ici. Toutes les questions posées ont leur réponse dans l'accord global du 4 mars que nous avons signé. Nous ne renions rien.

MOBILISONS NOUS !

Le 5 décembre 2013, 9 organisations syndicales de Guadeloupe appellent à une journée de grève. Elles invitent T ravayè é Pèp Gwadloup à refuser :

- D'être réduits à être des vulgaires consommateurs-payeurs - De sacrifier leurs enfants pour l'enrichissement des pwofitan

A manifester pour :

- Arracher des augmentations de salaires- Le respect de l'accord Bino- La liberté syndicale

LES MEETING D'INFORMA TION SE POURSUIVENT A 19H

- Mardi 26 novembre : SAINTE-ROSE
- Jeudi 28 novembre : PONTE A PITRE
- Mardi 3 décembre : ABYMES