SALUONS TOUTES LES RECHERCHES SUR NOS PLANTES ! Pour leur consommation : Soyons pédagogues !
L’information a été «balancée», purement et simplement sur les antennes d’une grande sta- tion : «Le corossol, facteur pou- vant provoquer la maladie de Parkinson». Comme un haro sur le baudet, nombreux ont été certaine- ment nos compatriotes qui ont décidé, ipso facto, que plus jamais, le moindre morceau de ce fruit ne rentrera pas dans leur bouche. Avec tout ce que la Guadeloupe connaît actuel- lement, vérifié ou supposé, eau du robinet polluée par de l’essence ou des matières fécales, terres contaminées par le chlordécone, ilest légi- time de ne pas prendre le risque de porter atteinte à sa santé. Et pourtant…
C ette information sur le Parkinson par rapport au corossol a été donnée de façon abrupte, par le chef de service de neurologie du CHU de Pointe-à- Pitre, lors d’une conférence de presse donnée à Baie-Mahault par France-Parkinson, en collaboration avec un skipper ayant tenté une grande aventure, lors de la dernière route du rhum. Il s’agissait de faire le point en Guadeloupe sur une mala- die «atypique» qui touche dans notre archipel les hommes et les femmes, vers l’âge de 60 à 70 ans. Le message, tout en précisant que, d’une manière générale, il y a une conjonction de plusieurs facteurs pour déclencher la maladie : «En Guadeloupe, la maladie est une forme résistante. La surconsom- mation de corossol, pourrait favo- riser ce terrain». Que faut-il entendre par «surconsomma- tion», surtout pour un fruit saison- nier, tendant de plus à disparaître, comme tant d’autres espèces ? Ce n’est pas la première fois que les produits de notre terroir sont mis à l’index, involontairement mais cer- tainement, alors que la consomma- tion remonte à des siècles et a contribué à nous construire, physi- quement et intellectuellement, depuis la réduction de nos ancêtres en esclavage. Dans le domaine du traitement des maladies, un savant dosage empirique a toujours été pratiqué et en matière de surcon- sommation, une mise en garde, non moins empirique, fausse connais- sance même parfois, était ensei- gnée, sous la forme : «seulement trois feuilles ou trois bourgeons», « mango fil ka bay bil», «ou cho, pa manjé sa a pwézan» etc… La science a pris le relais depuis tan- tôt et, de façon contemporaine, d’éminents chercheurs, tels que le docteur Henri Joseph, s’attachent à valoriser nos plantes et la biodiver-
sité. La Guadeloupe, en effet, doit tendre vers l’autosuffisance en matières agricoles et de consom- mation locale. C’est possible. Il convient donc de faire preuve de la plus grande pédagogie, pour ne pas encourager à la consomma- tion de tout ce qui arrive d’ailleurs et qui ne fait l’objet de diffusion d’aucune nocivité, tout au moins en Guadeloupe. Alors on se rabat sans réserve sur les «pommes France», «les poires», les «clémen- tines», les «pêches»… Le corossol est soupçonné d’être un facteur favorisant le cancer. Oui, mais les Guadeloupéens doivent aussi savoir que de sérieuses études ont été menées et publiées pour démontrer ses vertus thérapeu- tiques, pour combattre certains types de cancer, le diabète, les trou- bles digestifs, l’herpès, les rhuma- tismes, les infections urinaires, les brûlures. Cette liste est loin d’être exhaustive. Il n’est cependant pas exempt d’effets indésirables, au même titre que les médicaments pharmaceutiques qui présentent leurs prospectus avec un parapluie de mise en garde que le patient n’arrive même pas à comprendre. Mais, il ne pourra pas dire qu’il ne savait pas, et le laboratoire aura la conscience tranquille… Notre flore, notre faune, notre bio- diversité, constituent notre richesse, la seule d’ailleurs, et très fragile. Soyons pédagogues pour les valoriser. Cherchons, autant que possible, l’information et gardons nous de les dénigrer au profit de ce que nous ne produisons pas. Retenons la sagesse de nos parents : «l’abus en tout nuit !».