La Ministre Fioraso a ouvert une crise grave à l’UAG
La Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche a reçu à Paris les élus de Guadeloupe et de Martinique, ainsi que les universitaires en charge de la gouvernance de l'UAG pour tenter de sortir de ce bourbier où elle s'est précipitée à vive allure,sans lever les yeux pour mesurer la force des vents contraires,dans les territoires où se déploient cette université,qu'elle ne connaissait pas visiblement.
M adame Fioraso porte avec l'Etat français, l'entière responsabilité de la crise qui a ouvert les portes d'un démantèlement de l'Université Antilles-Guyane avec en perspective des complications qui vont perturber grandement l'année universitaire des étudiants inscrits dans les dif férentes facultés de cette université. Les ingrédients de la déflagra - tion se trouvent dans ce protocole de fin de conflit, signé le 11 novembre 2013 à Cayenne entre l'intersyndicale des enseignants et le collectif des étudiants d'une part et d'autre part l'Etat et le Recteur d'Académie représen- tant le ministère de l'ensei- gnement supérieur. Ce protocole est un déni de droits et de moral. L'UAG étant, si on peut parler ainsi, un mariage à trois, l'Etat garant du respect des droits et des principes ne pouvait à aucun moment accorder le divorce sans suivre la procédu - re qui oblige à entendre les arguments de chaque partie et de rechercher avant toute rupture unilatérale, une négociation tripartie dans le but évident de préserver les intérêts des uns et des autres. Il ne devait surtout pas choisir d'invalider la gouvernance démocratiquement élue de l'UAG, dans la plus pure tradition d'intervention colonialiste. Dans cette affaire, le pôle universitaire de Guyane n'est pas exempt de tout reproche. Quel que soit ses griefs et ses aspirations à exister pour luimême que nous comprenons, les responsables de ce pôle, au nom du bien commun et de tous les moyens partagés dans l'entité commune qu'est l'UAG se devaient de rechercher en toute fraternité et transparence, un schéma d'évolution acceptable pour tous et sur - tout permettant de garantir un enseignement supérieur de qualité et compétitif dans notre espace géographique. Au moment où s'ouvre la discussion avec la Ministre de l'Enseignement Supérieur, ce qui aurait dû se faire avant toute décision précipitée et sans vision d'ensemble, la divi - sion peut être voulue par l'Etat pour arriver à ses objectifs prémédités s'est bien installée au niveau des deux autres pôles. A dire vrai, les choses sont plus simples à la Martinique où un consensus s'est dégagé. Le pôle martiniquais de l'UAG a adopté une motion refusant clairement le calendrier d'urgence imposé par la tutelle sans consultation des instances élues de l'UAG. Il exige d'avoir le temps d'organi - ser une consultation la plus large possible de toute la communauté universitaire pour que soient clairement définies la position et la volonté de chacun quant à l'avenir de l'UAG, avant toute décision politique et/ou ministérielle. C'est, cette position que les parlementaires martiniquais vont sou - tenir devant la Ministre. En Guadeloupe les choses semblent plus compliquées. L'intervention de la Région Guadeloupe qui s'est précipitée dans cette fournaise, sans combi- naison de protection, à la recherche probablement d'un coup politique, a cristallisé les opposi - tions dans la communauté uni- versitaire de Guadeloupe et installé la division. La délibération qui a été adoptée à la plénière, convoquée en urgence le lundi 20 novembre, véritable exercice de «rétropédalage» ne dégage aucune position claire sur l'avenir souhaité de l'UAG. Dans cette atmosphère de flou, d'improvisation, le débat qui s'est enclenché au niveau du pole Guadeloupe n'a débouché sur aucun consensus. Les choix semblent inconciliables entre ceux qui revendiquent une université de plein exercice et les autres qui militent pour une fédération des deux pôles : Martinique et Guadeloupe dans une Université desAntilles. On serait curieux de savoir quel choix ont défendu les parlementaires guadeloupéens au ministère. Cette situation est d'autant plus alarmante pour l'avenir de l'université en Guadeloupe, que se livre à l'intérieur du débat sur les choix à faire, un débat tout aussi important sur l'éthique et la morale de la gouvernance sur le pôle Guadeloupe. Dans un écrit rendu publique, Philippe Verdol, Maître de conférences en Sciences Economiques sur le campus de Fouillole, faisant référence à un rapport de la cour des Comptes du 6 décembre201 2, écrit : «T ous ceux qui l'ont eu entre les mains et qui ont pris le temps d'en faire une lecture soigneuse ont compris que l'information essentielle dont il est porteur est l'existence d'un parrain à l'UAG, flanqué d'une multitude de filleuls». Il révèle là, l'existence d'une mafia au pôle Guadeloupe deL'UAG. Cette af faire, connue de tous depuis la mise à disposition du rapport à toute la communauté universitaire de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique est suf fisamment grave pour ne pas se demander, de quel poids il a pesé dans la volonté de certains de déman - teler cette université, peut- être pour la refonder Mais pour l'heure, nous som - mes dans la «cambrouille» en Guadeloupe, sans savoir quel- le direction prendre. La communauté universitaire se déchire, les élus guadeloupéens pédalent dans la chou - croute pour avoir souf flé trop vite sur la braise qui se consu- mait en G uyane.